Longtemps, on a arpenté les vignes au hasard d’une balade, sans deviner qu’on écrivait déjà une page d’histoire. On poussait la porte du vigneron, séduit par un rayon doré sur les coteaux ou l’odeur du raisin mûr. Il nous accueillait autour de quelques cuvées, nous entraînait parfois dans ses caves, entre les fûts de chêne ou le long des rangs de vigne. C’était avant. Une époque où l’œnotourisme n’avait pas encore de nom. Aujourd’hui, le vin s’est fait metteur en scène, la visite viticole s’est muée en expérience orchestrée, presque un spectacle vivant. On pique-nique entre les ceps sur des nappes blanches, on file à vélo ou à trottinette sur des itinéraires balisés, on s’initie aux vendanges, aux assemblages, on déguste sur un rooftop ou perché dans un arbre. Ce qui relevait de l’improvisation est désormais pensé, structuré, expliqué, de festivals en ateliers sensoriels, etc., jusqu’aux amphithéâtres de la Kedge Business School ou de l’Université de Bordeaux, où l’on enseigne désormais l’art de magnifier le terroir.
Devenu moteur économique à part entière, l’œnotourisme attire plus de 12 millions de visiteurs chaque année, dont 45 % d’étrangers (Britanniques, Belges et Américains en tête) soit une hausse de 20 % depuis 2016. Ce public génère près de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires (source Vin & Société et Deloitte). Une manne qui irrigue l’économie locale, vivifie les circuits courts, entretient la vitalité des campagnes et des périphéries urbaines.
Trois jours et 750 expériences
C’est dans ce contexte que le réseau Vignobles & Découvertes a lancé Vignobles en Scène (les 17, 18 et 19 octobre 2025) dans la veine des Journées européennes du patrimoine. Portée par la Fédération présidée par Michel Chapoutier et placée sous le haut patronage de Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, la première édition a fédéré plus de 70 destinations et rallié plus de 1 500 professionnels (vignerons, restaurateurs, hébergeurs et offices de tourisme).
« Notre force, c’est le territoire : paysages, patrimoine, vignobles et passion partagée », martèle Michel Chapoutier. Le programme proposait plus de 750 expériences : escape games dans des caves multi-centenaires, randonnées contées, dégustations en sous-sol, soirées vins et musique au coucher du soleil, etc. Véritables temps forts, des banquets insolites ont été organisés dans quarante lieux patrimoniaux d’exception : de la Grotte Chauvet 2 aux Cuisines ducales de Dijon, en passant par un château de la Loire, un ranch provençal ou les arènes landaises. Le temps d’un week-end, le vin a pris la tête d’affiche. Conteur, saltimbanque, rockstar, poète, il a enchanté près de 55 000 visiteurs venus de toute la France et de l’étranger. Vignobles en Scène s’est imposé comme le grand rendez-vous annuel de l’œnotourisme et promet de remettre ça les 16, 17 et 18 octobre 2026.

