Outre leurs propositions de séjours dans le vignoble, de bucoliques ou sportives balades entre les rangs de vignes et de pédagogiques visites de leurs chais, les châteaux viticoles sont nombreux à accueillir des expositions artistiques durant l’été (et parfois toute l’année). La preuve par six dans cette revue non exhaustive de la saison 2016.

Château des Demoiselles
Parues dans le numéro 3 d’En Magnum, les photos ci-dessus sont l’œuvre du photographe Pascal Fauvet, dont on pourra apprécier le travail au château des Demoiselles dans le cadre de la dix-huitième édition de la manifestation Art et vin organisée par les vignerons indépendants du Var. Jusqu’au 18 septembre, ses photos seront exposées au caveau de vente de cette belle bastide provençale datant de 1830, à laquelle on accède par une longue allée de platanes centenaires et qui dispose de cinq chambres d’hôtes à découvrir ici. Le programme complet des manifestations de l’été au château est .

ChâteaudesDemoiselles


Château Sainte-Roseline

La seizième proposition estivale de ce cru classé de Provence qui entretient une relation suivie avec l’art contemporain est une exposition intitulée D’un infini à l’autre. Visible jusqu’au 16 octobre, cette installation des sculptures monumentales de Benoit Lemercier, qui propose « une vision artistique des mystères du monde qui nous entoure » en s’appuyant sur différentes théories scientifiques, est un « voyage au coeur de la matière », de l’infiniment grand (série Hypercube) et de l’infiniment petit (série Supercordes). Les œuvres de Benoit Lemercier sont présentes dans les collections du Fond national d’art contemporain et dans d’importantes collections privées en France, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et aux Etats-Unis. Le programme complet des propositions œnotouristiques du château, qui organise le 9 octobre sa première journée d’art contemporain, est à retrouver ici.

BenoîtLemercier, Supercordes
BenoîtLemercier, Supercordes



Château La Coste

Fruit des “carte blanche” données chaque année depuis 2004 par Patrick Mc Killen à des architectes, designers et artistes du monde entier « pour créer des œuvres inédites qui s’intègrent de façon magistrale dans le paysage » , le parcours « Art & Architecture » du château La Coste est un musée à ciel ouvert qui accueille sur 200 hectares près de 75 000 visiteurs par an. Jusqu’au 24 septembre, en collaboration avec Lisson Gallery et Kamel Mennour, il sera enrichi par des œuvres nouvelles et récentes de l’artiste coréen Lee Ufan, dont la dernière exposition en France date de 2014 (c’était au château de Versailles). Cette installation est conçue comme une extension de House of Air, la commande artistique faisant partie de la collection permanente du château. Au château La Coste, il y a aussi un café-restaurant, une librairie, des ateliers d’initiation à la viticulture biologique et biodynamique et des concerts et des séances de cinéma sous les étoiles, tout le programme de l’été est .

Lee Ufan, House of Air, 2014. ©The artist, courtesy of Château La Coste and Galerie Kamel Mennour. Photo : Andrew Pattman.
Lee Ufan, House of Air, 2014. ©The artist, courtesy of Château La Coste and Galerie Kamel Mennour. Photo : Andrew Pattman.



Château de Jau
Situé dans la vallée de l’Agly et au pied des Corbières, le vignoble d’un seul tenant en appellation côtes-du-roussillon du château de Jau accueille des œuvres le temps d’un été depuis la fin des années 70, Sabine Dauré ayant « souhaité donner une dimension culturelle au domaine en investissant un magnifique espace de 700 m2 », ancienne magnanerie qui a troqué l’exploitation des vers à soie pour l’exposition de grands noms de l’art contemporain (Arman, Ben, Tàpies, entre autres). Cette saison, l’endroit accueille les œuvres de l’artiste Chantal Raguet qui a choisi d’inscrire son travail sur le terrain du “décoratif”, ce « champ d’action qui n’était ni le décor, ni l’ornement, ni les arts décoratifs, mais plutôt une dimension transversale qui interrogerait leurs frontières. » Sous le titre Fauves Attractions, l’installation visible jusqu’au 25 septembre prolonge le travail que l’artiste mène avec humour depuis 2009 autour du fauvisme, un courant artistique ici remis à sa place, la région ayant beaucoup compté pour « les peintres ayant fait les grandes heures de ce mouvement. »

Chantal Raguet, PUZZLE / MOSAIC ARENAS (détail), 2008-2016. Vingt puzzles entiers, retaillés ou déchirés ; en bois, carton, feutre, scotch textile. SANDRA (tigresse), 2013-2015. Natte de coton, suédine orange, vêtements imprimés cousus, textiles mixtes.
Chantal Raguet, PUZZLE / MOSAIC ARENAS (détail), 2008-2016. Vingt puzzles entiers, retaillés ou déchirés ; en bois, carton, feutre, scotch textile. SANDRA (tigresse), 2013-2015. Natte de coton, suédine orange, vêtements imprimés cousus, textiles mixtes.



Château de Pommard
« La fabrication d’un vin est semblable à celle d’un objet d’art, elle s’enracine dans la même volonté passionnée de créer un chef-d’oeuvre dont le monde se souviendra à jamais », écrit Michael Baum, propriétaire du château de Pommard, le plus grand monopole privé de Bourgogne (20 hectares), en introduction au programme de manifestations culturelles lancé par la propriété, qui veut mettre en lumière « des artistes contemporains dont l’œuvre entre en résonance » avec son histoire et ses valeurs. Sous le commissariat de Camille Morineau, l’espace d’art en plein air et la galerie de Pommard accueillent jusqu’au 20 novembre l’exposition Terre Fertile, Terre Fébrile de l’artiste Johan Creten, sculpteur de renommée mondiale qui fut l’un des premiers, au milieu des années 80, à se consacrer à la céramique, entendue ici comme « ensemble de pratiques et de matériaux qui ont pour point commun l’utilisation de la terre et son passage au feu. » Cette technique parmi les plus anciennes qu’ait inventée l’humanité « participe aujourd’hui d’un renouveau de la sculpture. »

JohanCreten, La Cathédrale. Photo : Bénédicte Manière.
JohanCreten, La Cathédrale. Photo : Bénédicte Manière.



Château Lynch-Bages
Très férue d’art contemporain, la famille Cazes invite chaque année un artiste à exposer son travail au château Lynch-Bages depuis 1989. Au fil des ans, avec la coopération de la galerie Lelong (Paris et New York), les visiteurs ont ainsi pu découvrir dans les chais du grand cru classé de Pauillac les œuvres de Pierre Alechinsky, James Brown, Ryan Mendoza, Emilio Perez, Ernest Pignon-Ernest, Arnulf Rainer, Paul Rebeyrolle, Antoni Tàpies, Barthélémy Toguo, Jan Voss, Günther Förg, Jiri Kolàr, Gérard Titus-Carmel et Jean Le Gac, quatorze artistes qui font cette année l’objet d’une rétrospective visible jusqu’au 31 octobre. L’exposition Retrospective est ouverte au public tous les jours de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h, sur réservation au 05 56 73 19 31 ou en écrivant à [email protected].

Retrospective au château Lynch-Bages.
Retrospective au château Lynch-Bages.