Le beaujolais, c’est nouveau tous les ans

Quel jour sommes-nous ? Nous sommes le troisième jeudi du mois de novembre et aujourd’hui, j’ai beaujolais nouveau. Chouette.

En 2021, on se régalera comme avant. Peut-être même plus, les lecteurs de Bettane + Desseauve savent déjà qu’il y a de plus en plus de bons beaujolais. Certes, l’amateur égaré se fera fourguer du vin trop maquillé à coups de levures aromatisées. Nous, les astucieux du beaujolais, trouverons le chemin des bons cavistes et des bons bistrots qui sélectionnent les bons nouveaux.

Cette année, nous jouons la tendance « petits jeunes qui démarrent » et « vignerons dans le vent ». Sur les douze vins testés, aucun à écarter. Un nous a semblé exagérément fruité et un autre avait le tanin un peu accrocheur ; les autres, on sera content de les boire jeudi soir et les autres soirs aussi. D’ailleurs, beaucoup de vignerons indiquent juste « nouveau » avec un autocollant, le vin étant en fait une cuvée à part entière qui continuera à vivre sa vie par la suite. Pour les coups de mou de l’hiver, entre deux verres de champagne, ces primeurs feront parfaitement l’affaire. Quitte à être reconfiné, mieux vaut en avoir que pas.

Le nouveau du nouveau king of Beaujolais.
On ne présente plus Frédéric Berne. Il se fait une belle réputation à la vitesse de la cinquième vague épidémique en Allemagne, c’est-à-dire très vite. Il porte haut les couleurs de Lantignié, un de ces beaujolais-villages qui ont décidé de se faire un nom. Son beaujolais « gamay noir » 2021 est bio, parfaitement équilibré, entre fruité authentique et gourmandise expéditive. 10 euros

Le nouveau qui donne le sourire.
« Sourire de nouveau » nous avait déjà donné envie de le faire l’année dernière. Rebelote. Le jeune Maxime Troncy, installé depuis 2013, en conversion bio, est très à l’aise avec ses vignes. Son vin est immédiatement séduisant. Rond, gourmand, élégant, soyeux, bien enrobé. 8 euros. Au Petit Bouclard et au Vercoquin à Lyon, à la cave Chabrol et à la cave Garibaldi à Paris.

Le nouveau qui aime la nature
Le Château de Lavernette est une propriété historique de Chaintré. Le couple franco-américain Xavier et Kerrie de Boissieu la gèrent depuis une dizaine d’année. Kerry a étudié la médecine, avant de se spécialiser en œnologie et de gagner trois fois un concours de dégustation californien. Ils sont labellisés bio et Demeter. « Le Jeune » est un beaujolais-villages nouveau de style nature : simple, fruité, élancé, presque acidulé. 10 euros. On le trouve notamment aux Domaines qui Montent.

Le nouveau pas marrant.
C’est le problème de s’appeler Domaine des Marrans et d’être tenu par un gars sérieux. Le fils de Jean-Jacques, Mathieu Mélinand, fait des vins plutôt stricts. Mais il a fait un effort pour rendre son nouveau appétant. Très léger en alcool, son nez met un peu de temps à s’ouvrir, puis gagne en fruité. Beaucoup de délicatesse en bouche, un bel équilibre. 10 euros. Cavistes. La Part des Anges à Paris 18.

Le nouveau pas doué en marketing.
Avec un nom bizarre, « Perréonissime », et une contre-étiquette à la papa (« accompagnera avec bonheur charcuteries, grillades, fromages léger »), c’était pas gagné pour le Domaine de la Madone (au sud de Brouilly, pas à Fleurie). Mais les frères Bérerd sont sans doute plus doués en vinification qu’en commerce. Ce beaujolais-villages sérieux a un nez de cerise noire légèrement poivré. Sa bouche a de la tenue. Elle est salivante et donne envie d’y revenir. 9 euros.

Le nouveau des petits nouveaux.
Troisième vinification pour Aurélie et Fabien Romany, installés à Bully dans le sud du Beaujolais. Ils sont bio, ils font aussi de la vache charolaise, ils sont dans leur époque. Nez assez entêtant, presque sur la violette. Bouche gourmande, souple, facile à boire, même si l’aromatique est un tout petit peu insistante. 10 euros.

Cette année c’est l’artiste Jadikan qui signe le visuel de ce nouveau “Beau Rendez-vous” annuel.

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