Saga Muscadet : la dégustation et les domaines

 

Le cinq historique de Gorges (Brigitte et Christophe Boucher, Michel Brégeon, Gilles Luneau, Martin Luneau, Damien Rineau) a produit le plus de millésimes sur cette communale. Les autres domaines se lancent au fil des années dans cette belle aventure et viennent grossir les rangs de la « Gorgeoisie ». Voici à ce jour la liste des producteurs qui revendiquent la mention Gorges sur l’étiquette, auxquels il convient de joindre le négoce haute couture mis en place par Jérémy Huchet et Jérémy Mourat en collaboration avec Damien Rineau.

Le style des vins

Eu égard aux différentes dégustations nous pouvons établir un profil gustatif que l’on peut affiner sans systématiser cependant entre la rive droite et la rive gauche. Ce sont des vins de gaieté sur une expression septentrionnale franche vive et iodée avec un dégradé d’agrumes précis et un zeste de minéralité qui s’affirme en fin de bouche où l’on juge de la profondeur qui caractérise tous ces crus.

 

D’une façon générale les vins de la rive droite offrent une tension plus franche avec une expression fumée doublée d’une minéralité et des accents de zestes d’agrumes et de citron avec un retour iodé final qui a de la percussion.
Sur la rive gauche, on peut observer souvent un fruité mûr aux accents de mandarine, voire de fruits jaunes, une attaque plus ample et une texture plus affirmée avec une finale saline toujours subtile.
La dégustation s’est effectuée dans un premier temps à l’aveugle au château de Verthou puis de façon comparative sur des millésimes plus anciens.

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Rive droite


Château Elget, Gilles Luneau

Sept hectares sur un îlot de la côte de Chaintreau avec beaucoup d’argile à couleur rouge peuvent entrer dans la composition du Gorges. Suivant les millésimes on sélectionne entre 1,5 ha et 2 ha. Les vignes ont plus de 40 ans ; après des vendanges mécaniques, l’élevage varie entre 30 et 36 mois. Si le 2003 n’a pas été filtré, on procède en règle générale à une légère filtration juste avant la mise en bouteille.

2010

15,5/20

Nez de pomme soutenu par une touche minérale, attaque qui possède de l’ampleur avec des rondeurs en bouche marquant la richesse du cru d’où jaillissent des accents de cire et de zestes de citron.

 

2007

15/20

Au fil de nos dégustations, ce vin gagne en complexité. On sent les agrumes au nez, avec des touches minérales. La bouche est longue et bien tendue, avec de l’élégance et une belle fin iodée.

 

2004

14,5/20

On sent une bonne vibration iodée, avec une minéralité à la fois élégante et puissante. Ce vin est aujourd’hui à son apogée, il convient de le boire.

2003

15/20

Offre des nuances d’agrumes, de fruits secs, de miel, il se révèle plein, beurré, riche avec un beau potentiel, il s’affirme déjà pleinement sur une salade de langoustines aux agrumes. C’est un bon compromis entre la rondeur et la tension.

 

2000

15,5/20

Le nez de poivre blanc et de craie possède de la profondeur, et la bouche, à l’attaque minérale, présente une belle amplitude où se mêlent les fruits secs et l’iode. Ce vin apprécie la langouste !


Domaine Martin Luneau

Le Clos des Gondrères s’étend sur 6,5 ha. Si jusqu’en 2015, on a fait du Gorges sur 1,5 ha, le prochain millésime 2016 devrait concerner 2 ha. Au niveau cultural on continue un désherbage sur le rang de vigne au printemps, derrière on fait un entretien du sol superficiel par un léger griffage. L’élevage dure une tentaine de mois avec des bâtonnages rapprochés au début puis de plus en plus espacés au fur et à mesure que l’on se rapproche du terme.

2012

15/20

Nez menthé avec une touche fumée et un fruité mûr qui présage de la richesse soutenue par une tension très pure. On apprécie la complexité et la finale saline.

2010

15,5/20

Salin, droit et frais ce vin termine sur une note iodée bienvenue. Ce vin a du potentiel, il convient de lui laisser encore un peu de temps.

2009

15/20

Pointe de fumé avec des nuances explosives, la bouche prend du volume au fil de l’ouverture avec une belle déclinaison de fruits jaunes et une pointe de miel.

2007

14/20

On apprécie la densité de ce vin qui décline des accents iodés, avec la persistance élégante du secteur de Gorges. Ce vin est maintenant à point.

2005

15/20

Signe d’austérité au nez, qui s’estompe après un carafage d’une heure, on apprécie alors la maturité du millésime et son potentiel, avec la minéralité du Gorgeois.


Joël Luneau

Les parcelles destinées au GORGES se nomment Le Fief Mulon pour 85 ares et les Bouquinardières pour 1 ha; en fonction des années on utilise entre 50 ares et 1 ha pour élaborer ce cru communal qui possède altérite et argile à gravier. La vigne est cultivée de manière raisonnée en utilisant le plus possible des produits bios, elle est enherbée dans l’inter rang et paillée tous les 10 ans environ. La vendange est mécanique à pleine maturité. L’ élevage dure au minimun 24 mois et la clarification s’effectue donc naturellement.

2009

15/20

Robe d’un beau jaune doré, nez dominé par des nuances exotiques, la bouche confirme ce côté expressif dans son attaque, puis elle rebondit en son centre avec une tension élégante qui signe le terroir.


Gaec Blanchard

La parcelle produisant du Gorges se nomme “Le Carlet”. En moyenne 75 ares des 1,10 ha sont utilisés sur un terroir de gabbro avec altérité et argile à gravier. On est sur un type de culture conventionnel des vignes avec un enherbement dans l’inter rang, un voir deux passages de tondeuse annuels sont nécessaire pour maitriser l’herbe en fonction de la météo de l’année. Les vendanges se font mécaniquement
L’élevage dure au minimum 24 mois souvent prolongé de plusieurs mois, exemple le millésime 2010 ayant eût 40 mois d’élevage, avec plusieurs batonnages durant le premier hiver.
La clarification se fait le plus naturellement possible avec une simple et légère filtration au moment de la mise en bouteille.

2010

13/20

Nez iodé, la bouche confirme cette impression en attaque, le vin s’étire ensuite sur cette dynamique, pour terminer sur les fruits blancs. Vin plus immédiat que la plupart des 2010, il manque une petite envolée finale.


Olivier Clenet

Le GORGES provient des parcelles « des Vigneaux » qui s’étendent sur 2 hectares sur un terroir de gabbro avec altérité et argile à gravier. C’est un secteur près porteur pour les vins de qualité du Gorgeois. La culture de la vigne s’effectue de manière conventionnelle, les vendanges sont mécaniques. L’élevage se déroule sur deux années au minimum et la clarification s’effectue de manière naturelle par sédimentation avec une légère filtration avant la mise en bouteille.

2009

13,5/20

Robe jaune dorée qui précède un nez de miel et de fumé, la bouche sphérique attaque sur un gras de bon aloi, la tension s’installe sur la finale.


Domaine de La Cronulière, Gaec Barreau

Les 80 ares des Bourdonnières constituent un coteau qui domine la Sèvre, avec des vignes âgés d’une cinquantaine d’années sur altérite et argile à gravier. Les vendanges à la machine précèdent un élevage qui suivant les millésimes s’échelonne entre 30 et 36 mois car on est là sur les secteurs tardifs de Gorges. La filtration se fait naturellement.

2012

14/20

Nez assez riche de fruits jaunes avec une touche de safran, l’attaque se révèle ample et le vin se révèle moins nerveux que celui du Domaine de la Poitevinière.


Domaine Michel Brégeon, Frédéric Laillier

Militant de la vendange à la main sur tout le domaine, le principe de Michel Brégeon repris par Frédéric Lallier est d’effectuer un pressurage lent et d’élever sur lies fines ses muscadets durant quatre ou cinq ans. Les rendements compris entre 25 et 30 hl/ha sur 2013 et 2014 lui permettent de bien maîtriser la situation de ses parcelles situées sur des gabbros avec altérites.

2013

15/20

Vin encore en élevage marqué par un nez fermentaire. Attaque vive et dynamique, puis la bouche gagne en tension et sa finale fumée a de la classe. Néanmoins on observe à ce stade une fermeture qui est tout à fait normale.

2009

13/20

Ce simple Muscadet sur lies provenant du Gorgeois élevé selon les normes est un peu perdu dans cette dégustation, il lui manque l’énergie, la complexité et la profondeur.

1999

16/20

Produit selon les normes propres au début de la politique qualitative du Gorgeois, ce vin exhibe des flaveurs d’orange confite, la bouche est équilibrée entre la minéralité et les agrumes, elle peut prolonger un homard grillé.

1996

15,5/20

Nez fumé et citronné, avec des nuances d’ananas, bouche tranchante et bien ciselée, ce vin a encore une belle tenue.

1993

16/20

Mangue, ananas et minéralité dominent. On a une expression très pure, et une structure de grand cru de chablis, le vin s’épure avec l’âge et gagne en pureté.


Domaine de La Tour Gallus, Damien Rineau

 

2010

16/20

Nez de menhir qui se retrouve dans une attaque encore très compacte, la bouche possède beaucoup de profondeur et le vin est promis à un bel avenir. Grande réussite avec des accents de pollen nuancés de fumé au nez et une bouche ample et tendue. Il convient de le passer en carafe, deux heures avant le service.

2009

16/20

Bouche à la fois en rondeurs avec une tension élégante derrière, on a une vraie cohérence avec le nez. Au bout d’une heure, ce vin se déploie et rayonne. Il faut le carafer une heure avant le service.

2005

15,5/20

Tranchant harmonieusement ciselé, ce vin dégage une énergie de première saveur, il se livre au bout d’un quart d’heure, on peut alors le présenter à la langouste.

1999

15,5/20

Exotisme et minéralité sur cette cuvée de 1999 marquée par la mangue, et des accents iodés qui relancent bien la fin de bouche, ce vin gagne au fil du temps en complexité.

1997

14/20

On a la rondeur et des touches exotiques du millésime avec derrière le tranchant propre au terroir de gabbro. Il ne faut plus l’attendre, il faut le boire dans les deux ans.


Les Bêtes Curieuses

Les Bêtes Curieuses sont nées de la volonté de Jérémy Huchet et Jérémy Mourat de mettre en perspective les nuances des communales du muscadet sur Goulaine, Monnière, Clisson, Gorges et Château Thébaud. Pour le Gorges ce duo établit un partenariat avec Damien Rineau chez lequel ils récoltent et élèvent entre 2 600 et 3 000 bouteilles. Ils contribuent ainsi à la distribution et au rayonnement du Gorgeois.

2009

16/20

Ce vin offre un nez de pain d’épices avec une pointe minérale, bouche à la fois riche et tendue, l’intensité du plaisir monte progressivement.


Domaine de la Poitevinière, Marie Christine et Vincent Rineau

 

2012

16/20

Nez très net de coquille d’huître, la bouche possède déjà beaucoup de charme avec un coté riche et traçant qui offre de la percussion. On est là sur l’un des vins du millésime.


Rive gauche


Domaine de La Ganolière, Brigitte et Christophe Boucher

L’hectare du Champ du Cep et Les Ganolières sont les deux parcelles qui entrent dans cette cuvée de Gorges. Les vignes ont en moyenne 45 ans et après des vendanges à la machine l’élevage sur lies varie entre 36 et 48 mois.

2012

15/20

Vin déjà bien en formes et très bien ciselé, l’allonge est nette et la finale sur la mandarine a de la classe. On se régale déjà.

2009

16/20

Ce vin conjugue des accents miellés avec une trame minérale de plus en plus affirmée. Belle complexité.

2005

14,5/20

Ce vin a pris du volume et sa densité en bouche fait merveille, on a un tranchant du meilleur effet et une persistance mais sans la complexité du 2009.

2004

14/20

Nez de cire d’abeille, que l’on retrouve en début de bouche avant que la minéralité s’installe, il est à son sommet.


Domaine Gunther-Chereau, Château La Gravelle

Avec ses vignes de 45 ans, « le Grand Morceau du Château » possède une superficie de 2,5 ha qui permet de produire l’une des meilleures cuvées de Gorges. Avant la mise en bouteille, on procède à une double clarification. Les vendanges s’effectuent à la machine.

2012

16/20

Bouche expressive sur la coquille d’huître avec une salinité subtile et un retour minéral du plus bel effet. Vin déjà bien en forme qui possède toute la percussion voulue pour ce type de cru.

2010

16/20

Salin, tranchant et délicat, ce vin offre des accents d’orange confite en attaque puis se poursuit sur une fin de bouche énergique. C’est l’un des vins du millésime.

2009

15,5/20

Onctuosité et tension avec une persistance minérale, ce vin est complet et il se comporte de la plus belle des façons sur un compressé de homard et de tête de veau.

2007

14/20

Salin, tranchant et délicat, ce vin offre des accents d’orange confite en attaque puis arrive une fin de bouche énergique. Il est à boire dans les deux ans.


François Bonhomme

Ce petit négoce traditionnel possède également des vignes sur Gorges où il produit des cuvées dans le grand classicisme du secteur.

2005

14,5/20

Nez très fumé, pierreux, safran, fruits exotiques, Belle attaque de fruits puis la tension se met en place, grande longueur, fin fumée.


Domaine Vincent Caillé

Le terroir se situe sur le gabbro de Monnières, avec des vignes qui ont plus de 55 ans ; ici on travaille le sol selon le mode de l’agriculture biologique, la taille à huit yeux est courte. Les vendanges s’effectuent à la main et l’élevage en cuve souterraine dure 29 mois. La production compte 3647 bouteilles sur le millésime 2012.

2012

16/20

On joue ici sur le registre de la finesse avec un profil tout en longueur, et une finale iodée montante nuancée d’agrumes et de poivre blanc.


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