Le letton Raimonds Tomsons est un sérieux concurrent au titre de meilleur sommelier du monde à Paris. Physiquement athlétique, ce professionnel de haut-niveau est aussi passionné que perfectionniste. Il dirige le cercle Barents Wine Collectors à Riga
Comment se sont passé les demi-finales ?
Je me sens bien. Mais pas « très bien ». Je me sentais mieux en Belgique (NDLR, lors du précédent concours à Anvers où il a fini troisième). Je ne pense pas avoir fait de grosses erreurs. La dégustation des vins s’est bien passée. Le plus dur a été la dégustation à l’aveugle des boissons non-alcoolisées et le menu végétarien à inventer avec. Ça m’a sorti de ma zone de confort. Sur l’épreuve de service, j’ai quasiment fini dans les temps. On verra bien. La qualification dépend aussi du résultat des autres.
Le métier de sommelier est un mélange de savoir et d’instinct. Vous êtes d’accord ?
Le savoir, c’est la base. Mais l’essentiel, dans le cadre de cette compétition, c’est d’être calme et détendu. Ça permet de bien utiliser ses connaissances et de laisser sa personnalité s’exprimer. Si on est trop nerveux, on ne peut pas se concentrer. Aujourd’hui, j’étais calme. Bien sûr, quand Andreas Larsson (NDLR, un des jurés), dit en souriant que les trois vins rouges qu’on goûte à l’aveugle sont les mêmes, c’est déstabilisant. J’ai dit que les trois venaient de Bordeaux. D’autres ont dit que c’était des syrahs, deux que c’étaient des cabernet-sauvignon de Californie. On verra bien.
Vous êtes toujours calme et méthodique.
Je veux simplement cocher toutes les cases dans le cadre de l’exercice qu’on me soumet. Chaque détail compte dans l’analyse du vin ou de la boisson. Je suis curieux de découvrir le vin effervescent qu’on nous a fait goûter à l’aveugle.
Être européen est-il un avantage, dans la mesure où vous avez facilement accès aux principaux pays producteurs de vin ?
D’une certaine façon, oui. Mais aujourd’hui vous trouvez quasiment tous les vins en Asie. C’est peut-être moins vrai en Amérique Latine. Après, l’argentine Valeria Gamper, meilleur sommelier des Amériques, est basée en Espagne, dans un très bon restaurant. Je viens d’un pays qui ne produit pas de vin. Le fait est que je m’intéresse à tous les vins, sans discrimination.
Pourquoi êtes-vous devenu sommelier ?
Je suis né dans un petit village sur les bords de la mer Baltique, à Roja. On buvait surtout de la bière et des spiritueux. Quand je suis parti à Riga, la capitale de la Lettonie, pour aller au lycée, j’ai suivi un programme de service. Après la première année, j’ai fait un stage dans un excellent restaurant avec un chef exceptionnel (NDLR, le restaurants Vincents, tenu à l’époque par Martins Ritins). Je me suis passionné pour la gastronomie et le vin en particulier. J’ai beaucoup voyagé avec le chef, on a fait des grands restaurants européens. Ma passion est née comme ça. Je suis resté vingt ans dans ce restaurant.
Devenir meilleur sommelier du monde, ça représente quoi pour vous ?
Je suis perfectionniste. Si je fais quelque chose, je veux être le meilleur. Après avoir concouru à Mendoza, puis en Belgique, après avoir gagné le titre de meilleur sommelier européen en 2017, il me reste cet objectif évident. Si je n’y arrive pas, ça n’est pas la fin du monde. Regardez les autres. Il y a un groupe magnifique d’excellents professionnels. La préparation à ce concours a pris plus d’un an. Même si je ne deviens pas le meilleur sommelier du monde, je serais de toute façon un meilleur sommelier que celui que j’étais avant d’avoir entrepris cette quête. C’est ça qui compte.