L’un des sports préférés des Français est la chasse à l’excellence. Pas pour la débusquer, l’intégrer, la fêter, mais pour s’en débarrasser au plus vite. Sans chercher mille exemples faciles dans la société civile, la politique, les médias, concentrons-nous sur ce qui nous occupe. Le vin.
Virer les bons est une occupation qu’on croirait à plein temps pour les dirigeants des AOC. Il y a longtemps, on expliquait à Éloi Dürrbach (Trévallon) qu’il fallait qu’il change son encépagement pour continuer à bénéficier de l’appellation. Il a refusé et produit, depuis, l’un des vins de table les meilleurs et les plus chers. Si je mentionne cette notion d’argent, c’est pour montrer que le fait d’arborer une AOC n’est (plus ?) une garantie de revenu. D’autres hérétiques ont été poursuivis sans relâche. Une fois, c’est Marcel Richaud, le meilleur producteur de Cairanne, viré pour « manque de typicité ». Une autre fois, c’est le Domaine de Souch à Jurançon. On connaît l’exemple de Michel Rolland, viré pour avoir étendu sur ses vignes des bâches contre la pluie. L’an dernier, Guillaume Tari à Bandol était cloué au pilori. Manque de typicité, lui aussi. Ces jours-ci, c’est Jérôme Bressy, vigneron au Domaine Gourt de Mautens, qu’on prive de son appellation. Lui, il est simplement le meilleur de Rasteau.
Les exemples abondent. Qu’on perce le plafond trop bas pour s’élever vers les étoiles et la meute des jaloux vous excommunie. On le voit, ce ne sont jamais les mauvais d’une appellation…
L’exemple type qui me vient immédiatement à l’esprit c’est celui du somptueux châteaux Rayas.
Qui peut affirmer que ce vin exceptionnel est typique de l’appellation “Châteauneuf du pape” ?
La plupart des petits veinards qui ont eu la chance de déguster ce nectar, pourront sûrement confirmer que même s’il n’est composé que du cépage grenache, largement majoritaire dans l’AOC, il ne ressemble à aucun autre Châteauneuf.
Et pour abonder dans le sens de votre article, je pense que s’il n’a pas été considéré comme atypique c’est qu’il fait l’unanimité des connaisseurs depuis tellement longtemps qu’il y a prescription.
Mais j’imagine que cela a dû souvent démanger les dirigeants de l’AOC qui ont probablement reculer devant le futur tollé qu’ils auraient provoqué.
Yes, you mention both Marcel Richaud and Jerome Bressy, two “neighbours” down here in Sablet. They are lucky that a “demotion” is not catastrophic for them, as they already have good reputations. It is a hassle in terms of sales, but it is not a disaster.
But what of the wave of young blood in the area, passionate people who would love to play with other varieties and techniques? Either they do it discreetly, and risk financial ruin, or they deprive themselves of the chance of doing something exceptional. There is something fundamentally psychological about this whole issue, although I cannot put my finger on it. Why does the French system force creative people to magouille? And why are so many people here scared of success?