Châteaux Grand-Puy Ducasse, Meyney et La Tour de Mons : la verticale des dix derniers millésimes

Après le désengagement du château Rayne-Vigneau à Sauternes, CA grands crus (qui gère les propriétés viticoles détenues par le Crédit Agricole) est propriétaire de cinq châteaux bordelais et du château de Santenay en Bourgogne. La dernière décennie a vu de profonds remaniements sous l’impulsion de Thierry Budin, avec l’arrivée d’Anne Le Naour à la direction technique et avec un rajeunissement des équipes en charge des propriétés.
Nous avons réalisé une verticale sur 10 ans de leurs trois « principaux » châteaux bordelais : Grand-Puy Ducasse, Meyney et La Tour de Mons.

Château Grand-Puy Ducasse (pauillac) retrouve toute sa légitimité de cru classé

Classé 5e grand cru, le vignoble de 40 hectares est organisé en trois grandes parcelles qui jouxtent les châteaux les plus célèbres de pauillac. Le cru était dans l’ombre depuis des décennies avec un style de pauillac trop ferme. Le travail engagé a commencé à porter ses fruits depuis 2011 en redonnant au château toute sa légitimité parmi les crus classés. L’étape suivante sera de mieux isoler les apports des parcelles pour affiner encore la sélection du grand vin. Pour ce faire, il faudrait réaliser des investissements importants dans le chai, nous a expliqué Anne Le Naour. Nous ne doutons pas que cette filiale du Crédit Agricole trouve dans un futur proche un banquier sensible à ce besoin et capable de financer cette restructuration.

 

2015 16,5-17/20

Profondeur voluptueuse, le vin montre clairement dans sa précision d’expression qu’il est vinifié avec le plus grand sérieux. Les notes racées de cèdre affirment la qualité des terroirs choisis pour cet assemblage.
Apogée : 2022 – 2030

2014 17,5/20

Grande réussite confirmant les progrès du château, corsé, généreux. Tannins encore solides mais très précis dans leur extraction.
Apogée : 2021 – 2028

2013 14,5/20

Après la mise en bouteille, le vin s’est durci et a un peu séché, sur un corps plus affirmé que la moyenne. Le tannin manque d’élégance par rapport à ce qu’on attend d’un pauillac classé.
Apogée : 2021 – 2025

2012 16/20

Beau nez généreux, ensemble riche pour le millésime, assez long, infiniment plus agréable et distingué que le 2013. Et plus fin que le 2010.
Apogée : 2020 – 2027

2011 16/20

Assez mûr, dans le style des 2011, plein, les tannins continuent à gagner en finesse millésime après millésime.
Apogée : 2019 – 2026

2010 15/20

Les tannins ont progressé en finesse sans se départir néanmoins de la fermeté pauillacaise. Le vin commence juste à s’ouvrir et montre un équilibre supérieur à ce que l’on pouvait discerner pendant sa prime jeunesse. L’attendre.
Apogée : 2022 – 2025

2009 15/20

Petites notes de suie et de créosote (à odeur forte de goudron mais plus fumée. Arôme présent dans certains vins rouges âgés, NDLR) au nez, qui semblent propres au terroir du cru, puissant, charnu mais encore un peu raide dans son tannin. Dans l’idéal, l’attendre cinq ans.
Apogée : 2021 – 2027

2008 15,5/20

Épicé, très serré dans sa texture, d’une force un peu sauvage en bouche, très atramentaire (goût âpre des encres anciennes dans le vin, NDLR), mais la matière est belle et le vin vieillira longtemps. D’un classicisme pauillacais un peu révolu, frôlant l’austérité.
Apogée : 2018 – 2028

2007 14,5/20

Nez net, avec une petite touche de poivron, corps équilibré, plus de précision qu’en 2006, finale un rien rigide liée à un manque de maturité souvent rencontré en 2007.
Apogée : 2017 – 2022

2006 14/20

Puissant mais tannin sans charme, ni délicatesse, austère.
Apogée : 2016 – 2021

Château Meyney, un style de saint-estèphe très abouti

C’est certainement notre favori dans la gamme de CA grands crus. A proximité de Montrose, ce terroir parfaitement situé sur une butte de graves siliceuses domine la Gironde et repose sur une veine d’argile bleue. Non classé en 1855, il le mériterait et bien au-delà du rang de 5e cru classé. En témoigne une verticale impressionnante que nous avions effectuée : nous étions remontés jusque dans les années 1920, preuve de la qualité de ce terroir. Le travail à la vigne est de longue date remarquable et explique en partie la capacité de ce cru à restituer le style saint-estèphe à son meilleur. Tous les millésimes de ce tour d’horizon de la dernière décennie sont hautement recommandables. Seul le 2012 que nous avions connu en meilleure forme se montrait légèrement en dessous, un problème de bouteille ou de méforme passagère ? Ce qui ne doit pas jeter d’ombre sur le niveau des neuf autres vins de cette série.

 

2015 17,5-18/20

Notre échantillon prélevé sur cuve avait subi une aération importante. Mais la matière perceptible derrière cet évent (altération du vin due à une oxydation et à un excès d’acétaldéhyde qui lui donne un goût de mâché, NDLR) annonçait un des plus grands Meyneys de l’histoire. Grand volume intense, dimension vigoureuse mais mûre, belle allonge. Violette magnifique. Merveilleuse ampleur et raffinement exemplaire de texture, vraiment spécial dans cette appellation par son velouté, parfaite maturité de raisin, étonnante complexité aromatique, grande longueur, rivalise avec les meilleurs crus classés.
Apogée : 2022 – 2035

2014 17,5/20

De grand style, racé, profond, suave, épicé et charmeur. Magnifique velouté de texture, rivalise avec les plus grands.
Apogée : 2020 – 2030

2013 15,5-16/20

Puissant, serré, avec du volume dans un millésime qui en manque habituellement. L’attendre quelques années.
Apogée : 2020 – 2025

2012 15,5/20

Frais, profond mais les tannins fermes et anguleux déçoivent un peu par rapport aux promesses du vin en primeur. A déguster de nouveau dans deux ans.
Apogée : 2018 – 2025

2011 16/20

Avec la même intensité florale que l’on retrouve en 2009, autre millésime de grande maturité. Long, suave, racé et délicat.
Apogée : 2018 – 2025

2010 16,5/20

Il a gagné au vieillissement et commence à s’ouvrir, fin, racé, profond, long et très fin. Superbe équilibre, l’un des plus grands Meyney à attendre encore un peu.
Apogée : 2018 – 2030

2009 17/20

Nez profond et complexe sur les fruits noirs et rouges (myrtille, cassis) avec des notes de rose magnifiques. Suave et profond.
Apogée : 2016 – 2025

2008 16,5/20

Robe intense, texture généreuse, fidèle au style élégant du cru, tannins superlatifs, bien enrobés. De grande complexité.
Apogée : 2016 – 2025

2007 16/20

Un grand bordeaux à point, racé, plein et fin.
Apogée : 2016 – 2020

2006 16/20

Grande race aromatique, corps puissant et net, de grande profondeur, tannin complexe, splendide pureté d’expression.
Apogée : 2016 – 2025

Château La Tour de Mons, propriété historique de Margaux

Les origines de cette propriété historique remontent au XIIIe siècle. Dotée de 48 hectares d’un seul tenant sur la partie nord de Margaux, elle est gérée par CA grands crus depuis 2012. 2013 a vu un premier tournant malgré les difficultés du millésime puis 2014 et 2015 la voient sur un braquet supérieur avec un supplément de sève et un milieu de bouche bien mieux construit que par le passé.

 

2015 15-15,5/20

Très profond, harmonieux, élégant et fruité, équilibré et séveux, grand margaux de plénitude avec des notes salines.
Apogée : 2020 – 2025

2014 15,5/20

Une marche vers la qualité a été clairement franchie grâce à un milieu de bouche plus racé, profond et long. Suave, il n’a jamais été aussi bon.
Apogée : 2020 – 2025

2013 14,5/20

Etonnant dans le millésime, bien réussi, très juste extraction. Le nez est très raffiné, lilas, violette, épices et fruits rouges. Un vin équilibré et tonique.
Apogée : 2017 – 2022

2012 14,5/20

Du style, tannin plus fin que ceux des millésimes antérieurs. Frais, long, plus enrobé que le 2011, son fruité et sa souplesse lui confèrent un charme certain.
Apogée : 2016 – 2021

2011 14,5/20

On commence en 2011 à voir une inflexion vers plus de gras dans ce cru, avec un milieu de bouche qui s’affirme.
Apogée : 2016 – 2020

2010 15,5/20

Précis, plein mais serré, le millésime se referme pour l’instant. Boisé intelligent, moderne et noble à la fois. Beaux tannins. Du potentiel.
Apogée : 2018 – 2023

2009 15/20

Toujours de conception classique, ce 2009 est solide, opulent. Les tannins sont encore fermes, il ont besoin de se fondre pour retrouver leur harmonie originelle.
Apogée : 2018 – 2023

2008 14,5/20

Dans le style classique bordelais, sérieux mais racé que pouvait permettre 2008. Long et à potentiel.
Apogée : 2016 – 2022

2007 14/20

Avec les limites d’un millésime qui donne habituellement des vins souples bien que ce 2007 soit allé assez loin dans la recherche de profondeur. Presque prêt à boire.
Apogée : 2017 – 2022

2006 13/20

Serré et austère, il se fera avec le temps mais on est loin de l’éclat des plus récents millésimes.
Apogée : 2016 – 2021

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