Louis-Fabrice Latour est mort

Louis-Fabrice Latour nous a quittés, il emporte avec lui un modèle de négociant beaunois dont il était le dernier représentant. Préoccupé d’abord par le soutien à son environnement immédiat, sa famille, ses collaborateurs, il a eu à cœur de toujours privilégier le premier cercle. En l’espèce, investir pour se développer en France (Chablis, Ardèche, Provence, Beaujolais) plutôt qu’à l’étranger. Nous nous connaissions bien et avions souvent parlé de ce qui, pour lui, était un devoir. En peu d’années, il a transformé une maison bourgeoise en une entreprise de pointe tout en assumant avec force et rondeur des fonctions de leader dans les instances professionnelles, cette idée de s’occuper de son prochain dans tous les compartiments du métier.

Quand j’ai commencé à faire des journaux de vin, il a été le premier à m’accorder pour le supplément Vin du JDD une interview qui avait beaucoup éclairé ma lanterne sur les enjeux de la Bourgogne. Nous étions en 2005, il avait une vision. Les quinze ans qui ont suivi l’ont confirmée.

Quinze ans plus tard, toujours pour le JDD, nous cherchions une personnalité du vignoble à mettre en face de Raphaël Enthoven et son nom s’est imposé d’évidence. Sa pensée raffinée, l’ampleur de sa réflexion trouveraient l’occasion de s’exprimer face aux propos du philosophe. Nous avions raison et il m’avait enchanté, une fois de plus.

De fulgurances en éclats de rire, je n’ai que de jolis souvenirs de ce bon vivant, un garçon qui savait aussi bien s’entourer qu’obtenir de ses équipes les vins qu’il aimait sous le signe de l’élégance, de la distinction, de la finesse. J’ai conservé dans mon catalogue d’émotions pures un corton-charlemagne 2006 en magnum qui avait bouleversé mes convives.

En imaginant la Une du numéro de EnMagnum n°29 qui vient de paraître, nous avions dans l’idée de lui faire plaisir, nous ne savions pas qu’un hasard triste allait en faire un hommage.

Il avait 58 ans, il est parti trop tôt, trop jeune. Déjà, il manque à tous ceux d’entre nous qui l’ont fréquenté avec un plaisir chaque fois renouvelé.

À sa famille, à ses proches, à ses pairs, Thierry Desseauve, Michel Bettane et toute l’équipe adressent leurs plus amicales condoléances.

photo : Mathieu Garçon

À lire aussi