Pendant que Michel Bettane bat la campagne sur la rive gauche, Thierry Desseauve passe la rive droite au peigne fin. On sent pointer une touche de déception…
« Après 2009 et 2010, ça fait tout drôle. Aucun doute, 2011 est un cran en dessous. Il y a une dimension, un volume qu’on ne retrouve pas cette année. Et c’est systématique. Ce qui classe le millésime 2011 dans une catégorie différente. À Saint-Émilion, d’habitude, les arômes de fruits rouges et noirs sont très démonstratifs. Cette année, ils sont très discrets voire absents. Dans les grands vins, c’est plus floral. Ou plus chocolaté quand on approche de Pomerol. Pour les autres, les vins apparaissent plus austères avec un manque total de fruit. Autres défauts, des creux en milieu de bouche qui semblent interminables et des tanins qu’on n’avait pas vu d’une telle sécheresse depuis 2006.
Pour le bon côté, le millésime 2011 est un juge de paix. Je n’ai jamais vu autant de différences entre les vins. Quand on déshabille les bouteilles après la dégustation à l’aveugle, on n’a pas beaucoup de surprises. On connaît ceux qui se donnent les moyens de bien travailler et ce n’est pas, ou pas seulement, une question d’argent (cf. Catherine Papon-Nouvel). Et il y a les autres.
C’est un millésime avec des déficits assez marqués. Il ne faut pas en attendre de l’exubérance, de la plénitude. Certains ont du charme, mais dans un registre qui ne sera jamais celui des deux millésimes précédents. Hélas pour l’amateur, beaucoup de vins sont oubliables. Heureusement pour lui, il y a de réelles réussites.
Parme les grands, Pavie, Valandraud, Larcis-Ducasse, Angélus, Beauséjour-Bécot ont fait de beaux vins. Je n’ai pas encore tout goûté et, particulièrement, pas les premiers. Parmi les noms moins connus, je retiens le Clos Saint-Julien, vraie réussite. Pressac, qui est le meilleur Pressac de l’histoire. Faugères est très bon et Bergat aussi. La-Clotte est délicieux. À Fronsac, Haut-Carles est formidable.
La suite… »