Michel Fauconnet et Maximilien Bernardeau, les hommes du Grand Siècle

Laurent-Perrier, c’est eux. Deux artisans, deux expériences, une vision du grand vin


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« Nous sommes différents de nos pairs. Il nous a fallu beaucoup plus de temps, d’efforts et de persévérance pour que notre savoir-faire soit reconnu, sans doute en raison de notre différence. » Stéphane Dalyac est lucide. Le président de la maison Laurent-Perrier sait très bien que la reconnaissance de ses champagnes n’a pas été un long fleuve tranquille. Il sait sans doute aussi que la route est encore longue. Notamment pour Grand Siècle, la cuvée de prestige de la maison et son concept unique. Pour incarner cette différence et la voie difficile qu’elle a suivie vers le succès, « L-P », comme on l’abrège parfois, s’est choisi un ambassadeur de taille pour ses campagnes publicitaires internationales en la personne de Morgan Freeman. « Par son parcours et sa détermination, l’acteur incarne à la perfection Grand siècle », souligne son président, réaffirmant les ambitions de la maison pour cette cuvée créée en 1952 par le grand Bernard de Nonancourt, patron des lieux pendant plus d’un demi-siècle. Si Laurent-Perrier est aujourd’hui dirigée par ses filles Alexandra et Stéphanie (au sein d’un directoire), sa destinée a souvent été mise entre les mains d’un homme. Comme Michel Fauconnet, par exemple, garant emblématique du style depuis le début des années 1980. Entré comme ouvrier à l’époque où la maison n’est pas encore structurée comme elle l’est aujourd’hui, Fauconnet redéfinit l’identité des champagnes à force de travail, d’abord en duo avec Alain Terrier puis rapidement seul, améliorant sensiblement leur qualité vers plus de pureté et de définition. C’est sur sa recommandation que la maison a nommé Maximilien Bernardeau au début de l’été 2023 à ce même poste de chef de cave, lui confiant aussi la responsabilité des vins du groupe. Diplôme de biologie cellulaire et de physiologie végétale en poche, le jeune homme s’est formé à la diversité champenoise en tant qu’œnologue conseil d’une société d’analyse et de consulting reconnue. Son arrivée coïncide avec une phase nouvelle de l’histoire de la maison, qui s’accompagne de nombreux chantiers. D’abord, la réaffirmation du goût de ses champagnes, fondé sur la finesse et l’élégance. La maison obtient ces deux qualités grâce à une technique hors pair en vinification et un suivi minutieux de ses approvisionnements. Ces derniers lui permettent d’exprimer le meilleur des chardonnays de la côte des Blancs, si importants pour son style, même si elle sublime aussi des raisins noirs de grandes origines en montagne de Reims. Maximilien aura sans doute aussi à cœur de promouvoir Grand Siècle, partout dans le monde. La maison a d’ailleurs mis en place depuis quelques années une équipe qui se consacre au développement international de la cuvée. Passionnante, celle-ci s’appuie sur des raisins issus uniquement de grands crus, pour moitié chardonnay, pour l’autre pinot noir. Surtout, et c’est sa spécificité, elle assemble trois millésimes complémentaires. Le plus jeune est toujours le plus représenté de l’assemblage. Depuis sa création en 1952, vingt-six assemblages ont donné vingt-six itérations, commercialisées en bouteille (la plus récente) ou en magnum. Quelques grands formats vieillissent aussi une vingtaine d’années sur lies. C’est sous le nom « Les Réserves » et en quantités confidentielles que la maison propose ces trésors inestimables par leur qualité et leur goût.

Au premier plan, on reconnaît la forme particulière de la bouteille Grand Siècle.

Avec Grand Siècle, Laurent-Perrier fait la promesse de « recréer l’année parfaite ». La cuvée cherche à exprimer la singularité des trois millésimes qui la composent avec la force supplémentaire et l’harmonie que fait naître leur mariage. Ce phénomène est d’autant plus intéressant lorsqu’il est mis en parallèle avec la dégustation des champagnes millésimés de la maison. Pour la plupart tous réussis, aucun n’atteint la profondeur, la complexité et la plénitude des itérations de Grand Siècle. C’est l’expérience qui a été proposée par la maison à l’équipe d’En Magnum, reçue pour cette occasion chez elle, à Tours-sur-Marne, en compagnie de Michel Fauconnet et Maximilien Bernardeau, ses hommes forts et de deux de ses meilleurs ambassadeurs. Si l’on trouvera dans les commentaires (et les notes) de notre compte-rendu plein de raisons de faire de la place dans sa cave, que l’on n’oublie pas non plus de profiter en cette période de fêtes de la saveur et de la finesse de La Cuvée, champagne plus savoureux et précis que jamais.

Ptotos : Mathieu Garçon

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