La disparition de Nicolas de Rabaudy

« Le soleil éclaire le grand salon aux six doubles fenêtres de l’appartement de la rue Beaujon, vue plongeante sur l’avenue Friedland, l’église Saint-Augustin et le dôme du Sacré Cœur au fond de l’horizon. Tout est lumière dans cet appartement. » Dans l’un de ses livres, certainement le plus autobiographique, Nicolas de Rabaudy décrit ainsi le lieu de son adolescence, celui où il révise paresseusement son bac en rêvant de lumière et d’étoiles.  Il nous a quitté ce dimanche 5 mai pour retrouver d’autres lumières et d’autres étoiles.

Grand bourgeois assumé, Nicolas de Rabaudy était pourtant le contraire d’un blasé ou d’un cynique. Entré en journalisme plutôt que dans la banque comme son père, Nicolas fit ses premières et grandes armes dans le fastueux Paris Match des années soixante et soixante-dix, celui de deux de ses (nombreux) héros Jean Prouvost et Roger Thérond. Sans jamais perdre cette passion d’un journalisme fait de curiosité et d’enthousiasme plutôt que de suspicion et d’idéologie, il construira un étonnant parcours professionnel dans tous les domaines de l’épicurisme, quittant les sunlights du cinéma pour les pianos de la gastronomie et la sereine lumière des chais. Cet amour du beau et du bon, ses rencontres avec tous les grands acteurs du vin et de la gastronomie, il les a partagés avec d’autres passionnés, dans ses innombrables articles et livres. Tous les habitués des masterclass du Grand Tasting n’ont certainement pas oublié ses interventions mémorables où, d’une voix de stentor, il interrogeait experts et vignerons ou partageait tout simplement un enthousiasme d’une sincérité réjouissante.

Car Nicolas était notre ami, un ami d’une fidélité et d’une loyauté jamais prises en défaut. Il nous manquera, comme il manquera à tous les épicuriens. À son épouse Dominique, toute l’équipe de Bettane+Desseauve transmet son amitié et ses condoléances. Adieu Nicolas, mon ami.

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