Les 17 mercenaires (de la sommellerie internationale)

Le concours ASI de meilleur sommelier du monde a lieu à Paris. Des 68 candidats du départ, 17 sont encore en piste pour grimper sur le toit du monde. Qui survivra aux demi-finales ?

Ambiance électrique à l’immense hôtel Pullman Montparnasse. Le stress est palpable dans les couloirs. Les demi-finales, qui départagent les 17 derniers candidats, sont sur le point de débuter. Trois épreuves à enchaîner dans trois salles. La première salle est celle de dégustation du vin. La deuxième concerne les cocktails et les boissons « non-alcooliques » qu’il faut identifier et proposer avec un menu végétarien. La troisième est celle du service, avec un invité japonais prestigieux et un convive qui veut une bière plutôt que du champagne.

Nous voilà dans la première salle, intimiste, où nous restons pour voir défiler les 17 candidats. Quatre exercices de dégustation de vin les attendent ici. Trois verres de vin rouge arrivent. À l’aveugle, ils doivent en déterminer les similitudes en deux minutes. Puis on leur révèle… que ce sont les trois mêmes vins. Seuls les contenants d’élevage en bois sont d’origine différente. Oui, mais d’où ? Une minute. Puis vient un vin effervescent, anonyme évidemment, qu’il faut décrire pendant quatre minutes. C’est long. Dernière épreuve, cinq boissons, des alcools, qu’ils doivent identifier. Le troisième donne du fil à retordre à tout le monde. On n’en sait pas plus que les candidats qui défilent. Ils sont tous bons, bien sûr. Mais plus ou moins. Certains sont pénalisés par un anglais pas limpide. Et quand le stress s’en mêle, ça donne parfois une logorrhée incompréhensible.

Que la meilleure gagne ?
Dans ceux qui se détachent, on distingue deux styles de candidats. Les hyper-scolaires. Hyper-bons, hyper-pros, n’hésitant jamais, mais manquant parfois de naturel. Face à eux, les intuitifs. Éventuellement moins péremptoires dans leurs connaissances, mais plus généreux, plus spontanés. À ce jeu-là, l’américain Mark Guillaudeu a marqué le plus de points. Il est le seul qui a arraché des sourires au jury composé d’Olivier Poussier, Andreas Larsson et Heidi Mäkinen, tout en restant performant. Très bonne prestation également du japonais Wataru Iwata. Avec cette méticulosité japonaise, cette précision, mais aussi beaucoup d’aisance, alors qu’il est passé en dernier, au bout d’une longue attente. Citons enfin Pascaline Lepeltier qui, avant d’être française, est brillante. Alliance de confiance en soi et de délicatesse, elle a été très bonne dans cette épreuve de dégustation. Moins dans les cocktails disait le buzz des couloirs. La danoise Nina Højgaard Jensen, une des favorites, nous a semblé moins à l’aise, sans doute déconcertée par cette histoire de « On vous a bien eu, c’était le même vin, trouvez l’origine des bois ». Le candidat de la Norvège, Francesco Marzola, sicilien de naissance, a été très bon sur la dégustation des rouges. Il les a identifiés de la même origine sans cligner des yeux, mais a été plus hésitant dans l’analyse de l’effervescent. Ce qui est difficile, c’est d’être bon en tout. Concluons avec le letton Raimonds Tomsons qui semble avoir tout pour lui. Grand, visage émacié, il vous regarde de ses yeux bleus perçants avec calme et assurance. Il lui manque peut-être une petite touche de naturel. Mais on prend les paris : il sera un des finalistes de dimanche et affrontera deux de ceux qu’on vous a cités. Tout se jouera en trois quarts d’heure pour chacun. Que le meilleur gagne.

La finale est retransmise en direct sur la chaîne Youtube de l’Association Sommelier Internationale dimanche à partir de 14 heures.

 

 

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