Les Français ont une équation difficile au Brésil. Peut être même plus difficile que celle d’emporter le Mondial dans un pays où le football, la bière et la cachaça font partie du quotidien de la grande majorité de la population. Pendant longtemps, les vins de l’Hexagone on été la référence suprême pour ce géant sud-américain. Mais si cette image prestigieuse reste intouchable encore aujourd’hui, elle ne se traduit pas forcement par une augmentation significative en parts de marché.
Depuis la fin des années 90, les « néo-buveurs » brésiliens de vin se sont tournés de plus en plus vers le Chili et l’Argentine, en cantonnant les vins français à une logique presque manichéiste. « Soit le vin français est vu comme pas cher et pas bon, soit il est bon, mais trop cher », explique Arthur Azevedo, journaliste et spécialiste en vin.
En moyenne, une bouteille de bordeaux ou de bourgogne est commercialisée au Brésil 5 à 7 fois plus cher que son prix d’origine. Ce surcoût est notamment dû à une accumulation de taxes, dont l’impôt d’importation de 27%, mais aussi aux prix de départ des vins français, plus élevé que leurs concurrents latino-américains ou même européens.
Selon le ministère brésilien du Développement, de l’Industrie et du Commerce Extérieur (MDIC), le prix moyen du vin français tranquille importé au Brésil en 2013 était de 7,47 dollars, c’est à dire presque trois fois plus que le prix des vins portugais (2,52 dollars), et à peu près le double du prix moyen des vins chiliens (3,20 dollars), argentins (3,91 dollars) et même italiens (3,75 dollars). Si l’on ajoute à cette équation la conversion en monnaie locale, le coût pour les consommateurs peut devenir vraiment important.
« Les meilleurs vins du monde sont français, mais aussi les pires. Un bourgogne d’entrée de gamme au Brésil est normalement mauvais. Du coup, les vins français de qualité sont plutôt destinés à un public de connaisseurs de vin à fort pouvoir d’achat », explique Marcelo Copello, l’un des plus réputés critiques de vin au Brésil, directeur du groupe Baco et commissaire de Rio Wine Food Festival.
D’un autre côté, les vins chiliens et argentins entrent dans le marché brésilien libres d’impôts, grâce au Mercosur, l’accord de libre échange entre les pays du cône sud. « Ces vins ont, au moins, trois atouts : ils sont moins chers, plus faciles à comprendre et plus adaptés aux goûts des consommateurs, avec des tanins souples, une acidité basse et un degré d’alcool plus élevé », affirme M. Coppello.
Suite de l’artile : le Brésil, un marché attractif
Ana Carolina Dani