Paul-François Vranken, le rosé de la Gordonne prend de la hauteur

FP VRANKEN PDG VRANKEN POMMERY

Paul-François Vranken, grand opérateur champenois avec ses marques célèbres (Pommery, Demoiselle, Heidsieck-Monopole, Vranken) a pris des positions très sérieuses en Provence et en Camargue. Il s’est confié à MyBettaneDesseauve.


MyBD : Quel sens donnez-vous à cette implantation dans le sud, Provence et Camargue, par rapport à vos racines champenoises ?

PFV : Si j’y suis allé il y a neuf ans c’est parce que je pensais profondément que les vins, qu’ils soient de Camargue ou de Provence, procuraient un plaisir exceptionnel à la dégustation. Pour ce faire nous avons totalement modifié les méthodes de vinification à La Gordonne, ainsi qu’au domaine Royal de Jarras.
Nous y avons installé avec Thierry Gasco, chef de cave de Pommery, une dizaine de pressoirs champenois, ce qui a considérablement modifié la qualité du produit. En traitant le Midi comme on traite la Champagne, nous avons créé des vins de garde. Sur les 300 hectares de notre propriété provençale nous avons fait des sélections pour chaque vin. Nous avons choisi de réaliser un vin qui est un assemblage de ce que nous avons sur la propriété, une autre sélection plus grande qui s’arrête au Cirque des Grives et à La Chapelle-Gordonne.

MyBD : Vous avez donc trois étiquettes ?

PFV : Quatre. Le Château est un assemblage de l’ensemble des parcelles, ensuite nous avons Vérité du terroir, et enfin La Chapelle-Gordonne, une sélection des parcelles qui se trouvent sur le versant sud de la colline de schistes qui trône sur La Gordonne. Le dernier étage de notre pyramide qualitative se trouve au Cirque des Grives, le versant le plus exposé et exclusivement dans le chistes.
En dégustant, avec Thierry Gasco, nos vins de 2014 du Cirque des Grives, avec notre process œnologique, nous nous sommes rendus compte qu’ils n’étaient pas commercialisables compte tenu de leur structure et de leur acidité, ils ne sont pas prêts. C’est une révolution dans les rosés.

MyBD : C’est une réelle avancée, en effet.

PFV : C’est une évolution formidable. D’autant plus importante qu’elle nous permet d’exporter nos rosés tant appréciés par nos amis Nord-Américains.
Le syndicat des vins de Provence a annoncé cette évolution qualitative. Elle était essentielle étant donné que les vins ne se gardaient pas. Le rosé d’été a laissé place à un rosé qui est un vin à part entière.

MyBD : Au regard de vos critères champenois, jugez-vous que cette initiative – faire un grand rosé de garde – est couronnée de succès ?

PFV : Je pense, oui. Nous atteindrons les 500 000 bouteilles sur le marché américain, 100 00 en Australie cette année, avec en prime une ouverture sur le marché japonais. C’est assez impressionnant, car nous partions de zéro en 2012. Nous ne pouvons qu’être satisfaits. C’est un succès assez inattendu.

Propos recueillis par Nicolas de Rouyn