Le champagne passe à table

Le concept de « champagnes à table » rappelle une évidence bien souvent négligée : le champagne, c’est aussi un vin de gastronomie. Cette réalité prend désormais la forme de déjeuners ou de dîners dédiés, où l’effervescence occupe enfin la place qu’elle mérite.

Derrière cette initiative se trouve une société créée par Anne-Marie Chabbert, dont l’objectif est clair : valoriser le champagne, ceux qui le produisent et la diversité de leurs savoir-faire. Une action qui entend redonner au champagne la place qui lui revient, au-delà du seul moment festif. Pour elle, « le champagne trouve tout son sens lorsqu’il s’inscrit dans une expérience culinaire complète ». Elle répète sans cesse que « les champagnes à table, ça fait sens », convaincue que l’effervescence peut sublimer un plat, révéler une texture ou faire vibrer un accord.

Concrètement, « Champagnes à table » se décline en rendez-vous gastronomiques organisés dans des restaurants étoilés ou des tables d’auteur, en présence des vignerons. Ces rencontres explorent des thématiques variées : cépages oubliés, mosaïque de terroirs, art de l’assemblage, cuvées parcellaires, ou encore rôle du temps et de l’élevage, des notions qui restent encore largement méconnues du grand public.

La mise en avant de cuvées 100 % meunier chez Pierre Gagnaire illustre parfaitement cette démarche. À travers des champagnes fruités, salins, précis, comme ceux de Bourdaire-Gallois, Apollonis ou Dehours, c’est une autre Champagne qui se dévoile : celle de la vallée de la Marne, où le meunier règne depuis des générations. Longtemps perçu comme un cépage rustique, il révèle au contraire une grande sensibilité, une exigence, une fragilité que les vignerons apprennent à maîtriser. Grâce à des pratiques plus douces – réduction du soufre, fermentations maîtrisées, conversions bio – le meunier signe aujourd’hui des cuvées d’une pureté remarquable. Il retrouve ainsi ses lettres de noblesse.

D’autres cépages longtemps marginalisés renaissent eux aussi : arbanne, fromenteau, blanc vrai. Grâce au travail patient de maisons comme Drappier, Aubry ou Chassenay d’Arce, ces variétés retrouvées offrent à l’Arpège, la table d’Alain Passard, des profils inédits : acidité vive, maturité surprenante, aromatique singulière. Cultivés en bio, souvent vinifiés sous bois, ils redonnent vie à un patrimoine presque disparu et apportent une diversité bienvenue face aux défis climatiques. Ces cuvées rares rappellent que la richesse champenoise ne se limite pas à ses classiques.

Au-delà du verre, le projet d’Anne-Marie Chabbert s’inscrit aussi dans la célébration du patrimoine champenois, au moment où la région fête les dix ans de son inscription à l’UNESCO. Il s’agit d’encourager les vignerons à raconter leurs terroirs, leurs choix d’élevage, leurs gestes quotidiens. Histoires de petites vallées de la Marne, de vieilles vignes des années 1960, ou de réserves perpétuelles initiées en 2013 : autant de récits qui témoignent d’un vin en perpétuelle évolution.

En remettant les champagnes au cœur du repas, Anne-Marie Chabbert invite à un nouveau rapport à la dégustation : plus attentif, plus curieux, plus respectueux des savoir-faire. Le champagne redevient alors ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un grand vin, vibrant, gastronomique, solidement enraciné dans son territoire.

 

Liste des prochains rendez-vous et réservations : https://www.annemariechabbert.com/champagnes-a-table

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