Quatre lots, trois de secs et un liquoreux, plus de huit cent quilles : c’est la vendange de Manuel Peyrondet à Tokaj, samedi 23 avril, lors de la vente aux enchères organisée par la Confrérie de Tokaj, au coeur du vignoble. Il réalise ainsi la plus grosse vente pour la quatrième édition de ce rendez-vous des grands vins hongrois.

Le Meilleur sommelier de France 2008 a choisi des vins coups de coeur et exclusifs pour les membres de son club, Chais d’Oeuvre, pour lesquels il sélectionne depuis sa création en 2012 des bouteilles triées sur le volet et dénichées sur place.

Venu pour célébrer le Printemps de Tokaj, un évènement sur trois jours qui attire les fans du vin historique au nord-est de la Hongrie, il a été intronisé dans la Confrérie de Tokaj avant de participer à la vente, avec dix-sept autres restaurateurs, blogueurs, importateurs ou amateurs désormais ambassadeurs.

« Ma passion des vins de Tokaj remonte à mon enfance, confie-t-il. Mon père médecin est un collectionneur de grands vins moelleux. J’ai toujours été fasciné par les grands Tokaj pour leur histoire tout d’abord, mais aussi pour leur équilibre en bouche. Un grand Tokaj est comme une pâtisserie de luxe, le sucre devient un détail, chaque gorgée une gourmandise et un souvenir éternel. Dans Chais d’Oeuvre, je les classe dans la catégorie “Vins de Méditation”. Mon plus grand plaisir, c’est un grand Tokaj face à une cheminée qui crépite et une tarte Tatin de pomme à l’orange qui sort du four, avec un impromptu de Schubert… »

Le sommelier n’a jamais cessé de défendre les couleurs du vin ambré, au Cinq, au Bristol, au Grand Véfour, chez Taillevent et au encore aujourd’hui au Royal Monceau, dans le cadre des soirées qu’il organise.

Tendance grimpante des vins secs

La 4e édition de la vente mettait en jeu 27 lots de 19 producteurs, essentiellement des vins secs. 68 000 € ont été récolté en tout dont un lot de charité offert par le Cercle de Mád, association de producteurs : quatorze Tokaji Aszú au profit d’une cave croate détruite par un incendie en 2015.

Tous les lots de vins secs sont passés sous le marteau, confirmant la montée des vins sans botrytis dans cette région qui souffre de la rigueur du climat, sécheresse ou vagues de pluies destructrices en lieu et place des beaux étés indiens auxquels elle était habituée. Résultat : peu de grains aszú ces dernières années, 2013 étant la seule à en avoir fourni depuis le millésime 2008, rendant les liquoreux rarissimes.

2015 fut parfait pour les blancs secs : jamais millésime n’a offert autant de fraîcheur et de clarté pour commencer à détecter les nuances des terroirs volcaniques d’une incroyable richesse à Tokaj, où plus de quatre cents crus coexistent. En emportant trois lots différents, de Középhegy, de Szent Tamás et d’Öreg Király, trois crus du village de Mád, le jeune sommelier pourra transmettre aux passionnés de son club cette nouvelle lecture de Tokaj.

Et pour les amateurs de tarte Tatin au coin du feu, il a raflé la collection d’Aszú 2013 proposée par Disznókő, propriété d’Axa-Millésimes : 272 bouteilles des trois cépages de Tokaj vinifiés séparément, l’incontournable furmint, l’aromatique hárslevelű et le précoce zéta.