Le champagne, plus qu’un vin

Les économistes et les politiques ne regardent pas assez les chiffres de consommation des vins de champagne. Ils y verraient cette extraordinaire capacité de rebondir qu’ont les humains pour se sortir des crises, même celles dont personne n’imaginait qu’elles puissent survenir et surtout qu’elles s’emparent de la planète entière. Avant l’arrivée de la Covid, le monde débouchait des bouteilles de champagne, mais modérément. On le remplaçait volontiers par des voisins ambitieux comme le prosecco, moins cher et plus décontracté. Quand la pandémie nous confina tous chez nous, les ventes s’arrêtèrent brutalement : mieux valait noyer notre chagrin dans une bouteille de vin rouge que dans ce quasi synonyme de fête. La maladie sinon passée, du moins circonscrite, le champagne est reparti comme jamais. On le boit toujours au restaurant mais aussi, désormais, chez soi : la pratique n’était paraît-il réservée jusque-là qu’à quelques initiés dont nous sommes fiers de faire partie depuis des lustres. Il y a dans le champagne plus qu’un vin, plus que des bulles, plus qu’un simple esprit de fête : l’envie de reconstruire, encore et toujours, quelles que soient les épreuves, sa part de bonheur. Et cela me semble être une sacrée belle preuve d’humanité.
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Créé il y a sept ans, En Magnum atteint aujourd’hui l’âge de raison avec ce trentième numéro qui explore nombre de merveilles de notre civilisation du vin, des jardins de vignes anglais jusqu’aux ruelles de Calabre, des secrets de l’insolente réussite champenoise aux grandes bouteilles d’un dîner de fête. En Magnum n’aurait pas été ce qu’il est, c’est-à-dire un magazine plébiscité tant par ses lecteurs amateurs d’excellents vins que par les meilleurs producteurs, sans son directeur de la rédaction Nicolas de Rouyn. Les bons journalistes savent associer personnalité, curiosité et talent pour faire partager leur vision du monde : c’est cela que nous et vous a apporté Nicolas pendant ces sept années. À l’heure où il nous quitte pour une retraite bien méritée dans sa Bretagne adorée, je veux le remercier très chaleureusement en mon nom et en celui de tous les amoureux du vin.

 

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