« Les vins de France sont, à peu près, les seuls au monde que l’on puisse boire “en mangeant”. » L’auteur de ces mots est une célèbre plume (il fut, entre autres, le nègre du premier mari de Colette) devenu un grand critique gastronomique, Maurice-Edmond Sailland, dit Curnonski. Au début des années 30, celui qui fut élu Prince des Gastronomes a distingué cinq vins blancs comme étant les plus grands. Depuis, son souhait de voir réunies au long d’un même repas les étiquettes de Château Grillet (Vallée du Rhône), Château Yquem (Sauternes), Montrachet (Bourgogne), Château Chalon (Jura) et La Coulée de Serrant (Anjou) relevait du fantasme.

Plus de cinquante ans ans après sa disparition, ces cinq vins gardent une place à part. Les servir tous, en se posant la question de savoir dans quel ordre, et en accord avec quels mets, est un beau défi que relève Le Taillevent (depuis une semaine et jusqu’au 10 janvier) dans un menu en forme d’hommage à celui qui fut un hôte d’honneur de la Maison.

André Vrinat, fondateur du Taillevent, écrivit à propos de Curnonski qu’il avait appris à ses contemporains « que la véritable gastronomie se fondait sur la sincérité et le simplicité culinaires ainsi que sur l’authenticité des denrées et des boissons. » Célébration d’une époque, instantané de l’art culinaire français d’avant-guerre (service au plat et dressage particulier en vogue à l’époque), cet exercice de style exige un minimum de dix personnes à table, qui seront installées dans le salon Guimet ou Saturne de la Maison. Pour une critique plus complète de ce menu, que seuls quelques heureux du monde auront la chance de déguster, on lira cet article.

Menu « Les 5 de Curnonski », 1 200 € par personne. Sur réservation uniquement.