De nouvelles collections, du numérique, une librairie dédiée en plein Bordeaux. Les éditions Féret, spécialiste des ouvrages consacrés aux vins, renaissent. Interview du propriétaire, l’homme d’affaires Marc Faujanet, ex patineur artistique et serial entrepreneur.


Vous êtes dans l’immobilier de santé, la pâtisserie, les miniatures automobiles… et désormais dans l’édition et la librairie. Pourquoi?

Le fonds éditorial, plus de 200 titres, l’histoire de Féret sont passionnants. C’était une belle endormie mais les perspectives de développement sont nombreuses. J’ai acheté en mars, la librairie ouvre pendant Bordeaux fête le Vin, seize nouveaux titres sortent d’ici à la fin de l’année.

Vous êtes amateur de vin ?

Je ne l’étais pas avant d’acquérir des parts de La Fleur-Cardinale avec des amis qui m’ont appris le vin. Aujourd’hui, j’ai revendu mais le goût est resté.

Quels sont vos projets pour Féret ?

La bible de Féret, « Bordeaux & ses vins » n’est éditée que tous les cinq ans. Le monde du vin change très vite, on ne peut pas attendre cinq ans pour avoir des infos à jour. « Bordeaux & ses vins » sera désormais disponible et accessible en version numérique. La dernière édition date de 2014, la vingtième paraîtra en 2020. Les ouvrages techniques (40 % du catalogue) sont particulièrement concernés, on pourra les imprimer soi-même à la demande, les consulter sur le net. Le site, bilingue, va être repensé avec la mise en ligne de contenus (extraits, interviews…) et on va se déployer sur les réseaux. Nous souhaitons développer tout ce qui peut l’être, l’éditorial, l’événementiel – les châteaux pourront par exemple privatiser la librairie – et les produits dérivés. Nous allons aussi produire des films capsules destinés aux réseaux sociaux. On a déjà tourné à Gruaud-Larose.

Des beaux livres sur les châteaux ?

1600 châteaux, c’est 1600 clients potentiels. Ma première idée, c’est de créer une collection avec un beau livre pour leurs V.I.P. et un pocket à emporter, très grand public, voire touristique. L’œnotourisme est dans notre ligne de mire. Mais aussi la planète vins toute entière, la gastronomie de terroirs, le patrimoine. Et les jeunes amateurs de vin.

Des nouvelles collections ?

Dès fin août, une collection dédiée aux cépages. On commence avec le merlot et le cabernet.

Et Féret, c’est aussi désormais une librairie ?

Je viens d’ouvrir au 50, cours du Chapeau rouge, l’adresse historique (1818) de la librairie. L’écrivain Marc Dugain, récemment installé à Bordeaux, en est le parrain. Sur 550m2, la librairie de la Comédie est spécialisée dans le vin et la gastronomie et propose aussi des rayons généraliste, jeunesse et BD. La presse vin et gastronomie y sera mise en avant. On peut y feuilleter les derniers romans ou essais ou même épreuves d’ouvrages à paraître tout en dégustant une pâtisserie – c’est une autre de mes activités, je mets tout en synergie globale, comme c’est déjà le cas à la librairie 45e Parallèle que j’ai ouvert au Printemps à Pessac et comme ce le sera place Puy Paulin, spécialisée BD, qui ouvrira à la rentrée. Féret aura aussi une vitrine à Paris, je négocie actuellement un emplacement à Saint-Germain-des-Prés. J’ai mis en place une plate-forme de distribution dédiée, mes libraires doivent consacrer tout leur temps à conseiller les lecteurs, comme les cavistes doivent conseiller leurs clients.

Vous avez créé en mai un festival littéraire à Pessac sur le thème de la littérature de voyage. Bis repetita sur le thème du vin ?

Tout est possible. Il est indispensable de se développer hors les murs.

Propos recueillis par Béatrice Brasseur