Andes, main d’œuvre abondante et agriculture biologique

Michel Bettane au Chili, notre saga de l’été


L’été a commencé chaud, nos vins auront peut-être cette année
un profil d’hémisphère sud. Autant commencer à s’y habituer en révisant nos connaissances
sur les vins chiliens, modèles du continent sud-américain.

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Viticulture

La main d’œuvre abondante et pas encore trop couteuse permet de travailler les sols et surtout de veiller à une irrigation raisonnée, car l’eau naturellement manque. En revanche le savoir-faire de cette main d’œuvre est perfectible notamment en matière de taille et de palissage. Les vendanges se font encore souvent à la main en petites cagettes avec un tri manuel bien plus exigeant que chez nous, en raison d’une longue tradition de production de raisins de table qui exigent une calibration manuelle exemplaire ! On assiste à un développement rapide de l’agriculture biologique et biodynamique, ce qui est réjouissant pour l’environnement, dans l’ensemble déjà assez bien préservé ! Les principales maladies sont l’oïdium, les maladies du bois, les dégénérescences virales et les piqûres d’un mystérieux insecte noir sur les racines. En revanche le phylloxera n’a jamais aimé les sols sableux et les teneurs en cuivre et en minéraux du sol, ce qui a préservé un peu partout des plants non greffés, dont certains devraient être protégés par l’état Chilien ou la communauté internationale, car ils sont les exemplaires les plus génétiquement purs au monde de grands cépages comme le cabernet sauvignon ou le cabernet franc. Beaucoup de nouvelles plantations en revanche se font en plants greffés avec tous les problèmes d’adaptation au sol et au cépage qu’on peut imaginer mais qui rendront les viticulteurs plus expérimentés ! Le pays manque cruellement de pépinières de haut niveau professionnel car la pratique de planter directement fait qu’on a tendance à se servir sur place, sans chercher à améliorer le matériel végétal.

Sols

La matrice des sols est bien entendu celle des Andes, un granit plus ou moins complexifié par l’activité volcanique et donc le métamorphisme des roches. L’érosion délite le granit en sables, mais fait aussi descendre les cailloux de la montagne. La présence ancienne dans la vallée de glaciers a également laissé après leur fonte en de multiples endroits de gros cailloux roulés et des dépôts morainiques, tandis que certains fleuves, comme le Maipo, constituaient des terrasses un peu comme dans la vallée du Lot à Cahors, les meilleures étant les plus hautes. Les formations marno-calcaires sont rarissimes. Les meilleures propriétés commencent seulement dans le détail à comprendre les multiples mini différences qui distinguent, comme dans tous les grands vignobles du monde, des parcelles en apparence très ressemblantes, en particulier le taux d’argile et les différents niveaux d’oxydation de sols riches en fer ou en aluminium.

crédits photo d’ouverture : Paulina Sanchez

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