Marc Lévy : « Je ne bois que des vins français »

La cave de Marc Lévy est une bibliothèque de souvenirs, où chaque bouteille lui rappelle d’où il vient

propos recueillis par Julia Molkhou, photo Mathieu Garçon


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On buvait quoi chez vous quand vous étiez enfant ?
Des vins de Bordeaux, mais aussi des vins du Beaujolais puisque le meilleur copain de mon père était Bernard Pivot. Pour lui, c’était du beaujolais ou rien. Dans la cuisine de mes parents, il y avait une banquette sous laquelle il y avait les bouteilles de bordeaux. Dès que Pivot quittait la table, on rangeait les beaujolais et on sortait les bordeaux.

Votre premier verre de vin ?
Louis Sayer, le propriétaire de Clos des Lambrays, était le père d’un copain de lycée. Un jour, vers la fin des années 1970, il a ouvert un clos-des-lambrays 1917. C’était fascinant et incroyable de voir cette bouteille qui avait traversé deux guerres. C’est vraiment lui qui m’a expliqué comment on faisait du vin, qui m’a appris à le goûter. Et puis chez mes parents, il y avait tellement de dîners. Dès que les adultes avaient le dos tourné, je sifflais les fonds de verres.

Vous vivez aux États-Unis. Aimez-vous les vins américains ?
Sur ce sujet, je suis assez chauvin. Je ne bois que des vins français. Heureusement, on trouve tout aux États-Unis. Certes, ils sont plus chers, mais c’est déjà un bonheur de pouvoir y accéder. On peut dénicher des vins introuvables. Certains systèmes de bases de données vous donnent l’endroit où vous pouvez les commander. À une époque, j’étais fou d’un vin qu’on ne trouve presque plus, Zédé de Labégorce, en appellation margaux. Une toute petite production. Un jour, j’ai trouvé un caviste qui en avait quelques bouteilles. Je me demande encore comment elles sont arrivées là.

Et dans votre cave à New York, que trouve-t-on ?
Des vins de Bordeaux, des saint-estèphe, des saint-julien comme celui du château Gruaud Larose. J’ai longtemps été fier d’avoir des 2010 alors qu’on n’en trouvait plus nulle part. Quelques bourgognes rouges aussi, mais c’est plus difficile de trouver un bon bourgogne qu’un bon bordeaux aux États-Unis. J’ai une maison dans le Connecticut dans laquelle j’adore passer du temps, située à côté d’un charmant village qui s’appelle New Canaan. Il y a là-bas un caviste incroyable. Mais il a beau avoir des bouteilles formidables, il a peu de bourgognes.

Pas de vin du « nouveau monde » ?
Non. C’est idiot parce que je passe mes journées à prêcher l’ouverture d’esprit. Quand un gourmand regarde un plateau de fromages, il se dit qu’il peut manger vingt fromages différents. On ne peut pas envisager le vin de cette façon, alors je bois ce que j’aime le plus.

C’est quoi, pour vous, un grand vin ?
Le vin qui me touche, à la manière d’un grand livre, c’est ma définition du grand vin.

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