Languedoc, une si longue histoire

Du succès gallo-romain de la vigne à celui installé dans la région par la révolution industrielle, le Languedoc a longtemps connu des heures glorieuses. Les épreuves et les transformations économiques et culturelles du XXe siècle l’ont fait souffrir plus que toute autre région. La renaissance est venue, elle est méritée


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Saison 1 : le glaive et la croix

Les historiens datent l’introduction de la vigne dans la région par des marchands grecs vers le VIe siècle avant notre ère. En attestent nombre d’amphores grecques, de coupes étrusques qui permettent une datation précise. Les recherches récentes montrent même une culture un peu antérieure. Les Romains développent la viticulture après leur conquête de la Gaule. Le climat chaud permet une production à peu près régulière de vin. La viticulture de la grande région romaine que l’on appelait la Narbonnaise fait ombrage aux propriétaires transalpins. En l’an 92, l’empereur Domitien exige l’arrachage de la moitié des vignes gauloises. Son édit vise les vignes plantées dans la plaine, les moins qualitatives, pour les remplacer par du blé qui commence à manquer. En l’an 280, Probus, un autre empereur, lève l’interdiction de planter. La prospérité apportée par une viticulture abondante dure jusqu’à la fin de la Pax Romana. Le peuple gallo-romain, devenu décadent, est dans un premier temps absorbé par celui des Wisigoths, moins barbares et beaucoup plus cultivés que ne le racontent nos manuels scolaires. Trois siècles durant, les Wisigoths ont dirigé le riche et paisible royaume de Septimanie. On en garde la mémoire en Corbières avec la montagne d’Alaric qui porte le nom du dernier des rois wisigoths, occis par Clovis en 507. S’ensuit un long défilé des envahisseurs venus de l’est, du nord ou du sud, laissant derrière eux désolation et friches. Déferlent dans un sens les Arabes qui chassent les Goths et de l’autre les Francs qui boutent définitivement les Sarrasins hors du Languedoc. La paix revint avec les moines bénédictins et cisterciens dont les abbayes sont des bases de la recolonisation viticole du pays.

Racine du temps
La première moitié du XIIIe siècle est une nouvelle période tourmentée. Les zones agricoles et les vignobles sont dévastés par la tragédie cathare. La croisade contre les Albigeois permet d’exterminer « l’hérésie », remet au centre des croyances la doctrine du clergé romain, pilier de la monarchie. Elle se termine avec le rattachement de la contrée à la couronne des rois de France. Le promeneur dans la région peut encore admirer les hauts lieux de cette épopée, châteaux de Quéribus, de Puivert, de Puilaurens, de Peyrepertuse, et autres bastions militaires perchés sur la montagne aux frontières des royaumes de France et d’Aragon et investis par les Cathares pour se défendre. La sérénité revenue est propice à la vigne. La viticulture en coteaux est de qualité pour l’époque. Le vin est apprécié et de plus en plus distribué, notamment grâce au canal du Midi ouvert en 1683 qui relie désormais la Méditerranée à Toulouse. Les archives de l’époque mentionnent aussi des exportations de vins du Languedoc vers l’Angleterre et les Pays-Bas. Une succession d’hivers rudes détruit les oliveraies et favorise l’extension de la vigne dans un monde encore largement dominé par la polyculture. Tout bascule avec le début de l’ère industrielle.

Saison 2 : l’assommoir

Au cours du XIXe siècle, la population française passe de 30 à 40 millions d’individus. Elle s’urbanise fortement…

Photo : Leif Carlsson

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