Nous sommes Charlie

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Le vin est peu de choses. Il est juste un symbole de civilisation. Pas uniquement de la civilisation chrétienne, celle aussi de l’islam d’Omar Khayyam, celle surtout d’un véritable art de vivre universel et intemporel. Le vin a accompagné le Siècle des Lumières, a escorté les banquets républicains où naquit notre démocratie et a même abreuvé les libations joyeuses et furieusement insolentes du Charlie première époque, celui du Professeur Choron, de Cavanna et, déjà, de Wolinski.
C’est cette civilisation que les massacreurs ignobles et misérables de Charlie Hebdo ont cru détruire, alors qu’ils ont au final transformé douze hommes civilisés en héros éternels. Je lève mon verre à toi, Cabu, qui a accompagné ma vie depuis ce lycée qui ressemblait tant à celui du Grand Duduche, toi dont retrouver chaque semaine un de tes dessins où tu pourfendais si savoureusement l’Immense Connerie humaine était un délice de gourmet. Je lève mon verre à toi, Wolinski, en me souvenant de ces après-midis passés à « lire sur un canapé en mangeant du chocolat Charlie, magazine d’humour et de bandes dessinées », comme tu m’y enjoignais au début de chacun de tes éditos de ce formidable canard, et en confessant que j’accompagnais souvent le chocolat d’un verre de vin… Je lève mon verre à vous tous, héros disparus aujourd’hui, et je vous dis que nous ne vous oublierons jamais. Je mêle mes larmes au champagne en vous portant un toast, mais je sais désormais que notre civilisation sortira plus forte et plus belle de cette épreuve.

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9 Commentaires

  1. A travers ce propos que je partage, Mr Desseauve exprime l’importance de la connaissance. Aujourd’hui notre France ne souffre t-elle pas de ce manque, n’est-elle pas devenue fragile, faible d’un point de vue culturel…..!

  2. Mr Desseauve,

    j’ai admiré votre hommage immédiat, comme j’admire vos commentaires sur les vins, et votre façon d’écrire. Je suis de l’avis de René Bosser, la France, les Français souffrent parfois d’un déficit culturel. A trop vouloir du “sophistiqué”, du “prêt à consommer” accessible à tous, d’un point de vue culturel autant que financier, sinon plus, ne passe-t-on pas à côté de l’essentiel: la simplicité, les choses vraies? Un vrai aliment, un bon vin, un simple moment de convivialité?

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