Jacques Puisais est mort

J’apprends, ainsi que tous les membres de l’Académie du vin de France, la mort de Jacques Puisais, à l’hôpital. C’était notre maître à tous et sa vision du vin et de la culture du vin et de la gastronomie a fortement marqué notre époque. Son combat pour promouvoir l’éducation du goût ne devra jamais faiblir. Et le grand oenologue qu’il fut devrait rappeler à ceux qui se méfient du savoir les bienfaits d’une solide morale dans la production de tout vin de lieu méritant ce beau nom. Il survivra en chacun de nous et de ceux qui prendront notre suite.

Michel Bettane et toute l’equipe de Bettane et Desseauve.

 

L’hommage de Denis Hervier

Hommage à notre grand maître Jacques Puisais, disparu ce weekend. C’est à l’occasion d’une émission de Radio France-Berry en 1986 que je l’ai rencontré́. Flanqué de Jean Bardet, il venait me présenter son livre Le Goût Juste. Je fus séduit sur le champ par la verve bachico-humaniste de ce descendant de Rabelais par la branche des cabernets. Celui qui allait devenir mon mentor fut un diplomate qui savait monter au créneau quand il le fallait. Avec un tel homme, pas de chenin de traverse, le vin s’offrait tel un seigneur dont les mets devaient être les vassaux, traduisant ainsi « la gueule de l’endroit et les tripes du vigneron ». Le style était brillant, les goûts toujours bien exprimés, le geste onctueux et les marques de courtoisie nombreuses. À son œil malicieux, on devinait qu’enfant il devait être premier de terrine et de confitures avec à son tableau d’honneur les félicitations pour le potager. Cet empêcheur de boire et de manger en rond lançait à chaque rencontre des appâts pour alpaguer ma curiosité́ : « Le goût ne s’achète pas, il se vit. » Les pieds dans les vignes et le cœur dans la cuisine, il huma chaque paysage du monde dans ses moindres replis qu’il soit à Volnay, Saint-Emilion, Avize, Porto, Tokyo, Chinon ou en Oregon.

Le matin, il aimait revisiter la météo du jour avec un verre de Vouvray et quelques rillons. Ses termes se mariaient si bien entre eux qu’on les mordait jusqu’à la pulpe : « soyez humbles et ouverts vous serez admis au festin de la vie ». À ce titre ce n’est pas Périco Légasse, Fabrice Sommier, Bertrand Jallerat, Olivier Poussier ou Jean Bardet qui me démentiront, nous sommes tous quelque part des fils de Jacques Puisais.

Photo : vindecahors.fr

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