Le temps de la forêt



grâce aux glands de chênes semenciers. Un « semis » devient impénétrable au bout de dix ans. Au cours des vingt premières années,
plusieurs coupes sont effectuées afin de permettre aux plus beaux arbres de se développer. Puis la futaie est régulièrement entretenue
jusqu’à la coupe définitive des plus beaux chênes qui atteignent un âge vénérable, entre 200 et 250 ans.

(nombre d’arbres, taille de ceux-ci, état sanitaire, etc.) avant de participer à des enchères électroniques. Chacun inscrit le prix qu’il est prêt à payer.
Les participants découvrent ensuite qui a proposé combien et qui l’a emporté. Il faut évidemment essayer de gagner
les plus beaux lots sans compromettre l’équation économique de l’exploitation.

Seulement 20 % environ d’un arbre seront conservés pour faire du bois de barriques, le reste sera vendu pour l’ameublement ou autre.
La coupe a lieu en hiver, au moment où la sève descend. Un bûcheron, qu’on appelle émondeur, grimpe dans l’arbre,
élague les branches qui le gênent, puis le tronçonne à mi-hauteur. Ensuite seulement, l’arbre est tronçonné au pied.

et sa maîtrise des différents métiers (exploitant, mérandier, tonnelier). La qualité d’un bois dépend de la qualité de sa pousse.
Un sol pauvre entraîne une pousse lente qui jouera sur la qualité du grain. La connaissance intime de la forêt, de ses recoins, de ses subtilités,
est donc extrêmement importante. Comme avec le vin, la qualité de la matière première fait la différence.

Sur la coupe effectuée, son évaluation initiale était de 3,7 mètres cubes. Finalement, c’est 3,45. Avec ça, ils feront sept barriques.
L’arbre sera découpé en merrains qui partiront en maturation deux à trois ans (opération aussi appelée vulgairement « séchage »).
La tonnellerie les récupérera alors pour confectionner les barriques. Nous en reparlerons.
Château Kefraya, toujours plus haut
Les vendanges de 2024 au Liban, exceptionnellement précoces pour Château Kefraya, ont commencé le 6 août, une date sans précédent pour le domaine. Tous les cépages ont simultanément atteint leur maturité, ce qui a imposé une adaptation rapide pour éviter la perte de la récolte. La disponibilité de la main-d’œuvre, notamment des « badaoui » (les bédouins), a permis de répondre à cette urgence, soulignant la dépendance du secteur viticole vis-à-vis de la main-d’œuvre saisonnière.
Le fardeau géopolitique
Cette précocité s’accompagne aussi d’une pression politique accrue. En raison de l’instabilité géopolitique, les viticulteurs travaillent sans visibilité, ce qui engendre un stress constant. « Nous travaillons au jour le jour, nous ne savons pas si demain nous allons pouvoir continuer à exister », explique Fabrice Guiberteau, œnologue de Kefraya. Les affrontements entre le Hezbollah et Israël accompagnés de la peur d’une guerre régionale font stopper la consommation de vin et la visite des régions comme la Bekaa, traditionnellement fréquentée pour ses domaines viticoles. Le restaurant de Kefraya a ainsi été en partie à l’arrêt depuis janvier, et les expatriés libanais, qui généralement reviennent au pays l’été, n’ont pas répondu présent.
La crise économique
La crise économique qui frappe également le Liban est très profonde. Le marché intérieur est pratiquement à l’arrêt, tandis que les exportations, notamment vers l’Europe, les États-Unis et les pays scandinaves, deviennent vitales pour la survie du domaine. La reconnaissance et la consommation des vins libanais sur ces marchés assurent donc la pérennité de l’exploitation dans un contexte de crise économique et de guerre.

Le bio, un pari audacieux
En dépit de ces difficultés, Kefraya s’est lancé dans une démarche audacieuse : la conversion à l’agriculture biologique de ses 300 hectares de vignes. Fabrice Guiberteau explique que « contrairement à l’idée reçue selon laquelle une grande propriété ne peut être certifiée bio, le domaine a opté pour la certification européenne CCPB, contrôlée par un organisme italien présent au Liban. » Cette démarche de grande ampleur, première en son genre dans le pays, permet de garantir une production respectueuse de l’environnement. Cette transition vient accompagner une gestion parcellaire très minutieuse. Pour l’œnologue, « la qualité se fait à la vigne ». Le millésime 2020 est ainsi le premier à être entièrement certifié bio.

L’intra-parcellaire
L’approche parcellaire est aussi au cœur de la stratégie du domaine. Chaque cuvée est pensée en fonction de son terroir d’origine. Pour les plus prestigieuses, comme le Comte de M ou le château, seules les parcelles les plus qualitatives, situées entre 960 et 1050 mètres d’altitudes, sont utilisées. Plantées en cabernet-sauvignon (en 1995) et en syrah (dans les années 2000), elles sont identifiées pour donner des raisins de qualité, même dans des configurations climatiques difficiles. « La conversion au bio, l’utilisation de levures indigènes et l’élevage en amphore (en partie) renforcent la qualité et l’authenticité des vins de Kefraya », explique l’œnologue. Cette démarche permet aussi de répondre à une demande croissante de vins bio à l’international.
La dégustation de Thierry Desseauve
![]() Le nez dévoile des notes de fruits rouges parfaitement mures. En bouche, l’ensemble frappe par son énergie et sa tonicité. Le corps charnu est porté par une structure tannique fine et affirmée accompagnée d’une trame acide bien intégrée. 94/100 |
![]() Ce comte-de-M, au nez intense de fruits rouges et noirs affiche une robe profonde, des tannins fins et une finale longue et veloutée. 95/100 |
Moulin-à-Vent fête ses cent ans
« Moulin-à-Vent est certainement le cru du Beaujolais qui, au vieillissement, propose des vins avec le plus de complexité et de longueur, ce qui est connu depuis toujours », explique Michel Bettane qui connaît l’appellation « comme sa poche ». C’est d’ailleurs pour cette raison que le cofondateur du guide Bettane+Desseauve animera deux masterclasses pour présenter les caractéristiques des terroirs d’une appellation qui fête ses cent ans en 2024.
Organisée par Millésima, cette opération « panorama » propose aux clients de l’enseigne mais aussi aux amateurs et aux passionnés de vin de découvrir des appellations ou des régions viticoles selon des thématiques précises. Douze domaines seront ainsi présents pour faire découvrir leurs vins, en plein cœur de Paris. Si le millésime 2022 sera mis à l’honneur, deux à trois millésimes supplémentaires seront également proposés. Une opportunité unique d’échanger avec les producteurs et de plonger dans l’histoire captivante de l’appellation, racontée autour de deux masterclasses passionnantes, animées par Michel Bettane. Une chance pour tous les amateurs des grands vins du Beaujolais mais aussi pour les lecteurs de En Magnum qui peuvent bénéficier d’une réduction de 20 % sur les billets d’entrées et les masterclasses avec le code MAGNUM20.
Masterclass « Les lieux-dits mythiques de Moulin-à-Vent »
La découverte des parcelles renommées de l’appellation et présentation des caractéristiques de ces terroirs emblématiques.
Masterclass « Moulin-à-Vent à travers le temps : 1971-1993 »
Voyage dans le temps et focus sur le potentiel de garde des grands vins de l’appellation, avec la dégustation de millésimes entre 1971 et 1993.
Les domaines présents :
Château du Moulin-à-Vent
Château des Jacques
Domaine de Rochegrès (Maison Albert Bichot)
Domaine Louis Boillot
Domaine Merlin
Domaine Mont Bessay
Domaine Paul Janin
Domaine Richard Rottiers
Domaine des Moriers
Joseph Drouhin
Maison le Nid
Thibault Liger-Belair
Millésima Panorama
100 ans de Moulin-à-Vent
Quand ? Jeudi 17 octobre 2024 de 18h30 à 22h30
Où ? Pavillons Étoile & Presbourg, 12 rue de Presbourg – Paris
280 places disponibles, 20 places pour chaque masterclass.
Réservations sur www.millesima.com