Le mildiou est toujours présent, l’oïdium continue de s’étendre du fait de l’évolution du climat et l’explosion du black-rot (pourriture noire) dans certains vignobles constitue un nouvel enjeu pour les viticulteurs. Tout récemment, l’Institut coopératif du vin* et la division « Protection des plantes » de BASF** ont fait le point, avec la participation de l’Institut français de la vigne et du vin, sur les conséquences du changement climatique sur le développement des attaques de champignons et insectes ravageurs :
Qui sont les agresseurs de la vigne ?
« Les conséquences du changement climatique sont visibles sur la physiologie de la vigne (avancées des dates de floraison et de vendange). Avec des températures supérieures à 1°C par rapport à la normale, 2015 figure au troisième rang des années les plus chaudes depuis 1900. Pour le seul mois de décembre, les températures ont été de 3,9° C supérieures à la normale.
En 2015, une ancienne maladie a fait son retour : le black-rot. En forte recrudescence l’an dernier, la pourriture noire a entraîné, à titre d’exemple, la perte sèche de 5 millions de bouteilles dans le département du Gard. Les techniciens sont sur le qui-vive : s’agit-il d’un épiphénomène ou d’une maladie à considérer comme majeure ?
Quant aux maladies historiques de la vigne, elles restent malheureusement d’actualité. Depuis le début des années 2000, l’oïdium s’est étendu des vignobles méridionaux aux vignobles septentrionaux (Beaujolais, Bourgogne, Champagne) et atlantiques (Bordelais), réclamant une grande vigilance des viticulteurs.
A ces préoccupations s’ajoutent des insectes. La cicadelle, insecte piqueur véhiculant un phytoplasme (voisin d’un virus) qui entraîne la mort des ceps, est présente dans 65 % du vignoble français. L’eudémis est une chenille perforant les baies du raisin dont la pression augmente d’années en années, causant parte de récolte et de qualité en l’absence de protection. »
Quel impact sur la qualité des vins ?
« Le programme de recherche “In vino qualitas” mené par l’ICV et BASF pendant 6 ans a permis de mieux connaître l’oïdium et de mesurer l’impact de cette maladie sur la vigne et la qualité du vin. Des seuils de nuisibilité au-delà desquels les vins ne peuvent plus être « marchands » ont été définis.
L’oïdium a des effets négatifs en cascade sur la vinification. Ce champignon parasite affecte la qualité des vendanges. La composition des raisins est altérée. Ils connaissent une mauvaise maturation. Les arômes indésirables sont plus nombreux et plus forts.
L’expérimentation a consisté à étudier ces altérations via des dégustations réalisées à l’aveugle par un jury d’œnologues. Pour le vin rouge par exemple, la qualité des vins se dégrade à partir de 8 % d’oïdium dans la vendange. L’effet de l’oïdium provoque des arômes de type moisi et diminue fortement les arômes fruités.
Au-delà de 17 % d’attaques par l’oïdium, la qualité du vin est fortement altérée. En bouche, la sécheresse augmente pour finir de façon très agressive avec de fortes astringences et amertumes. Pour les professionnels, les défauts en bouche sont jugés rédhibitoires à partir de 13% d’oïdium. »
* Le plus grand laboratoire œnologique de France (et du monde) compte 150 salariés et fête ses 70 ans cette année. ICV intervient auprès de 250 caves coopératives et 1 200 domaines du Sud de la France via différentes prestations : analyses de vin, conseil technique, formation, mise au point et distribution de produits œnologiques et appui dans le domaine de la recherche-développement. De statut coopératif, cette entreprise qui affiche 15 millions d’euros de chiffre d’affaires réinvestit régulièrement ses bénéfices afin de rester à la pointe en matière d’équipement et de formation de ses salariés.
** Avec un chiffre d’affaires de plus de 5,4 milliards d’euros en 2014, la division « Protection des plantes » de BASF fournit des solutions innovantes en matière de protection des cultures, d’horticulture, d’espaces verts et de lutte antiparasites pour la santé publique. Son portefeuille comprend une gamme de fongicides, insecticides et herbicides, mais également des technologies biologiques de protection des plantes, des traitements de semences, ainsi que des solutions pour la gestion de l’eau, des nutriments et du stress des plantes.