Au jeu des sept familles de terroirs de la Champagne, tous les amateurs connaissent évidemment bien la montagne de Reims, la côte des Blancs, la vallée de la Marne, sans oublier les vignobles de l’Aube, le Vitryat ou le secteur de Montgueux. On a ainsi tendance à oublier un peu vite le Sézannais, un dernier secteur d’importance avec 1 500 hectares répartis entre douze communes intégrées à l’aire d’appellation champagne depuis l’extension de 1959. Ce terroir campé à l’ouest de la côte des Blancs est orienté au sud et sud-est. Le sol y est majoritairement crayeux avec quelques incrustations de silex et d’autres zones plus sableuses. Plus important opérateur local au vu des surfaces exploitées (160 hectares pour 250 vignerons), Le Brun de Neuville est une jeune cave coopérative, fondée en 1963, qui a privilégié depuis l’origine un approvisionnement 100 % issu du Sézannais. Ici, le cépage majeur est le chardonnay, qui représente plus de 85 % des plantations, complété principalement de pinot noir et de façon anecdotique par quelques plantations de cépages anciens comme le pinot blanc, l’arbane ou le petit meslier. La qualité des vins clairs de la cave jouit d’une telle réputation que les grandes maisons de la Marne viennent régulièrement s’y approvisionner pour réaliser leurs assemblages. Depuis toujours, Le Brun de Neuville leur revend les deux tiers de ses vins tranquilles. Sous sa marque propre, les volumes atteignent 250 à 300 000 cols selon les années, vendus pour les deux tiers en France.
Sous l’impulsion de Damien Champy, président dynamique et ambitieux, entouré d’une équipe qui ne l’est pas moins, Roman Vaz en cave et Agathe Bellanger à la direction commerciale, Le Brun de Neuville vient d’investir cinq millions d’euros dans un centre de pressurage flambant neuf, permettant de séparer les cépages et les communes, pour pressurer les jus au plus proche de la parcelle. La gamme est assez large pour une structure de taille modeste, mais comme l’explique Damien Champy : « Le champagne permet de répondre à tous les moments de consommation, depuis 11 heures du matin jusqu’au milieu de la nuit, de l’apéritif jusqu’à la gastronomie, sans oublier la mixologie. Donc on va jouer sur les assemblages de cépages, le vieillissement en cave ou bien le dosage. » Certaines cuvées sont ainsi vinifiées sous bois avant la prise de mousse, ce qui leur confère un style très particulier, mais qui vieillit bien. C’est le cas des cuvées de la collection Autolyse, qui vieillissent dix à douze ans minimums sur lies et dont la richesse les destine à la table. En perpétuelle quête d’innovation, la cave s’essaie aujourd’hui à la dernière mode en Champagne, le ratafia, cette mistelle autrefois populaire et que les sommeliers locaux tentent de relancer avec un spectaculaire cérémonial de service, en bonbonne présentée sur chariot et prélevée avec une pipette. Sans oublier les coteaux-champenois, en rouge sur les deux parcelles des Foizardes (à Bethon) et des Vallées (à Montgenost) et même en blanc avec un essai permis par la haute maturité de la récolte 2025 (12,5° naturels), en cours de vieillissement.
Le Brun de Neuville, le temps des conquêtes
Un peu à l’écart des secteurs les plus célèbres de la Champagne, le Sézannais doit aujourd’hui son retour au premier plan à la dynamique maison Le Brun de Neuville. Son directeur, Damien Champy, peut compter sur l’équipe de talents à ses côtés pour aller encore plus loin
