Nouvelle taxe US sur le vin, nos exportations impactées

Une simple menace du roi du tweet ? Ce serait trop beau. À compter du 18 octobre prochain, si rien ne bouge d’ici-là, le gouvernement américain taxera de + 25 % ad valorem un tas de produits délicieux qui font la joie de nos voisins outre-Atlantique. Huiles d’olive, oranges et citrons d’Espagne, pecorino, parmesan et provolone italiens, stilton et scotch whisky de Grande-Bretagne et nos bons vins français. Pas tous. Les bulles ne sont pas concernées (la Champagne respire) ni les vins en vrac, les bag-in-box ou les jéroboam (tout contenant au-delà de 2 litres), ni les vins titrant plus de 14 % d’alcool et les spiritueux. À se demander si certains groupes n’ont pas le bras plus long que d’autres.

Autant dire que c’est le cœur du marché qui sera taxé. Les côtes-de-provence en plein envol, les vins blancs, les rouges légers. Concrètement, c’est en touchant le territoire qu’ils seront taxés. Les primeurs bordelais du millésime 2017 en font partie, mais aussi le beaujolais nouveau qui risque de boire la tasse. Un coup dur pour l’ensemble du vignoble français toutes régions confondues pour qui le marché américain était ces temps-ci le plus prometteur, loin des incertitudes du Brexit et de la déconfiture des ventes en Chine. Les États-Unis étaient en 2018 en tête des pays importateurs en valeur pour la France, avec 1,7 milliard d’euros et le deuxième en volume avec 18 millions de caisses de 12 bouteilles expédiées outre-Atlantique. À la fin du mois de juin, ce super marché était même en croissance de 15 %.

Une claque d’autant plus forte que les vins italiens ne sont pas dans le wagon. Le producteur Jean Trimbach en Alsace craint pour ses pinots gris dont les pinot grigio ne feront qu’une bouchée avec un prix moindre.

Nos vignerons et négociants sont furax : ils ne sont que les victimes collatérales d’une veille histoire entre Airbus et Boeing qui date d’il y a quinze ans et dont l’issue avalisée par l’OMC a donné le champ libre à l’administration américaine.

La société iDealwine, premier acteur français de vente de vins aux enchères et l’un des leaders mondiaux des enchères de vin en ligne, se montre extrêmement inquiet. En effet, le marché américain est particulièrement adapté à l’offre de grands vins rares vendus par iDealwine. “Il s’agit d’un marché mature et connaisseur. Les Américains ont figuré parmi nos premiers clients non Français à acheter chez nous les vins du Clos Rougeard, des vins naturels, des vins du Jura… Compte tenu des contraintes existant déjà à l’importation, nous avons pénétré à petits pas ce marché, mais il s’est montré très réactif et dynamique. Nous avions prévu de nombreux investissements et des embauches en vue de développer ce marché. Cette taxe supplémentaire de 25% apposée sur les vins à destination des Etats-Unis remet grandement en cause nos projets de développement”, explique Cyrille Jomand, président d’iDealwine.

Doit-on garder l’espoir d’un revirement ? Un report de la mesure, comme c’est déjà arrivé par le passé, est-il envisageable ? Une annulation ? C’est peu probable.

Par Mathilde Hulot

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