Saint-Émilion, hiérarchie neuve chez les classés

Verdict sans grande surprise pour la 7e édition du classement des crus de Saint-Émilion. Ils sont désormais 85 châteaux à pouvoir revendiquer pour la prochaine décennie le titre de grand cru classé. Une nouvelle hiérarchie établie ces derniers mois par la commission de classement sous le patronage de l’Inao et avec le concours pratique de l’organisme de certification Bureau Veritas. Celui-ci a examiné 114 dossiers et passé au crible 1 343 échantillons. Le classement de 2012 référençait 82 propriétés classés, dont un quatuor de premiers grands crus classés A et 14 premiers crus classés.

Après les départs médiatisés au printemps dernier des châteaux Ausone, Cheval Blanc, Angelus et La Gaffelière, l’édition 2022 établit dorénavant 12 premiers crus classés et deux premiers crus classés A. Dans cette catégorie suprême, le château Pavie est rejoint par le château Figeac dont la promotion était attendue, au regard des derniers millésimes produits par la propriété. « Nous fêtons l’évènement avec un 1950 superbe » se réjouit la famille Manoncourt.

Les 14 premiers crus classés

Château Pavie (A)

Château Figeac (A)

Château Beau-Séjour Bécot

Château Beauséjour Héritiers Duffau-Lagarosse

Château Belair-Monange

Château Canon

Château Canon La Gafellière

Château Larcis-Ducasse

Château Pavie-Macquin

Château Troplong-Mondot

Château Trottevieille

Château Valandraud

La Mondotte

Clos Fourtet

 

16 nouveaux promus
Pour le peloton des crus classés, le château Croque-Michotte, toujours en procès contre le classement de 2021, n’avait pas désiré concourir à cette nouvelle édition. On assiste au juste retour dans la hiérarchie de Corbin-Michotte, écarté lors du dernier classement. On peut penser que celui de 2022 ne suscitera guère de chicaneries judiciaires. Les propriétés qui ont disparu ne créeront pas de polémique, entre celles qui n’ont pas présenté de dossier comme La Clotte ou celles qui ont intégré le parcellaire d’un premier cru comme Pavie-Decesse qui disparait pour entrer désormais dans Pavie ou Les Grandes Murailles dans Clos Fourtet.

Les châteaux Montlisse, Boutisse, La Croizille et Tour Baladoz franchissent un nouveau cap, comme Rol Valentin, attendu à ce stade depuis au moins deux classements. Montlabert (3,5 hectares) tout proche de Cheval Blanc, Figeac et Jean Faure, cru acquis par la famille Castel en 2008, réussit également l’examen, grâce aux investissements culturaux et à un nouveau chai performant.

Saint-Christophe des Bardes semble constituer le nouvel eldorado de la Rive droite. À la limite de cette commune et de celle de Saint-Émilion, promotion également pour le château Badette qui produit un vin de belle étoffe. Dominant les terrasses du secteur, le château Tour-Saint-Christophe profite d’une équipe à la hauteur de son beau terroir pour se hisser dans la catégorie. Sur le plateau argilo-calcaire de cette partie est de l’appellation, le Clos Dubreuil rejoint également l’élite, grâce à une évolution remarquable des vins dans le temps. Une belle progression permise par la vision de son propriétaire Benoît Trocard.

Dans le haut de Saint-Christophe-des-Bardes, le château Croix de Labrie atteint aussi le plus haut niveau. Le cru assemble ses parcelles avec celle du secteur de Badon, en pied de côte, lieu également de prédilection de Murielle Andraud et Jean-Luc Thunevin et de leur Clos Badon.

À Saint-Étienne-de-Lisse, la voix chargée d’émotion, Karl Todeschini ne cache pas sa joie quant à la promotion du château Mangot. Également classé, le château Lassègue rend honneur aux terroirs de Saint-Hippolyte. Pari réussi aussi pour le petit domaine planté sur sol argilo-sableux de La Confession, l’un des crus fétiches de Jean-Philippe Janoueix, qui produit un vin généreux et charnu. Tournant le dos à la cité médiévale, le Clos Saint-Julien rejoint les meilleurs grâce à son terroir au sol calcaire et aux tannins frais de ses cabernets francs qui s’affirment sous la main experte de Catherine Papon-Nouvel comme une solutions aux bouleversements climatiques.

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