Saga Muscadet : Michel Brégeon, l’icône de la jeune vague

Moustache à la gauloise, queue de cheval dans le plus pur style Viking, Michel Bréjeon possède la verve ligérienne tout en nuances avec ce qu’il faut d’humour. Gloire des années 1990 et 2000, cet icône du Gorgeois a passé la main depuis quelques millésimes à Fred Lallier. Cependant en coulisse, son influence demeure au-delà du domaine qui porte son nom. C’est le mentor de toute la « gorgeoisie ».

Muscadets du troisième type : le Gorgeois

Si le Gorgeois a dominé notre dégustation des crus communaux, c’est parce que les vignerons y ont été actifs avant tous les autres depuis le milieu des années 1990. Ainsi Christophe Boucher, Michel Brégeon, Gilles Luneau, Martin Luneau et Damien Rineau qui s’entendent comme les cinq doigts de la main unissent leurs énergies et prennent les choses en main. Ils mettent en place depuis 1998 une exigence culturale en même temps qu’un élevage plus long pour donner vraiment une notion de grands crus communaux, minéraux et racés, défiant le temps et surtout la table. Dès cette époque pour pouvoir prétendre à la mention Gorgeois sur une étiquette, il faut satisfaire aux 24 mois d’élevage sur lie et au contrôle de rendement qui ne doit pas dépasser 47 hectolitres/hectare. Après le label annuel survient une épreuve plus poussée, organisée par l’Association de vignerons locaux. Celle-ci attribue lors d’une dégustation à l’aveugle le précieux césame pour seulement 1200 cols à la fois.

En 2011, un nouveau cahier des charges se fait plus précis. Les vins susceptibles de bénéficier de la dénomination Gorges sont issus exclusivement de parcelles de vignes situées au sud-est de Nantes dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres : elles ont fait l’objet d’une procédure d’identification sur une partie de la commune de Clisson, de Monnières, Mouzillon, Gétillé, Gorges et sur les communes de Maisdon sur-Sèvre, Le Pallet, Saint-Hilaire-de-Clisson, Saint-Lumine-de-Clisson, Vallet et sur le Maine et Loire Saint-Crespin-sur-Moine, Tillières, et sur la Vendée Cugand, soit environ 15 hectares. Les températures hivernales, généralement très douces sont sensiblement plus froides dans le Gorgeois.
Au niveau de la zone géologique, à l’est se situe un important massif de gabbros appelés parfois roche verte qui constitue l’ossature géologique de Gorges qui se déploie le long de la rivière Sanguèze. Pour Romain Mayet, ingénieur, responsable du projet des crus communaux : « les sols viticoles de Gorges se distinguent par une proportion d’argiles de moyenne à importante, alors que d’autres crus s’avèrent être sur des sols peu voir pas du tout argileux (Clisson, Château Thébaud, Goulaine, La Haie Fouassière).

 

On peut rencontrer en schématisant un peu 2 types d’argiles :
– Argiles issus de l’altération de la roche mère, on parle alors “d’altérite”. Localement ces argiles peuvent prendre une couleur rouge latéritique
– Argiles à quartz et graviers issus parfois de la roche mère et aussi des réseaux hydrographiques. »
Traversé par la Sèvre Nantaise les terroirs du Gorgeois comme le Bordelais se partagent entre rive gauche et rive droite. Sur cette dernière la proportion argileuse se révèle plus importante. Les sols possèdent généralement beaucoup d’altérite recouvert plus ou moins d’argiles à quartz.
Sur l’autre rive, on se rapproche de la faille qui fait frontière avec la zone des granites. On aura donc au niveau de la zone de contact un gabbro avec un zeste d’influence granitique. La roche se montre plus fraîche et moins altérée, les sols ici dépourvus d’argiles à quartz possèdent une présence plus modérée d’altérite avec un substrat un peu plus sableux.
« Pour chaque Cru est définie une aire qui précise ses “frontières”, aire au sein de laquelle sont forcément identifiées les parcelles à condition qu’elles correspondent aux exigences et critères fixés (nature du sous-sol, du sol, topographie etc etc). »
Cette aire correspond à des communes ou alors à des parties de communes (des sections cadastrales).
Ce qui guide la constitution de ces aires, ce sont des facteurs naturels, pas des facteurs administratifs.

Quand une section est inclue dans une aire elle ne peut pas l’être dans un autre Cru, on dit qu’il ne peut pas y avoir de superposition.
exemple :

– Sur Clisson, la faille Gabbro/Granit passe au niveau de la “butte des Egards” par conséquent, un petit bout de Clisson est classé en Gorges.
– Même chose à l’extrême sud de Gorges, le Haut-Fief prend place sur du pur granit, c’est classé en Clisson (c’est là où est élaboré notamment le Clisson de Christian Gauthier).

En conséquence l’Aire Gorges intègre la majeure partie de Gorges (hormis le petit bout en zone Clisson) ainsi qu’une section cadastrale de Mouzillon (le fameux Clos des Gondrères), de sections de Monnières et une section de Clisson.

La zone Clisson plus vaste, est comme une bande qui longe la faille granitique et intègre : Clisson (en grande partie) et des “morceaux” de Gorges, St Crespin/Moine, Saint-Lumine de Clisson, Maisdon, Château Thébaud.

 

À SUIVRE > Mercredi 27 janvier : Conduite du vignoble> Lundi 1er février : La dégustation et les domaines

 

À LIRE > Muscadet sous l’égide de Saint-Martin> Les crus communaux, un remède à la crise

 

©InterLoire


À lire aussi