L’un des sujets les plus creux qui se puisse trouver dans ce monde qui nous passionne, c’est le prix du vin. Depuis qu’il a rompu d’avec le pain, qu’il n’est plus un aliment, mais un plaisir, son prix a connu une envolée certaine. Bien sûr, sa qualité aussi. On boit beaucoup moins, du coup, et on boit mieux. Tout le monde le sait et pourtant quelle agitation, que de débats, d’invectives.
Portés par l’enthousiasme de ceux qui, peu à peu, découvrent les subtilités du divin breuvage, les prix des plus célèbres étiquettes ont atteint rapidement des altitudes stratosphériques qui les ont définitivement coupés du monde des vivants que nous sommes. Devenues peu ou prou objets de luxe, parfois de spéculations, signes extérieurs de richesse, symboles statutaires, ces grandes cuvées ne touchent plus terre. Nous, oui.
Pour vous comme pour moi, le drame est très relatif. La qualité générale des vins a fait d’immenses progrès. La différence de qualité entre un lafite et ses suivants s’est amenuisée assez nettement. Seul son prix creuse un écart significatif. Aujourd’hui, ces vins extrêmes ont été remplacés dans les cœurs et dans les caves des amateurs par d’autres, un deuxième rideau d’excellence qui constitue une sorte de relève. S’il nous arrive de goûter ici ou là un pétrus ou un haut-brion, on pousse des petits cris de joie, on ferme les yeux et voilà tout. On ne boit pas de pétrus à tous les repas ? La belle affaire. Ça n’empêche personne de dormir ni de soigner sa cave avec…lire la suite