Les dix grands de demain du Jura et de Savoie

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Les experts Bettane+Desseauve ont sélectionné dans chaque vignoble de France les producteurs
qui leur paraissent avoir le potentiel de s’affirmer au plus haut niveau de leur appellation.


Huitième étape de ce Tour de France de l’avenir, le Jura et la Savoie

Dominique Belluard
Dominique Belluard Ayze • Chantre du cépage oublié, le gringet, une variété endémique dont il ne reste que 20 hectares dans le monde...

Dominique Belluard

Chantre du cépage oublié, le gringet, une variété endémique dont il ne reste que 20 hectares dans le monde (et qui n’est pas un traminer), Dominique Belluard s’est fait une spécialité des vinifications en blanc depuis son arrivée sur le domaine en 1988, sis dans la vallée de l’Arve à Ayse (à 30 km au sud-est de Genève). Discret, il cultive 10 hectares, convertis à la biodynamie depuis 2001, sur trois terroirs de terrasses, abrités des vents du Nord : des marnes jaunes, des argiles rouges au lieu-dit Le Feu (et qui donne la cuvée éponyme), et des éboulis calcaires. Le vignoble n’est qu’en partie mécanisable, aussi Dominique Belluard ne chôme-t-il pas pour mener à bien son gringet, son altesse (5 %) et sa mondeuse (5 %), plantés à une densité de 10 000 pieds à l’hectare, entre 425 et 550 mètres d’altitude. Un domaine unique, aux vins étonnants, à voir de très près.
Domaine du Cellier des Cray
Domaine du Cellier des Cray Chignin • Adrien Berlioz, cousin de Gilles Berlioz, s’est installé en 2006 avec 5 hectares sur les coteaux de Chignin ...

Domaine du Cellier des Cray

Adrien Berlioz, cousin de Gilles Berlioz, s’est installé en 2006 avec 5 hectares sur les coteaux de Chignin et dernièrement un pied sur Arbin. Intègre et pointilleux, Adrien Berlioz va jusqu’au bout de sa démarche bio, n’hésitant pas à abandonner une bonne parcelle lorsque le voisin d’à côté empiète largement avec ses traitements... Cette année, il se lance dans le rare, en replantant de la douce noire, du velteliner, du pinot gris. « Le jour où ce sera facile, on fera moins bon » dit-il. C’est donc avec le doute et la peur que ce garçon-là avance, plutôt avec succès.
Domaine Labet
Domaine Labet Rotalier • Depuis janvier 2013, les Labet parents et enfants ne forment plus qu’un seul domaine...

Domaine Labet

Depuis janvier 2013, les Labet parents et enfants ne forment plus qu’un seul domaine, conduit par la fratrie formée de Julien, Romain et Charline. Parti de neuf hectares en 1974 et largement orienté blancs, le vignoble paternel originel n’a quasiment pas bougé en surface mais s’est peu à peu tourné vers une culture employant moins de produits de synthèse. Cela sous l’impulsion de Julien, totalement partisan de la cause bio et installé sur ses propres vignes en 2003. Les deux entités réunies représentent 13 hectares, dont plus de la moitié plantée en chardonnay, avec une belle proportion de crémants (30 %). L’ensemble est en train d’être totalement converti en culture biologique et quelques cuvées sont déclinées sans soufre.
Domaine Louis Magnin
Domaine Louis Magnin Arbin • Le domaine Magnin est un incontournable, réputé pour ses blancs et ses rouges...

Domaine Louis Magnin

Le domaine Magnin est un incontournable, réputé pour ses blancs et ses rouges. La précision, la pureté de style et surtout la grande régularité affichée année après année forcent le respect. Partis de 4 hectares en 1978, Béatrice et Louis Magnin ont mené leur barque avec brio, portant la mondeuse et le bergeron, leurs fers de lance, à leur plus haute expression. Depuis 2012, les 8,5 hectares de vignoble - déjà conduits en biodynamie depuis 2010 - sont certifiés Ecocert. Seule ombre au tableau : les Magnin ne semblent pas encore désireux de passer la main, ils se préparent à réduire peu à peu la voilure, arrachant le gamay et la jacquère et réduisant le nombre de cuvées.
Domaine Jean Masson et Fils
Domaine Jean Masson et Fils Apremont • Au pied du mont Granier, Jean-Claude Masson manie la jacquère comme personne...

Jean Masson et Fils

Au pied du mont Granier, Jean-Claude Masson manie la jacquère comme personne. Autant dire que ça décoiffe, car le maître de séant est plutôt du genre talentueux et partageur, n’hésitant pas à illustrer sa réussite à coups de bouchon. Les 9 hectares sont cultivés en « viticulture Masson », la plus respectueuse possible des sols, sans certification. Chaque coteau est vinifié à part, ce qui donne dix cuvées d’Apremont aussi pures et fraîches les unes que les autres, et une roussette. Ici on fait « du vin avec des raisins », sans tralala ni fûts, du mieux possible. De l’autre côté de l’Atlantique, on boit du J.C. Masson (prononcez « jessie maïssonne »). Remettez vos palais à zéro car ces jacquères-là vont vous étonner, surtout sur les splendides 2012.
Domaine Pignier
Domaine Pignier Montaigu • Jean-Étienne Pignier est un homme pressé, empressé plutôt d’expliquer sa vision du vin...

Domaine Pignier

Jean-Étienne Pignier est un homme pressé, empressé plutôt d’expliquer sa vision du vin, les terroirs, la conversion du vignoble en biodynamie en 2002. Parti de 5 hectares en 1984 avec son frère Antoine et sa sœur Marie-Florence, le voilà arrivé à 15 aujourd’hui et calé sur cette surface pour mieux s’en occuper. Uniques vignerons à Montaigu, un village fortifié au-dessus de Lons-le-Saunier qui autrefois protégeait ses salines, ils se sont installés dans une ancienne dépendance de la Grande Chartreuse dont ne subsistent que les immenses caves voûtées en croisée d’ogives. Les vignes sont situées dans deux vallées reculées : le Val de Vallière (calcaires du Bajossien et marnes argileuses pour le chardonnay, marnes feuilletées pour le savagnin) et le Val de Sorne (marnes du Trias avec les trousseaux).
Domaine de La Pinte
Domaine de La Pinte Arbois • Créé en 1953 par Roger Martin, natif d’Arbois et entrepreneur amoureux du savagnin...

Domaine de La Pinte

Créé en 1953 par Roger Martin, natif d’Arbois et entrepreneur amoureux du savagnin, ce domaine de 34 hectares installé quasi d’un seul tenant au lieu-dit La Pinte, sur les terroirs de marnes bleues d’Arbois et de Pupillin, est aujourd’hui dirigé par son fils, Pierre Martin, qui en a confié la gestion depuis 2009 à Bruno Ciofi. Cet habile vinificateur passé par l’Alsace, sa mère patrie, a dès son arrivée accéléré le mouvement en convertissant le vignoble en biodynamie (après dix années déjà de certification en agriculture biologique). Orienté aux deux tiers sur les blancs, le domaine propose toute la gamme des vins du Jura, crémant et macvin compris. L’ensemble est de jolie réalisation, des progrès tangibles ont été réalisés ces dix dernières années, avec des matières fines et ciselées, dont nous saluons plus particulièrement l’élégance sur les cuvées de chardonnay.
Domaine Jean-Pierre et Jean-François Quénard
Domaine Jean-Pierre et Jean-François Quénard Chignin • Jean-François Quénard a pris la suite de son père en 1987...

Domaine Jean-Pierre et Jean-François Quénard

Jean-François Quénard a pris la suite de son père en 1987, après un diplôme d’œnologue à Dijon. Les cinq hectares d’origine ont été élargis par fermage pour arriver à 17 hectares aujourd’hui. Avec son épouse Catherine, il gère le domaine en bon père de famille, en agriculture raisonnée. Mais chemin faisant, il réalise quelques essais en bio sur cinq hectares de jacquère, pratique les labours et les griffages, l’enherbement... Un nouveau caveau tout en bois, avec une magnifique terrasse, vient d’être achevé, un œuf béton est arrivé pour la mondeuse, et trois hectares de vignes sur Saint-Jean-de-la-Porte complètent le vignoble. Le bergeron et l’altesse, qu’affectionne particulièrement Jean-François Quénard, ont aussi le vent en poupe et le persan a fait son apparition dans une nouvelle cuvée cette année. Ces petits changements vont dans le bon sens, le domaine tient largement son rang.
Domaine de la Tournelle
Domaine de la Tournelle Arbois • Pascal et Évelyne Clairet cultivent comme un jardin, et en biodynamie, leurs 7,8 hectares ...

Domaine de la Tournelle

Pascal et Évelyne Clairet cultivent comme un jardin, et en biodynamie, leurs 7,8 hectares sur l’appellation Arbois exclusivement. Jurassien passé par la faculté d’œnologie de Dijon, Pascal - qui n’a jamais été inspecteur de l’INAO, qu’on se le dise ! - a créé le domaine avec son épouse en 1991. Il leur a fallu dix ans pour redresser la tête puis une décennie encore pour asseoir la réputation du domaine. C’est aujourd’hui chose faite, car les vins de la Tournelle sont désormais prisés des grandes tables et surtout des amateurs de finesse. Si vous en trouvez, n’hésitez pas.
Les Fils de Charles Trosset
Les Fils de Charles Trosset Arbin • En 2013, les fils de Charles Trosset ont fait sécession...

Les Fils de Charles Trosset

En 2013, les fils de Charles Trosset ont fait sécession. Louis poursuit seul l’aventure à Arbin, royaume de la mondeuse, réduisant la voilure à 2,5 hectares, son frère Joseph ayant lui aussi pris le large. Les vignes taillées en gobelet ont jusqu’à cinquante ans, réparties sur différents terroirs entre caillasse, marnes blanches très dures du Kimméridgien et des terres rouges ferriques plus profondes. Ce domaine fait partie des belles pépites du vignoble, avec des vins taillés pour la garde. Son seul point faible serait les petits volumes produits !
suivre

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