Mouton Cadet se met au bio

Pour son 90e anniversaire, Mouton Cadet se lance dans le bio avec sa première cuvée rouge. Nous avons demandé à Véronique Hombroekx, directrice générale, et à Ophélie Michaud, œnologue et ambassadrice de la marque, de nous éclairer sur cette nouvelle étape

La marque a 90 ans, un exemple de longévité. Quel est le secret ?
Véronique Hombroekx : 90 ans, comme le répète Philippe Sereys de Rothschild, c’est une fabuleuse jeunesse, une expérience appréciable, une empreinte de plusieurs générations et un plaisir sans cesse renouvelé. Grâce à toute cette expérience, nous nous réinventons, nous adressons des messages à la communauté de viticulteurs et à nos consommateurs qui doivent être séduits par notre démarche.

Pourquoi Mouton Cadet bio ?
H. : Mouton Cadet bio est un vin jeune, gourmand, avec beaucoup de fruits, respectueux de l’environnement et certifié bio. Cette nouvelle cuvée, réservée au marché français, répond à la demande de la jeune génération qui ne se retrouvait pas dans notre gamme traditionnelle. Pour eux, Mouton Cadet, c’est la marque de leurs parents et de leurs grands-parents. Ils ont envie de découvrir d’autres vins, de se faire leur propre expérience et d’être en harmonie avec les tendances actuelles.


Thierry Desseauve a testé le Mouton Cadet Bio.

Le comportement des consommateurs évolue. La production doit accompagner ce changement ?
H. : Désormais, le consommateur a accès à une multitude de données et d’informations. Il veut tout comparer et recherche sans cesse de la nouveauté. Il est plus exigeant et souvent mieux éduqué. La façon dont Mouton Cadet s’est présenté à ses consommateurs il y a 90 ans n’est plus valable aujourd’hui. Nous évoluons. Les amateurs fidèles à notre marque approuvent cette démarche. Même si c’est important d’avoir une histoire, il faut aussi savoir se moderniser et vivre avec son temps.
Ophélie Michaud : Partout dans le monde, une multitude de facteurs exogènes influencent la conduite de la vigne. Les aléas climatiques en font partie. L’effet millésime est de plus en plus fort. Les techniques de culture évoluent énormément. Les viticulteurs appréhendent ce changement. Leurs gestes, leurs habitudes et leurs rendements sont totalement modifiés, tout comme la trésorerie de leur exploitation.

Un nouveau chapitre s’ouvre avec cette cuvée bio ?
H. : C’est une nouvelle étape et c’est une page d’histoire qui s’écrit. C’est ce que nous voulons faire aujourd’hui. Mais, soyons clairs, le bio n’est pas incontournable. Il fait partie d’une démarche parmi d’autres qui permet de valoriser le respect du terroir et celui des hommes. Depuis trois ans, les cahiers de charges que nous mettons en place avec nos viticulteurs partenaires sont beaucoup plus contraignants. Ils soulignent une politique beaucoup plus responsable et plus engagée de protection de la terre. Mouton Cadet est la première marque de Bordeaux dans le monde. Nous devons montrer l’exemple et œuvrer pour une viticulture plus respectueuse du terroir et des hommes.
M. : Le bio, mis en place sur certaines parcelles, vient compléter le label Haute valeur environnementale (HVE). L’ensemble de nos viticulteurs partenaires le possèdent déjà. Il garantit des pratiques agricoles qui préservent l’écosystème naturel et réduisent au minimum la pression sur l’environnement. Nous avançons avec nos viticulteurs en fonction de leur évolution et de ce qu’ils peuvent faire. L’idée est de les accompagner pour avoir un produit aussi qualitatif pour les consommateurs que pour l’environnement.

Quelles sont les difficultés à produire un vin bio à Bordeaux ?
M. : D’abord, le climat océanique. L’humidité peut être importante dans la région et conduit à l’apparition du mildiou. Une maladie qui nous inquiète et nous occupe toute l’année. On essaye de limiter au maximum son impact sur la vigne. Ensuite, l’autre difficulté, c’est la petite taille des exploitations. Elles manquent souvent d’une main d’œuvre qualifiée. Beaucoup de nos viticulteurs partenaires travaillent seuls alors que le bio nécessite plus de travail, d’attentions et de ressources humaines. Il faut observer la vigne et écouter la nature en permanence. Enfin, la dernière marche, c’est le temps. Il faut trois ans incompressibles pour obtenir la certification bio. Certains viticulteurs partenaires sont encore réticents. Il faut du temps pour les convaincre.

Les vignerons partenaires sont une seule et même famille. Cette démarche bio aurait-elle pu se faire sans une relation particulière avec eux ?
H. : Notre force est d’être resté une entreprise familiale, créé en 1930 par la Baron Philippe de Rothschild. Nous avons réussi à tisser des liens forts avec l’ensemble de nos viticulteurs partenaires. Leurs portraits sont fièrement affichés dans notre cuverie. Une relation privilégiée est instaurée avec eux. Ils connaissent parfaitement leurs parcelles. Notre équipe les aide et les conseille au quotidien pour que la qualité soit, sans cesse, leur préoccupation première. Les 1 500 hectares qui composent le vignoble sont divisés en multitudes de petites parcelles et d’autant de terroirs différents. La mise en place du bio est un défi pour eux comme pour nous. Le résultat est valorisant pour tout le monde.
M. : Ils sont vignerons depuis des générations et ont acquis des dizaines d’années d’expérience dans leur exploitation. De notre côté, on souhaite produire des vins de qualité. On constitue nos assemblages et on leur apporte une expertise technique. Nous sommes très présents à leurs côtés et chacun bénéficie de l’expérience de l’autre. La nouvelle cuvée bio en est un des résultats.

À quoi ressemblera Mouton Cadet dans 10 ans ?
H. : Il faut se poser les bonnes questions, se « challenger » et se réinventer en permanence. Nous voulons avancer avec notre communauté de viticulteurs partenaires vers une viticulture beaucoup plus respectueuse de l’environnement. Celle-ci doit répondre aux attentes de nos consommateurs. Nous poursuivrons la conversion de notre vignoble et nous aurons d’autres cuvées bio. C’est un esprit de conquête et de séduction qui nous anime. Surtout, nous voulons que nos consommateurs se retrouvent toujours dans nos vins.

 

 

 

Mouton Cadet bio est disponible chez Carrefour, Intermarché, Leclerc, et Vinatis.com. Environ 11,50 €

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