Pichon Baron, le temple du grand vin

Sous la gouvernance d’Axa Millésimes et porté par une équipe impeccable, Pichon Baron joue la victoire dans la bataille des grands pauillacs. Vingt-deux millésimes pour se laisser séduire


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Le château Pichon-Longueville Baron est un joyau parmi les propriétés vitivinicoles de la compagnie AXA Millésimes, acquis en 1987 auprès de la famille Bouteiller qui l’avait elle-même porté au plus haut niveau du Médoc. Le cru naît au milieu du XVIIe siècle puis subit en 1850 une division en deux moitiés, toutes deux classées second cru de la Gironde en 1855. La moitié héritée par le fils aîné, le baron Raoul, se situe sur l’ancien hameau de Saint-Lambert, aujourd’hui intégré à la commune de Pauillac, dans sa limite sud. Le sol est constitué de graves profondes, sablo-caillouteuses avec de nombreuses poches argileuses comme chez ses plus proches voisins, les châteaux Latour de l’autre côté de la route départementale, Léoville Las Cases sur les deux côtés de la route, et Léoville Poyferré sur son côté. Ce vaste secteur a toujours donné des grands vins, très réguliers, dotés d’une complexité aromatique unique, en raison du microclimat de l’estuaire qui régule les températures entre jour et nuit.
La propriété couvre 75 hectares avec comme encépagement actuel 68 % de cabernet-sauvignon, 28 % de merlot, 5 % de cabernet franc et 1 % de petit verdot. Elle produit aujourd’hui trois vins. Le grand vin, actuellement très marqué par le cabernet-sauvignon (85 % ou davantage), est issu des vieilles vignes du cœur de terroir, qui regardent les enclos de Latour et Léoville Las Cases. Les deux autres vins sont Les Tourelles de Longueville, à dominante de merlot, et Les Griffons de Pichon Baron, depuis 2012, où cabernets et merlots s’équilibrent.
Dans son histoire récente, le château a connu trois vinificateurs. Daniel Llose, à partir de 1987, choisi par Jean-Michel Cazes, vinifiait aussi Lynch-Bages. Il aimait les vins virils, généreux, issus de beaux rendements, mais impeccablement construits. Ses successeurs Jean-René Matignon et, depuis trois ans, Pierre Montégut, en plein accord avec leur directeur Christian Seely, ont fait évoluer le vin vers plus de classicisme médocain, en relation avec une viticulture encore plus respectueuse et un outil de travail permettant des vinifications parcellaires plus précises. Ils ont aussi bénéficié de l’évolution du climat qui conduit les raisins à une maturité plus accomplie. Je tiens ici à saluer la mémoire de Jean Bouteiller, l’ancien propriétaire, qui fut au début des années 1950 le premier à faire appel aux conseils d’Émile Peynaud et, donc, à l’œnologie moderne. Ses meilleurs millésimes comme 1953, 1959 et 1962 (son dernier, je crois) nous éblouissent comme les plus formellement parfaits de l’appellation pauillac. Les 2018, 2019, 2020 et 2022 seront de la même lignée.

La dégustation

2021
Grande fraîcheur aromatique, corps équilibré et boisé intégré, son étonnante élégance tactile confirme les progrès continus de la propriété dans la recherche du fondu immédiat du tannin.
96/100

2020
Nez classique sur le tabac, haute maturité du raisin, corps complet, pureté d’expression exemplaire, grand vin de grand avenir.
97/100

2019
À ce stade, c’est le vin le plus harmonieux et le plus complexe jamais produit par le château, avec une suavité sans mollesse dans la texture, une fraîcheur de cabernet-sauvignon mûr, un boisé harmonieux, donnant au terroir
sa force et son originalité.
98/100

2018
Le soleil du millésime se sent immédiatement avec des nuances un peu plus brutales de tabac que dans le 2019 et un caractère moins domestiqué par l’élevage. Grande matière, mais il faudra que l’âge le dompte.
96/100

 

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