Croix de Labrie, l’âge de raison

Axelle et Pierre Courdurié ont repris ce grand cru classé de cinq hectares à Saint-Émilion en 2013 et ont concrétisé le projet d’une vie. Dix ans après leur arrivée, le duo a gardé son ambition et les résultats sont là

Ils se sont rencontrés à la fin des années 1990, dans les rues de Seattle aux États-Unis. Axelle s’exerce déjà à la vinification, Pierre commence sa carrière d’ingénieur. « Axelle sait faire le vin et moi, j’ai appris à le vendre ». C’est elle qui dirige d’un tempérament assuré le vignoble, étendu entre les communes de Saint-Christophe des Bardes, Badon et du Cateau, conduit entièrement en biodynamie. Elle précise : « Depuis le début ». Principalement du merlot et du cabernet-sauvignon, parfois complantés au sein d’une même parcelle. Ailleurs, quelques pieds de sémillon, sauvignon blanc et sauvignon gris. Ils font Stella Solare, leur blanc.

Pour les rouges, le cabernet franc, minoritaire, n’est pas complètement absent. Il entre même pour la première fois dans l’assemblage du grand vin, avec le millésime 2020. « Les raisins étaient enfin au niveau. Il y a aussi eu l’influence d’Hubert de Boüard ». Le couple a voulu bien s’entourer. Deux écuries pour les aider, deux consultants emblématiques du Bordelais. Avec Hubert de Boüard et Michel Rolland, ils réfléchissent aux choix techniques de vinification et d’élevage. Pierre insiste sur le recul « essentiel » apporté par ces aides extérieures et ces « visions fortes ». La proportion de barriques a diminué au profit de contenants plus larges. Les foudres et les demi-muids se multiplient, s’assemblent comme un « Tetris » dans le petit chai de la propriété.

Trois vins et la qualité
Croix-de-labrie et chapelle-de-labrie, tous deux en appellation saint-émilion grand cru. Stella-solare en bordeaux blanc. Des 1 200 bouteilles produites en 2013, la production atteint aujourd’hui 12 000 bouteilles, exportées à travers 56 pays dans le monde. 90 % des ventes se font par la « place de Bordeaux » Aucun marché ne dépasse 20 % des parts. « Un choix stratégique. Diviser pour mieux régner » confirme Pierre, fier de cette diffusion internationale. La qualité des vins est croissante. Toujours marqués par une trame fraîche et des tannins structurants, ils offrent une verticalité particulière. Texture et pureté semblent être les maîtres-mots du déjà charmeur millésime 2020. « Nous allons de plus en plus vers la précision que nous recherchons dans nos vins. Avec le millésime 2022, jamais les effets de la biodynamie ont été aussi visibles », détaille Axelle Courdurié. Le domaine voit loin devant, avance avec confiance.

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