Demaison s’amuse, nous aussi

François-Xavier Demaison marie l’amour du vin et son métier de comédien. Acteur, auteur, vigneron à ses heures, son spectacle Di(x) Vin(s) a de l’allonge et du mordant

On ne l’avait pas vu seul en scène depuis un moment. Pour ce retour chez lui, dans son Théâtre de l’Œuvre, FX Demaison a choisi de rendre hommage au vin. Dans Di(x) Vin(s), chaque bouteille constitue une étape dans un cheminement qui lui permet de raconter cinq décennies de souvenir. Il en profite pour créer une amusante galerie de portraits. Le millésime 73 est celui de sa naissance. Pour fêter son Bac, en 1991, il évoque le dîner familial au Grand Véfour où son père avait commandé un ducru-beaucaillou 1986. Le jeune boutonneux à mèche de l’époque ne s’était pas fait prier pour en consommer largement. Un premier jalon mémorable dans un parcours qui va aussi lui faire apprécier les tokajs de Hongrie ou les vins du Roussillon. Le souvenir d’un danjou-banessy lui permet de croquer un de ces rugbymen catalans expansifs et bruyants. Il incarne aussi sa logeuse américaine du temps de sa vie d’avant. Elle boit un zifandel californien tellement « Oh my god » et raconte, avec l’accent, sa vie dissolue au temps du flower power.

La salle s’esclaffe sans arrêt dans ce spectacle rythmé dont l’écriture a été peaufinée avec Mickael Quiroga pendant les confinements. Au-delà des personnages exubérants, dont son incontournable boxeur avec qui il partage un gevrey-chambertin de Geantet-Pansiot, on sent que l’approche de la cinquantaine le pousse à être plus audacieux. Et parfois un peu nostalgique. Il a élargi son registre, comme un vin qui a bien vieilli. Il n’hésite pas à être plus mordant qu’avant et à jouer avec autodérision de son physique. Il fait dire à Giuseppe Quintarelli, vigneron vénétien, qu’il ressemble à un « petit cochonnet ».

Après avoir bondi sur la musique de Flashdance, un des moments les plus drôles, il passe parfois une tête au bar du théâtre. On peut y déguster des vins sélectionnés avec l’aide de son ami Gwilherm de Cerval, et surtout son vin. Cet épicurien a franchi le pas, dans la région de sa femme Anaïs. Avec le sommelier-conseil Dominique Laporte, ils ont acheté quelques hectares dans la vallée de l’Agly pour créer le domaine Mirmanda. Ils produisent 15 000 bouteilles de côtes-du-roussillon par an, en rouge et en blanc. Comme ce sont des garçons ambitieux, ils proposent aussi trois cuvées de négoce en vin de France. Ça représente désormais 60 000 bouteilles par an. Le-cibelle, goûté après le spectacle, est une base de grenache avec de la syrah et du viogner. Ce dernier apporte souplesse et fraîcheur. Une bonne façon de conclure la soirée ou de la prolonger.

FX Demaison, Di(x) Vin(s)
Au Théâtre de l’Œuvre (Paris 9e) jusqu’en mai
Réservations au 01 44 53 88 88.
Cibelle, disponible entre 15 et 18 euros.

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