Bernard Magrez, le dernier Pape

Dans le documentaire intitulé « Bordeaux, le dernier Pape », Stéphane Reynaud fait le récit de la carrière hors-norme de Bernard Magrez en soixante-douze minutes. À regarder sans modération

Enfant battu, envoyé à 13 ans dans un pensionnat des Pyrénées, Bernard Magrez s’est juré de prouver à son père et au monde qu’il n’était pas un « raté ». Sa vie prend alors la forme d’une revanche. À 88 ans, installé au Château Pape Clément – demeure historique du pape Clément V – il règne en solitaire sur un empire viticole de quatre grands crus classés bordelais et d’une quarantaine de domaines à travers le monde. « Le boss de Bernard Magrez, c’est le client », rappelle Jean-Guillaume Prat, soulignant un sens du marché qui a révolutionné le commerce du vin.

Ses méthodes offensives, novatrices il y a trente ans, ont « laissé certains Bordelais dubitatifs », poursuit Jean-Guillaume Prat. Mais pour Bernard Magrez, l’évidence demeure : « Il faut produire des vins qui correspondent à l’attente des consommateurs sinon on ne vend rien ou très peu. » Derrière ce pragmatisme se cache un homme redouté, respecté, mais aussi isolé. « Depuis que je vis seul, mes enfants ne sont jamais venus chez moi (au Cap Ferret, ndlr), j’ai tellement un mauvais caractère », reconnaît-il. Sa fille le décrit sans détour : « Mon père gère l’entreprise en autocrate. » Son fils ajoute : « On n’était pas quatre à la maison, mais cinq. L’entreprise était présente aussi. »

À 88 ans, Bernard Magrez continue de bâtir, malgré la question inévitable de l’après. « Je ne peux pas ne pas penser à ma succession, mais je fais tout pour arrêter le plus tard possible », confie-t-il. Sa quête, forgée dans la douleur, demeure celle d’un homme en lutte : « Quand on vit pour quelque chose, on vit égoïstement. »

BERNARD MAGREZ

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