La chimère de Manfred Krankl débarque à Châteauneuf du Pape


Un peu de culture. La chimère dans la mythologie grecque est cette sorte de bête hybride avec le corps et la tête d’une lionne, une queue qui se termine par un serpent et une tête de chèvre dépassant de sa colonne vertébrale. Et là, vous vous demandez ou je veux vous emmener.
« Chimère », c’est depuis le millésime 2010, ce nouveau « super » châteauneuf-du-pape produit par un trio de choc : Manfred Krankl, Philippe Cambie et les frères Maurel du Clos Saint-Jean, propriété abonnée aux 100/100 Parker.

Manfred Krankl, vigneron mythique du sud de la Californie, était déjà bien connu pour ces cuvées aux noms inédits : Against the Wall, The Hussy, The Monkey, The Naked Thruth. Logées dans des bouteilles toutes différentes et parées d’étiquettes virevoltantes de couleurs, mais reflétant surtout l’expression des terroirs de Bien Nacido, Cumulus et Alban Vineyard, qui, contrairement à ce que l’on peut imaginer, s’avèrent des terroirs sans températures excessives, propices à des justes maturités et produisant des flacons qui tiennent dans le temps.

Manfred est en permanente remise en question et a fait récemment évoluer son style de vinification pour aller sur des extractions plus douces et des boisés s’harmonisant parfaitement avec les matières initiales.

L’amour de Manfred Krankl pour Châteauneuf-du-Pape est étroitement lié à son amitié nouée avec Philippe Cambie. Je cite : « Je l’ai aimé dès la première minute où je l’ai rencontré. Mais je ne me souviens plus quand et où. Je sais qu’il aime ce que nous faisons, donc il y a eu une relation instantanée ». S’en suivent des visites chez les grands de Châteauneuf (Bonneau, Rayas…) et Manfred a toujours gardé en tête ce terroir unique.

Mais voilà le mourvèdre (n’en déplaise aux puristes), dans une très grande proportion, placé sur le bas de la Crau de Saint Jean, tout près du Vieux Télégraphe, complété par le grenache et quelques cépages blancs pour l’aromatique. Longuement élevés dans des cochons (fûts de 300 litres) et tout juste mis en bouteilles, c’est un vin à la personnalité « Sine Qua Nonienne » marqué d’une teinte violacée profonde, très vite rejoint par une aromatique très fine de prune noire, de cacao poudré, de macis reposant sur une texture généreusement constituée, épaulée de tanins onctueux avec une persistance tout droit sortie de ce terroir d’exception. À peine 400 magnums, habillés par Krankl, verront le jour sous les meilleurs hospices.

Antoine Petrus

À lire aussi