Bordeaux, itinéraires de l’émotion

Au sud de Bordeaux, les routes descendent vers la forêt des Landes et la Gascogne. Graves, pessac-léognan, sauternes ou barsac, les appellations rencontrées s'appuient sur un terroir unique, des vins brillants et des lieux qu'il faut redécouvrir. Notre spécialiste s'y promène

4 raisons de redécouvrir Bordeaux côté sud

Les Graves sont le berceau du vignoble
C’est dans les Graves que les premières vignes du Bordelais ont été plantées il y a plus de 2 000 ans. Pour s’imprégner de la puissance d’une histoire singulière, on pousse la porte des joyaux architecturaux, on part sur les traces de personnages célèbres, à l’assaut des châteaux forts de la Gironde du Sud comme les châteaux clémentins (bâtis par la famille du pape gascon Clément V) entourés de vignes : Villandraut, Roquetaillade, Budos, Hamel. On continue de remonter le temps au château royal de Cazeneuve d’Henri IV et de la reine Margot, au château de Mongenan, cerné de jardins extraordinaires, ou encore dans les châteaux viticoles classés à la fois grands crus et monuments historiques comme celui de Malle, qui s’ouvre pour la première fois aux visiteurs. Sans oublier le château-forteresse de La Brède où est né et a vécu Montesquieu. Il y dicta L’Esprit des lois et veillait lui-même aux vendanges. Des visites guidées (réservation recommandée) permettent d’entrer dans l’intimité de cette personnalité essentielle du siècle des Lumières qui confiait : « Vous me parleriez de toute l’Europe, moi je vous parlerais de mon village de La Brède et de mon château ». Tout autour, les vignes, les douves et jardins incitent à la promenade.

Les liquoreux sont des vins uniques
Ce grand Sud bordelais brille aussi par la grandeur de ses vins doux, les plus réputés au monde. Vingt-sept grands crus classés en 1855 sont concentrés entre Sauternes, Barsac, Bommes, Fargues et Preignac. Enclavé dans les Graves, ce royaume des liquoreux est traversé par le Ciron, « l’or des sables », petite rivière dont les légendaires brumes favorisent le microclimat responsable du botrytis cinerea, ou pourriture noble. Dévoiler les mystères de ce « miracle de la nature », telle sera la mission de la Cité du vin sauternaise actuellement en projet, annonce Pierre-Baptiste Fontaine, le directeur de l’ODG Sauternes et Barsac. Le défi est de « dépoussiérer » l’image de ces vins perçus comme des produits de luxe et de garde, donc inaccessibles. Inaugurée à l’été 2022, la nouvelle Maison du sauternes, agrandie et réaménagée, remplit parfaitement son rôle pédagogique à côté des nombreuses initiatives des châteaux. Les vignerons se préparent aussi pour la deuxième édition de leur journée Arômes et Paysages, déambulation dans les vignes jusqu’au coucher du soleil et dîner gastronomique en cinq étapes qui se tiendra cette année le samedi 14 juin. Renseignements et inscription sur aromes-et-paysages.sauternes-barsac.com.

Le vignoble est proche de la ville
« Les Graves, c’est un paysage de rêve, un tableau sans cesse renouvelé par la lumière et les saisons », vantait l’écrivain François Mauriac, enfant du pays. À quelques minutes seulement du centre historique de Bordeaux, la vigne surgit intra-muros au château Carmes-Haut-Brion, unique en son genre. Puis elle s’insinue entre les pavillons de banlieue, à Pessac, terre des châteaux Pape-Clément et Haut-Brion. Au sud, elle se faufile ensuite entre champs de muguets, forêts de pins, collines verdoyantes, rivières sinueuses et, au détour d’un chemin creux, s’impose au sortir d’un village, Léognan (et son lac bleu), Martillac (et son « chêne de Montesquieu »), Cérons, Sauternes, etc. Une cinquantaine de kilomètres sépare la capitale girondine du sud du vignoble le plus méridional du Bordelais, très accessible, même sans voiture, douze gares se succédant depuis Bordeaux Saint-Jean jusqu’à Langon.

Les lieux d’accueil sont nombreux
Pour nous aider à concocter le wine trip parfait, la route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes lancée en 2009 met aujourd’hui en réseau 130 professionnels labellisés Vignobles et Découvertes (90 châteaux et 40 hébergements, restaurateurs, lieux de patrimoine et loisir, cavistes, maisons des vins). « Nous sommes un peu des challengers », observe Laure de Lambert Compeyrot, présidente de l’association, qui est aussi la propriétaire du château Sigalas-Rabaud. « Les gens se rendent d’abord à Saint-Émilion, puis en Médoc et ensuite arrivent chez nous. Cela nous pousse à sortir des sentiers battus à travers des offres œnoculturelles reflétant la diversité des propriétés et leur formidable dynamisme. » Au programme en 2025 ? « La montée en puissance des expériences proposées dans le cadre de La Bulle verte, explorations tranquilles en bas carbone mises en place dans les domaines. Le château Guiraud, par exemple, raconte son histoire à travers une visite à vélo de ses parcelles. Le château La Garde, en pessac-léognan, invite à appréhender la richesse de son écosystème varié peuplé d’amphibiens, de libellules, de chauve-souris et de nombreuses espèces d’oiseaux identifiées par la LPO. Nous avons douze propositions de ce genre et l’ambition de les développer de manière significative afin de les relier en un circuit spécifique. »

 

SORTIR

Château Latour-Martillac
« Dans une bouteille de vin, il y a plus d’histoire que de géographie. » L’adage de Jean Kressmann, père de Tristan et Loïc aujourd’hui aux commandes, imprègne la découverte de ces lieux dont la tour du XIIe siècle aurait été bâtie par les ancêtres de Montesquieu, né à un jet de pierre de là. Construite à l’époque d’Aliénor d’Aquitaine, elle faisait partie d’un fortin contrôlant l’accès au village. L’histoire se retrouve aussi côté terroir où une parcelle de 65 ares greffée en 1884 après la crise phylloxérique et baptisée Grapecap nous fait remonter au temps d’Edouard Kressmann, le fondateur. Conservatoire du patrimoine génétique des cépages blancs de la propriété (sémillon, sauvignon blanc et gris, muscadelle), cultivée à la main et labourée avec des chevaux, cette parcelle a donné naissance par sélection massale à d’autres parcelles du domaine. Elle est aussi à l’origine de la création de l’association pour la conservation des cépages blancs du Bordelais. Elle donne un vin racé, complexe et vif, parfait descendant de « ce petit graves dry dont Kressmann a le monopole » qu’Adelina Patti, dernière diva du XIXe siècle, exigeait sur ses tournées.
Le + : Visite en estafette et accords vin blanc (dont la cuvée Grapecap 1884) et caviar d’Aquitaine. Pique-nique dans le parc avec différents menus (terre, mer ou végétarien). Espace de dégustation et boutique.
Château Latour-Martillac
8, chemin La Tour, 33650 Martillac
Tél. : 05 57 97 71 11
latourmartillac.com



Château Pape-Clément

Au cœur de la galaxie Bernard Magrez, l’iconique grand cru classé de Graves est aussi l’un des doyens de l’appellation, créé il y a plus de 770 ans par Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux devenu Clément V. Au-delà des diverses visites et ateliers autour du vin (B-Winemaker, verticale, vins et truffes, etc.), une expérience « phygitale » ponctuée de contenus délivrés par des QR codes permet d’explorer les jardins en liberté et d’y découvrir les 600 variétés de plantes et d’arbres venus du monde entier. Cèdre du Liban planté lors de la Révolution, oliviers millénaires, ruches connectées (afin de mesurer la biodiversité), potager dont les récoltes font le régal des hôtes du château, on prend un un grand bol d’air et d’art, le végétal se mêlant ici à des œuvres contemporaines fortes, joueuses, poétiques. La balade artistique se poursuit à une dizaine kilomètres de là à l’institut culturel exposant la collection privée de Bernard Magrez.
Le + : Deuxième édition de la Journée des jardins en avril. Vins, mais aussi huile et miel du château disponibles à la boutique. Magnifiques chambres et suites avec prestations haut de gamme.
Château Pape-Clément
216, avenue Dr Nancel Penard, 33600 Pessac
Tél. : 05 57 26 38 38
chateau-pape-clement.fr


Château Les Carmes Haut-Brion
Véritable havre de verdure de dix hectares intra-muros, voici le seul cru classé situé dans Bordeaux. Son chai de métal aux lignes futuristes tranche avec le château du XIXe siècle situé quelques mètres plus haut. À la fois œuvre d’art et outil de pointe, conçu par l’architecte Luc Arsène-Henry et Philippe Starck, il semble fendre l’eau du ruisseau, le Peugue, qui traverse la propriété. Il n’est pas sans rappeler la proue des bateaux qui ont transporté pendant des siècles le vin de Bordeaux aux quatre coins du monde. Tout autour, un parc, des bassins, une fontaine du XVe siècle, des bosquets, permettent une évasion totale de l’agitation urbaine proche. On découvre là les spécificités d’un vignoble citadin clos de murs bénéficiant d’un climat moins froid, donc moins gélif, propice à une meilleure maturité des raisins. Le parcours se termine à la salle de dégustation, avec vue sur le cuvier, ou sur la terrasse panoramique qui permet d’embrasser l’ensemble du domaine.
Le + : Visites sur rendez-vous. Pause lifestyle à l’hôtel Mondrian Bordeaux Les Carmes (mêmes propriétaires), 5-étoiles du quartier des Chartrons dont le hall d’entrée arbore un mur entier de bouteilles de Carmes Haut-Brion.
Château Les Carmes Haut-Brion
20, rue des Carmes, 33000 Bordeaux
Tél. : 05 56 93 23 40
les-carmes-haut-brion.com


Château Carbonnieux
En 1787, avant d’être élu troisième président des États-Unis d’Amérique, Thomas Jefferson, passionné d’agriculture, gastronome et grand amateur de vin se rend au château Carbonnieux pour y déguster le « vin des odalisques » apprécié, jusqu’au XIXe siècle, à la cour du sultan de Constantinople. Du vignoble au caveau, où reposent plus d’un siècle de millésimes, on lui emboîte le pas. On s’émeut, entre autres, devant le pacanier qu’il planta dans le parc, dont il ne subsiste qu’un tronc et une branche depuis les tempêtes de septembre 2022, mais aussi des descendants, certains centenaires. Un peu plus loin, de vieilles parcelles de sémillon réveillent « le goût qu’on avait connu autrefois ». Elles ont en effet inspiré la micro-cuvée 1741 (date de la première vendange des bénédictins de Sainte-Croix qui habitèrent ici de 1740 jusqu’à la Révolution), élaborée comme cela se faisait au XVIIIe siècle.
Le + : Parcours pédestre entre vignes et forêt. Musée d’outils anciens, pichets et pots jacquots. Collection de voitures anciennes. Accords vins et fromages. Expositions d’art l’été.
Château Carbonnieux
Chemin Peyssardet , 33850 Léognan
Tél. : 05 57 96 56 20
carbonnieux.com


Château Suduiraut
De magnifiques jardins à la française, dessinés par Le Nôtre, entourent le château de ce premier cru classé de Sauternes reconstruit au XVIIe siècle après la Fronde et classé à l’Inventaire général du patrimoine culturel. Sur rendez-vous, on explore les merveilles de son terroir solaire (91 hectares de vignes), voisin de celui d’Yquem, et ses installations techniques. On en profite aussi pour aiguiser son odorat à l’Aromathèque et s’exercer à débusquer les senteurs très gourmandes de l’ananas, la mangue, l’abricot, la vanille, le citron confit, l’orange amère, le safran, la cire d’abeille, la cannelle. Certaines sont caractéristiques du sémillon lorsqu’il est touché par la magie du botrytis cinerea. D’autres, typiques du sauvignon blanc qui apporte une pointe d’acidité, gage de fraîcheur et de complexité aromatique. Le nez ainsi doté de super pouvoirs, on n’en apprécie que mieux l’étape de la dégustation, celle du premier cru et du second vin, mais aussi de grands blancs secs.
Le + : Ateliers vins et chocolat, vins et fromages, verticale de trois millésimes du premier grand cru classé.
Château Suduiraut
Suduiraut, 33210 Preignac
Tél. : 05 56 63 61 92
suduiraut.com


Château de Rouillac
« Rouillac est notre dada, on s’y attelle chaque jour et on lui donne ce que l’on est, avec passion et émotion », confie Laurent Cisneros, propriétaire depuis 2010 de ce domaine jadis possédé par le baron Haussmann (de 1864 à 1891), dont le monogramme surmonte l’entrée de la chartreuse Napoléon III. Dans une ambiance familiale, la visite des lieux réunit ses deux passions, celle du vin et celle du cheval, qu’il pratique en compétition internationale avec sa fille. Le chemin du cuvier aux chais passe donc toujours par les écuries. Les chevaux de sport y partagent l’espace avec les chevaux de trait, qui occupent une place centrale dans les travaux viticoles. « Le rapport à l’animal se rapproche beaucoup de celui que l’on entretient avec le terroir et le vin. Dans les deux cas, il faut beaucoup d’humilité, d’écoute, de respect pour pouvoir en tirer la quintessence. Ce sont eux qui donnent le tempo. » Laurent Cisneros est intarissable sur ce qui lie ces deux univers. Un lien concrétisé dans une cuvée spéciale, Le Dada de Rouillac.
Le + : Dégustation vins et chocolats, visite haussmannienne, visite dadaïque, boutique (accessoires du vin, épicerie fine, miel de Rouillac). Formation Horse coaching pour les managers.
Château de Rouillac
12, chemin du 20 août 1949,
33610 Canéjan
Tél. : 05 57 12 84 63
chateauderouillac.com


Château La Louvière
C’est ici, en lisière de la vallée de l’Eau Blanche, que débute l’histoire de l’appellation pessac-léognan, créée en 1987 sous l’impulsion d’André Lurton. Tombé en 1965 sous le charme de ce trésor néo-classique décoré des œuvres du maître flamand François-Louis Lonsing et entouré d’un parc somptueux, il le restaure pendant quarante ans. Ce sera « le chef-d’œuvre de sa vie », classé monument historique en 1991 et toujours aujourd’hui tourné vers l’avenir. La boutique de la propriété a été entièrement rénovée en 2021 et un nouveau programme d’ateliers a été lancé en même temps qu’un parcours de visite racontant l’histoire du domaine depuis le XIVe siècle, époque où la ville de Léognan était couverte de forêts peuplées de loups, et l’engagement de la famille Lurton en faveur de l’environnement. En conclusion, la dégustation de cet incontournable pessac-léognan se fait dans la salle du cloître ou en terrasse, sous les tilleuls, avec vue sur le parc.
Le + : Atelier sophro-tasting (à réserver au moins 48 heures à l’avance). Balades à vélo à travers vignes et patrimoine. Garden party aux beaux jours.
Château La Louvière
149, avenue de Cadaujac,
33850 Léognan
Tél. : 05 56 64 75 87
andrelurton.com/chateau/chateau-la-louviere


Château de Cérons
Récemment mis en lumière, le chai tricentenaire accueille la projection d’un film sur ses murs et barriques, « immersion poétique dans un verre de vin de Cérons ». D’autres surprises nous attendent chez Caroline et Xavier Perromat, aussi réputés pour leurs vins que pour leur accueil chaleureux et original. Dès ce printemps, on découvre ainsi les salons fraîchement restaurés de la chartreuse classée, on renoue avec le fameux pique-nique des quatre couleurs (graves rouge et blanc sec, Cérons liquoreux et vin orange, Coucher de soleil), suivi d’une sieste sur une douelle à l’ombre des vieux arbres du parc. Dès le mois de mai, les balades audioguidées reprennent dans la « presqu’île du château de Cérons », havre de biodiversité. Et on inaugure le 6 avril le premier brunch-concert dominical dans la rôtisserie du château, au coin de la cheminée, ou en terrasse, sous le magnolia.
Le + : Formules « Découverte » et « Au fil du temps » incluant la visite de la chartreuse, le spectacle dans le chai, le parcours sur la presqu’île. Déjeuners ou dîners à la rôtisserie du château.
Château de Cérons
1, Latour, 33720 Cérons
Tél. : 05 56 27 01 13
chateaudecerons.fr


Château de Malle
Arrivés en avril 2024, Luc et Clémence Planty ont ouvert les portes de ce domaine aux visiteurs pour la première fois. Construit au XVIIe siècle par Jacques de Malle, président du Parlement de Bordeaux, puis confié à Pierre de Malle, conseiller du roi Louis XIV, monument historique depuis 1943, le château déploie une architecture remarquable et 6,5 hectares de jardins d’inspiration florentine ornés de statues (mythologie grecque, travaux de la vigne et du vin) et dotés d’un théâtre à l’italienne prêt à accueillir des concerts (premier prévu le 3 juillet) et opéras. Sans oublier le vignoble de 50 hectares d’un seul tenant situé sur deux appellations, graves et sauternes. Il renferme aussi l’une des premières salles à manger du XVIIIe siècle, où l’on peut prendre place sur réservation avant de découvrir l’un des divers parcours à thème de cet endroit « à l’âme généreuse », ainsi que le définit Clémence Planty, qui met tout en œuvre pour incarner sa vision des lieux, « vivre et se réjouir ».
Le + : Flânerie aux jardins avec dégustation. Étape de la manifestation annuelle « Rendez-vous aux jardins » (6 au 8 juin 2025). Visite vin et patrimoine. Rencontre privilégiée (avec les propriétaires).
Château de Malle
33210 Preignac
Tél. : 05 56 63 59 33
chateaudemalle.com


GOÛTER

Château Coutet
Le nom de ce premier grand cru classé en 1855 dérive du gascon « couteau », évoquant bien le tranchant et la vivacité qui le caractérisent. Il rappelle aussi l’indispensable compagnon du gourmet et du cuisinier. De quoi nous pousser doucement vers la table, ici partagée avec les propriétaires, Philippe Baly ou sa nièce Aline. Ce sont les mieux placés pour nous raconter l’histoire de cette forteresse bâtie au XIIIe siècle, mais aussi expliquer comment, dès les années 1990, le domaine est entré dans une ère nouvelle, avec biodiversité dans les sols, ruches, œnotourisme, et un goût aiguisé pour les accords originaux, notamment ceux avec le homard et la dinde. « J’ai initié les Américains aux liquoreux de Coutet en l’accordant avec ces deux mets », souligne Aline, élevée à Boston. À notre tour d’apprécier ces accords contrastants entre les diverses facettes de Coutet et des ravioles de homard ou de la dinde rôtie au beurre d’herbes.
Le + : Visites et dégustations classiques et premium, ateliers (Les cépages de Sauternes et Barsac, L’évolution des vins liquoreux).
Table de Coutet
Château Coutet, 33720 Barsac
Tél. : 05 56 27 15 46
chateaucoutet.com



Château Climens

« Bien plus qu’un repas, nous souhaitons ouvrir l’esprit à un monde inédit d’accords mets et vins liquoreux, réinterprétés avec audace et finesse », explique Cristina Nieto, en charge du développement œnotouristique. L’expérience, réalisée avec la complicité du « chef à domicile » de la maison étoilée Claude Darroze à Langon, débute par un tour du vignoble, des chais et de la tisanerie (le vignoble 100 % sémillon s’est converti à la biodynamie en 2010). À table, de l’entrée au dessert, chaque plat est dicté par les blancs secs et liquoreux de Climens. L’œuf de ferme poché, asperges vertes et morilles fraîches sublime les blancs secs Asphodèle et Lilium, la ballotine de volaille fermière et langoustines appelle différents millésimes du premier cru délié et aérien, également en symbiose avec la recette signature de Claude Darroze, les pommes de saison en tarte fine caramélisée, crème glacée vanille bourbon. À réserver au moins deux semaines à l’avance.
Le + : Visites privées (uniquement sur rendez-vous) avec découverte du vignoble, des chais, de la tisanerie et de ses herbes médicinales et dégustation dans les salons du château.
Château Climens
Climens lieu-dit, 33720 Barsac
Tél. : 05 56 27 15 33
chateau-climens.fr


Domaine de La Solitude
Depuis plus de dix ans, sur réservation, la famille Bernard invite les amateurs à partager un repas à ses côtés (avec Olivier Bernard ou son neveu Jean-Camille) ou avec Grace Hafner, la maître de chai. « L’idée était de pousser l’expérience au-delà de la simple visite pour qu’une relation plus conviviale s’installe. » En cuisine, c’est Charles Pricart, chef du Cercle à La Brède, qui a pour mission de mettre chaque assiette au diapason des vins. Le pessac-léognan blanc 2017 du domaine de La Solitude est débouché avec le blinis de petit pois crème d’aneth et saumon fumé, le rouge 2005 du domaine de Chevalier noue un lien spontané avec la ballotine de volaille fermière label rouge truffée. Et pour finir, le sauternes Château Suau 2017 offre toute la douceur de l’abricot et du coing à un chocolat dans tous ses états. Chaque millésime est commenté par le chef de table. La visite des vignes et du chai constitue ensuite une parfaite promenade digestive.
Le + : Éventail de visites personnalisées du domaine. Sans réservation : initiation à la dégustation, dégustation à la barrique, atelier assemblage, accords vin et fromage.
Domaine de La Solitude
10, route de la Solitude,
33650 Martillac
Tél. : 05 56 72 74 74
domainedelasolitude.com


Château Guiraud
À deux pas du village de Sauternes, l’ancienne chapelle protestante et le hangar du château Guiraud, transformés en restaurant, rouvrent ce printemps sous la direction culinaire de l’excellent Yoann Amado (passé par La Tour d’Argent, le Bristol, la maison Darroze, et également chef du restaurant Le Cercle Guiraud à Sauternes). On s’installe à l’intérieur, sous le toit cathédrale, ou en terrasse, entre vignes, arbres, herbes folles pour découvrir une carte bistronomique à l’accent local et saisonnier, privilégiant autant que possible les récoltes du potager bio du château. Les bouteilles emblématiques de la région (dont bien sûr, celles de Guiraud), issues d’une viticulture vertueuse, chantent dans les verres quand arrivent la rémoulade de chou-fleur, hareng fumé, pomme verte, curry, l’échine de cochon rôtie au piment fumé, pomme purée ou le baba réinventé au sauternes par Juliette Bonnard, la cheffe pâtissière.
Le + : Jardin de la biodiversité, ateliers (maître assembleur, Guiraud et caviar, Guiraud et chocolat), visite à bicyclette, dégustation des trois vins de Guiraud, dont le premier grand cru classé certifié bio depuis 2011.
Chapelle de Guiraud
1, Château Guiraud,
33210 Sauternes
Tél. : 05 56 76 61 01
chateauguiraud.com/fr
Le Cercle Guiraud
14, rue Principale,
33210 Sauternes
Tél. : 05 56 76 60 87
lecercleguiraud.com


Restaurant L’Entrecœur
Le retour des beaux jours sonne dans ce restaurant la réouverture du bar à vins, avec son patio à l’ombre d’un érable. Aux manettes, Cédric et Agnès savent raconter l’histoire de chacune de leurs bouteilles (une cinquantaine de références dont une dizaine servie au verre). Et repérer celles qui vont vous suivre à table : sauternes Château des Rochers pour le saint-marcellin rôti au miel, pessac-léognan Château d’Eyran pour le pavé de bœuf blonde d’Aquitaine. Quant à la pavlova à la chantilly maison et fruits rouges, elle demande « un sauternes un peu plus tendu comme L’Ilot de Haut-Bergeron qui provient d’une parcelle de 4 hectares unique dans l’appellation située sur une île du Ciron ». De quoi faire rêver les gourmands. Le nom de ce lieu s’inspire d’ailleurs de ces petits rameaux de vigne non fructifères, un peu trop gourmands.
Le + : Prix unique de la bouteille ou du verre sur table, déterminé par appellation. Soirées thématiques, rencontres avec des producteurs, concerts, vins à emporter (prix cave).
L’Entrecœur
18, bis rue de la liberté,
33210 Preignac
Tél. : 05 56 76 81 62
06 11 82 19 88
l-entrecoeur.fr



VIVRE

Château Sigalas Rabaud
Au pied du plus petit des premiers crus classés en 1855, avec ses 14 hectares d’un seul tenant, coule le Ciron, la rivière mythique de Sauternes. Élevée au XVIIe siècle, la chartreuse avec vue sur Yquem et Lafaurie-Peyraguey a été rénovée pour mieux accueillir ses visiteurs. Cinq chambres d’hôtes conjuguent confort 5-étoiles et ambiance familiale. La maîtresse de maison, Laure de Lambert Compeyrot, arrière-petite-fille d’Henri de Sigalas, acquéreur de Rabaud en 1863, et présidente de la route des vins des Graves et Sauternes, est aux petits soins et intarissable sur l’histoire des lieux. Dès les premiers beaux jours, on s’installe sur la terrasse ou au bord du couloir de nage pour un dernier verre au soleil couchant. Sur demande, il est possible de partager la table privée où défilent les cuvées maison devant le feu de cheminée.
Le + : Visites et dégustations accompagnées. Expériences gustatives : harmonies entre sauternes et fromage, tapas sucrés et salés, assiettes gourmandes et mignardises. Chartreuse privatisable. Service d’un chef sur demande.
Château Sigalas Rabaud
33210 Bommes
Tél. : 05 57 31 07 45
06 26 31 45 93
chateau-sigalas-rabaud.com


Les Sources de Caudalie
Entre vignes et forêts, le château Smith Haut-Lafitte, célèbre cru classé de Graves, est aussi connu pour être le temple de la vinothérapie. Les Sources de Caudalie, c’est aussi un palace des vignes (5-étoiles) dont les chambres et suites se déclinent dans six maisons au charme fou : La Bastide des grands crus, Le Comptoir des Indes, La Maison du lièvre, La Grange au bateau, Le Village des pêcheurs ou encore L’Ile aux oiseaux, rappelant les cabanes tchanquées du bassin d’Arcachon. À 1,5 kilomètre de là, la chartreuse du château Le Thil abrite aussi onze chambres et suites. De quoi s’octroyer une longue pause et prendre le temps de découvrir le travail de « bio-précision » du domaine, notamment la tonnellerie du château, le chai furtif dédié aux jeunes vignes, fonctionnant en neutralité énergétique, et le parcours de land art (Forêt des 5 sens). Une petite faim ? Il suffit de traverser une allée bordée de vignes pour rejoindre l’un des trois excellents restaurants des lieux.
Le + : Spa Caudalie. Trois restaurants : La Table du Lavoir et sa cuisine bistrot ; La Grand’Vigne, double étoilé porté par le chef Nicolas Masse ; Rouge, un bar à vins-épicerie fine.
Les Sources de Caudalie
Chemin de Smith Haut-Lafitte,
33650 Martillac
Tél. : 05 57 83 83 83
sources-hotels.com/bordeaux/


Château Haut-Bailly
Établi sur l’une des croupes les plus élevées de la rive gauche de la Garonne, où s’épanouit la vigne depuis plus de quatre siècles, Haut-Bailly a su garder son caractère familial et un sens de l’accueil sans faille. L’année 2024 a été marquée par la métamorphose du château Le Pape, situé à 900 mètres de là, devenu la chartreuse Haut-Bailly. Ses cinq chambres d’hôtes, qui s’ajoutent à celles du château, invitent à une expérience apaisante. S’installer pour un moment de lecture dans le salon ou au bord de la piscine à débordement, face aux vignes ; déguster un millésime de Haut-Bailly dans les jardins dessinés par le paysagiste Camille Muller ; mais aussi visiter les nouveaux chais à la pointe de la technologie conçus par l’architecte Daniel Romeo. En rooftop, un jardin suspendu relie le château et les vignes, offrant une magnifique vue à 360°.
Le + : Prêt de vélos. Table du château dirigée par le chef Maxime Pommier (passé au Burgundy à Paris et chez Garopapilles à Bordeaux). Dégustations commentées.
Château Haut-Bailly
48, rue de la Liberté,
33850 Léognan
Tél. : 05 56 64 75 11
haut-bailly.com


Clos Floridène
À la croisée des appellations graves, barsac et sauternes, Jean-Jacques, fils de l’œnologue Denis Dubourdieu, « pape des vins blancs bordelais », perpétue l’œuvre familiale. Et y ajoute une dimension d’hospitalité. À quatre kilomètres de Doisy-Daëne, second cru classé de Barsac dans la famille depuis 1924, il est possible de séjourner au Clos Floridène, autre de ses joyaux, dans une jolie maison de vignerons rénovée avec goût, disposant de quatre chambres et de tout le confort (chef sur demande). À vélo électrique on peut suivre un itinéraire qui passe par les autres vignobles de la famille, les châteaux Cantegril et Doisy-Daëne. L’occasion d’en apprendre plus sur la patte de Denis Dubourdieu, chercheur mondialement connu, professeur à la faculté de Bordeaux et co-auteur du Traité d’œnologie paru en 1998 chez Dunod (en vente à la propriété) qui fait encore référence aujourd’hui.
Le + : À Doisy-Daëne, location de vélos, visite des chais et jardins (potagers et apicoles), dégustation des vins des propriétés familiales. Boutique.
Clos Floridène
10, Videau-Est,
33210 Pujols-sur-Ciron
Tél. : 05 56 62 96 51
denisdubourdieu.com/clos-floridene

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