Spéculer sur le vin, mais comment ? 2/3

La succession de crises qui agitent la finance mondiale depuis l’été 2007 a incité les marchés à se tourner vers des actifs sains et concrets. Le vin a vite convaincu les gérants d’actifs. Mais les premiers véhicules de placement ont failli faire capoter ce concept de fonds vins. « Les premiers fonds lancés étaient l’œuvre de négociants ou de marchands associés à des banquiers ou des gérants de fortune. Des conflits d’intérêts sont vite apparus : les premiers se retrouvaient juge et partie » reprend Myriam Mascherin. Pour éviter cet écueil, la Financière d’Uzès s’est elle aussi imposé des règles de fonctionnement et de gestion très strictes, avec des contrôles drastiques tant des flux de transactions que des stocks, en se pliant « aux mêmes contraintes que s’il s’agissait d’un fonds actions ou obligations destiné à des investisseurs plus ou moins avertis » insiste Jean-Marie Godet. Cette première génération à toute de même eu le mérite de jeter les bases des stratégies d’investissement pour les uns et les autres.

Restait aussi à bien définir la notion de millésimes ou celle de grands crus. Les plus grands crus de Bordeaux et de Bourgogne trustent sans surprise l’essentiel des achats. Viennent ensuite quelques très belles marques de la Vallée du Rhône qui elles-mêmes ouvrent la voie aux plus beaux domaines italiens et, plus rarement, espagnols. Les vins du Nouveau monde ne sont pas absents de cette short list, mais leur poids est infinitésimal. À moins qu’ils ne soient tout simplement remplacés par des primeurs. Car ces derniers circulent plus que des grands crus et peuvent ainsi jouer le rôle de poche de liquidité pour tel ou tel fonds.

Quant aux flacons eux-mêmes, ils sont acquis auprès des circuits traditionnels de distribution de ces millésimes : le négoce et autres courtiers, les vignerons, mais aussi comme l’explique Myriam Mascherin, auprès de grands hôtels ou de restaurants prestigieux. Pas question cependant de stocker toutes ces bouteilles n’importe où. Les ports francs de Genève, gage d’anonymat et de sécurité maximum, s’imposent naturellement.

Vincent Bussière

Print Friendly, PDF & Email

À lire aussi