Voyage autour de ma cave par Michel Bettane #20

Le meilleur terroir de chardonnay le plus proche de mon confinement de Rochegrès est sans conteste la toute petite appellation Pouilly-Vinzelles, un peu plus de 50 hectares, à dix kilomètres à vol d’oiseau. Le terroir et l’exposition sont homogènes, argilo-calcaire, bien plus d’ailleurs que Pouilly-Fuissé qui n’avait pas voulu d’eux à l’origine, la vigne est bien entretenue et productive, capable de produire 3 000 hl en bonne année. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de la trop méconnue cave coopérative des grands crus qui est de loin le plus important producteur de l’appellation. Cette bouteille le confirme largement.

Sur chaque millésime, la cave produit au moins trois pouilly-vinzelles. Un assemblage de base issu de vieilles vignes, déjà remarquable ; une sélection parcellaire située au cœur du coteau sur le lieu- dit Les Quarts et cette cuvée élevée en fût de chêne qui en remontre à la plupart des vins élaborés de la même façon, mais d’un style plus vulgaire. Ce 2014 est désormais arrivé à son meilleur équilibre de vieillissement. La robe est toujours claire avec le souvenir des reflets jonquille de sa naissance, le nez très pur sans la moindre dérive de bois rappelle d’abord le citron, ce qui est classique des sols calcaires. Il faut un petit réchauffement de température dans le verre et dix minutes de développement pour qu’une nuance de vanille rappelle, sans outrance, la barrique. Rien de spectaculaire ou de flamboyant, ou de caricature clonale, façon « Nouveau monde », comme souvent hélas en Mâconnais, en raison de clones trop typés, mais la tension d’un raisin mûr sans excès, comme on le souhaiterait dans bien des pulignys ou des meursault-village. En bouche, c’est nuancé, raffiné même, fluide, mais sans dilution, avec un départ de notes de beurre fin, d’amande et un retour floral type fleur de vigne, de noble style. Que du bonheur sur une truite pochée aux restes d’ancienne bouteilles du même vin. Quant au prix départ propriété, il ferait honte à celui de bien des vins médiocres de la Côte-d’Or, cinq à dix fois plus chers. 12euros 40 TTC.

Cave des Grands Crus à Loché, pouilly-vinzelles, fût de chêne 2014

À lire aussi