On le voyait comme ça. La pandémie fatale s’éloignait. Commerces, restaurants et horizons se libéraient. L’économie repartait. Les Etats-Unis revenaient sur les taxes Airbus. Le Brexit était moins grave que prévu. Le vignoble ouvrait ses volets. Un air de printemps s’installait, aidé par une fenêtre météo très courte, pleine de promesses pourtant. Ce n’était pas ça. Les Français suspicieux (toujours) étaient rétifs à une vaccination de masse, le président fronçait ses sourcils bien peignés, les menaces volaient bas. Sur les réseaux sociaux, les pro et les anti s’empoignaient comme s’il s’était agi d’un vin nature ou de levures sélectionnées. La fête battait son plein.
La restauration et ses terrasses surdimensionnées qui pourrissent la vie des riverains voyaient la vie en rose et commandaient du vin allègrement (« à prix serrés, faut nous aider ») chez les vignerons exsangues qui acceptaient parce que la trésorerie, quoi ; on verra la marge après. Patatras, voilà que le passe sanitaire (« on n’est pas des gendarmes ») limitera aux seuls vaccinés…