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Le chef-d’œuvre de Telmo Rodriguez

Photo : Jason Orton

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Driving winemaker, c’est le surnom dont a hérité Telmo Rodriguez à force de parcourir en voiture les vignobles d’Espagne depuis trente ans et veiller sur les 355 parcelles et 43 cépages autochtones dont il s’occupe, répartis sur 80 hectares. Coup du sort, c’est pourtant à seulement quinze minutes de marche de chez lui qu’il a trouvé l’endroit idéal pour son grand vin de lieu, Yjar. Sa génération de winemakers est celle qui a voyagé et appris à comprendre sur le terrain ce qui faisait les meilleurs vins du monde, les dégustant avec les personnes souvent extraordinaires qui les élaboraient. Au début des années 1980, Telmo et son père sont persuadés que le vignoble espagnol de l’époque n’est pas encore prêt à accueillir le concept de grand vin. L’heure est plutôt à la production en grande quantité de vins bon marché. « Je n’étais ni au bon endroit, ni au bon moment », explique-t-il. « J’ai pris ma voiture et je suis allé visiter des vignobles en France, pour étudier les vins rouges de Bordeaux, du Rhône et de Bourgogne. » À son retour en Espagne, la Rioja s’est fait une place dans l’univers des grands vins fins. En se promenant dans le nord de la péninsule ibérique, il découvre alors de grands vignobles abandonnés. « Le potentiel de ces terroirs était sans doute meilleur que celui de certains en Rioja. J’ai acheté mon premier petit vignoble en 1994 et j’ai commencé à faire du vin. À l’époque, la mode était d’arracher les vieilles vignes pour planter du cabernet-sauvignon et du merlot. J’étais contre et je voulais produire des vins espagnols de qualité. » Telmo Rodriguez se rend compte de la complexité du vignoble ibérique et de son formidable potentiel, encore largement méconnu. Lui veut faire des grands vins avec les meilleurs raisins donnés par de vieilles vignes. Et s’occuper de petites propriétés à taille humaine, dix à quinze hectares, jamais plus de vingt. « J’ai continué à rouler et j’ai acheté en 1999 des vieilles vignes de garnacha plantées à mille mètres d’altitude dans la Sierra de Gredos. Ensuite, vingt autres hectares à Valdeorras que nous avons commencé à travailler en 2011. »

Villages de Rioja
La famille de Telmo, originaire du Pays basque francophile, avait acheté Remelluri, la plus ancienne propriété de la Rioja issue du monastère de Toloño, après être tombée amoureuse de l’endroit. « Mes parents ont été bien inspirés et ont commencé à y faire du vin. » À partir de 2010, Telmo commence à étudier et à comprendre les grandes caractéristiques de son terroir. « Des historiens sont venus faire des recherches. Les moines avaient quitté la propriété en 1420. Ce territoire important était dirigé par le duc de Hijar. À l’époque, c’était déjà le premier vin moderne d’Espagne et les 94 hectares de l’époque avaient été divisés en 220 parcelles. » Dans ce vaste ensemble, Telmo a distingué 3,8 hectares spectaculaires, situés au centre de la montagne Toloño dans un amphithéâtre naturel au sol de craie. Le joyau de Remelluri. « Yjar est plus qu’une cuvée ou un nom. C’est un vin espagnol avec un lieu, une histoire. Ce n’est même pas un vin de la Rioja, c’est plus ancien. Il a le goût pur qui exprime l’un des terroirs les plus étonnants de ce secteur. » C’est sans doute cette différence qui a séduit la place de Bordeaux et l’a poussée à distribuer ce grand vin parmi ses pairs internationaux, toujours plus nombreux. « La Place travaille avec des vins de classe mondiale. C’est difficile pour un cru espagnol de s’y faire une place avec une bouteille disponible à 300 euros. Il n’y a pas beaucoup d’histoires comme ça, à part Vega Sicilia ou Pingus. »

Vacqueyras entre finesses et Dentelles

Photo : Christophe Grilhé

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Avec les appellations voisines gigondas et beaumes-de-venise, vacqueyras fait partie d’un vignoble produisant ce que l’on pourrait réunir sous la dénomination poétique de « vins des Dentelles ». Le massif topographique unique en son genre des Dentelles de Montmirail protège en effet le petit village de Vacqueyras qui se love dans les contreforts de son versant sud-ouest. Intégré à l’aire des côtes-du-rhône au moment de sa reconnaissance en appellation (1937), le vignoble de Vacqueyras devient un cru à part entière en 1990, vingt ans après l’accession à ce rang de celui de Gigondas, voisin situé un peu plus au nord et différemment exposé. Cela explique le manque de notoriété de cette appellation modeste (1 400 hectares) et de sa production, dans les trois couleurs. Elle propose pourtant des rouges très réussis qui s’appuient sur un terroir que l’on peut diviser en deux grands ensembles. D’un côté, les sols de safres et de marnes qui entourent la commune de Vacqueyras, à l’est de l’appellation. De l’autre, les « garrigues », terrasse de galets et de graviers calcaires posés sur des sables argileux qui s’étend vers le village de Sarrians, au sud. La tradition viticole rhodanienne dans la vallée méridionale privilégie l’assemblage de parcelles et impose celui des cépages. La cahier des charges de l’appellation autorise intelligemment les vignerons à piocher dans un large choix de variétés, leur permettant de s’adapter aux effets du changement climatique, fortement ressentis dans le secteur des « garrigues », éprouvé par le manque d’eau lors des années de sécheresse.

Chacun cherche son style
Très prisés des consommateurs belges, les rouges sont généreux, toujours plus solaires que ceux de Gigondas et, de manière générale, assez traditionnels. Assez peu de producteurs anticipent pour l’instant une évolution du goût des consommateurs, mais certains proposent des vins moins puissants et moins extraits, davantage sur la finesse et l’équilibre. Portée dans cette voie par quelques chefs de file internationalement appréciés par la critique et les sommeliers de restaurants prestigieux (Domaine de Montvac, Domaine Montirius, entre autres), l’appellation est capable de proposer des vins rouges d’une grande élégance, précis et droits, au prix d’une maîtrise technique aboutie et de quelques investissements, surtout en matière de vinification et d’élevage, afin d’éviter de renforcer la puissance naturelle de ces vins charnus ou d’en extraire lourdement les tannins. Pour conquérir de nouveaux consommateurs, l’AOC vacqueyras pourra aussi s’appuyer sur la belle qualité de ses vins blancs, dont les volumes produits ne cessent d’augmenter. D’un niveau homogène dans l’appellation, ce sont de jolis vins de plaisir, francs, équilibrés et savoureux, parfois très fins pour ceux intégrant de fortes proportions de clairettes. Il lui faudra aussi redéfinir, avec plus d’exactitude, le style des vins qu’elle produit, sans être complexée par la réussite de certains crus mitoyens. Avant d’affirmer de manière encore plus évidente son appartenance aux terroirs grandioses et encore sous-estimés des Dentelles de Montmirail.

Les Gimmonet, équilibristes du champagne

Photo : Leif Carlsson

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Grand, la petite soixantaine, Didier Gimonnet est le cadet de sa génération. Il descend de la mezzanine où se trouve son bureau pour nous recevoir. C’était sa chambre d’enfant. Il a grandi là. Le champagne Pierre Gimonnet est une affaire de famille. C’est le grand-père qui a donné son prénom au domaine quand il a décidé, en 1925, de quitter la ferme familiale à proximité pour s’installer sur huit hectares de terres à vignes. À l’époque, le champagne n’est pas exactement l’Eldorado. Sur le tarif de 1935, Pierre vend du vin blanc pour les bistrots, du jus de raisin pasteurisé et du champagne, qui n’est pas le plus cher. En 1955, son fils Michel Gimonnet, le père de Didier, revient au domaine après avoir fait Supélec. Ce n’est toujours pas la fête pour la région. Il a fallu attendre la fin des Trente Glorieuses. Le retour de Michel n’était pas prévu, mais son frère est parti travailler ailleurs. Cela lui a souri puisqu’il est devenu directeur du vignoble chez Moët & Chandon, pour qui il a glané quelques centaines d’hectares. Didier et son frère Olivier sont arrivés quant à eux dans les années 1980. « Mon retour non plus n’était pas prévu, mais Olivier ne s’est pas entendu avec notre frère aîné, pour des questions de caractère. Une entreprise familiale, c’est particulier. Un mélange de rationnel et d’affectif. Mais Olivier et moi, on était d’accord. » Une habile répartition des tâches leur permet de ne pas se marcher sur les pieds. À Olivier le vignoble, à Didier, plus extraverti, la vinification et le commerce. « Nous restons polyvalents. Olivier, qui vient officiellement de partir en retraite, passait 40 % de son temps en cave. » Didier est précis. Il donne toujours des chiffres.

La relève est là
L’actualité chez Pierre Gimonnet, c’est la montée en puissance de la quatrième génération, Armand, le fils d’Olivier, et Pierre-Guillaume, l’un de ceux de Didier. Les deux trentenaires sont ingénieurs agricoles et ont leur diplôme national d’œnologue. « Ils aiment le style de la maison, qui est bien en place. Mais ils devront faire face à des changements viticoles et environnementaux. Les raisins qu’on récolte ont beaucoup changé en quarante ans. Avant, l’enjeu c’était de ramasser des raisins qu’on n’était pas obligé de chaptaliser. Maintenant c’est d’avoir des raisins qu’on n’est pas obligé de réacidifier. » Didier nous révèle la méthode du domaine qui comporte trente hectares de vignes, quasiment toutes situées dans un périmètre de deux kilomètres et demi autour de la maison. « Pour avoir de bons équilibres, il faut 90 à 95 jours entre la fleur et la vendange. Ce n’est pas tant le degré qui est important, ou le rapport sucre-acidité, mais l’équilibre. Il faut laisser à la plante le temps d’aller chercher des minéraux dans le sol. Aujourd’hui, on a le même équilibre que celui qu’obtenaient nos parents, mais avec dix jours de moins. »

Un style unique
Sinon, ce qui ne change pas au domaine, c’est le style, celui des chardonnays du nord de la côte des Blancs. L’essentiel de ses vignes est situé à Cuis, Cramant et Chouilly. « Il faut distinguer le nord de la Côte du sud. Au nord, la craie plus douce donne des vins crémeux, en dentelles. Le sud est plus pierreux, avec un style plus structuré. » La gamme est classiquement étagée, avec deux bruts sans année, des cuvées d’assemblage et des cuvées de terroir millésimées par village. « Le champagne, à 90 % pour cent, c’est un brut sans année qui donne le style de la maison, son identité. Après, on peut s’amuser avec quelques parcellaires, mais pas l’inverse. Nos cuvées de terroir ne représentent pas plus de 10 % de nos approvisionnements de chaque village, pour ne pas dépouiller les bruts. » On discute hiérarchie en Champagne, cette dénomination grand cru et premier cru donnée aux villages. On lui suggère que c’est très lié à la distance entre les villages et les cuveries des maisons de négoce, à Reims ou Épernay, à une époque où le transport était plus lent. « C’est réducteur. Cuis est très proche d’Épernay, mais a beaucoup de vignes exposées au nord. C’est un premier cru. Il faut raisonner en terroir. Cramant donne de très grand vins huit années sur dix. À Cuis, on a 20 % de très grand vins, quatre ans sur dix. » L’essentiel est de révéler ce terroir. « Pour cela, on utilise des contenants neutres. Pierre avait fait des essais. Il a gardé l’inox. Il a brûlé tous ses fûts. » Chez les Gimonnet, la recette est simple, de la craie, du chardonnay, des cuves inox. Pas de maquillage, mais de l’équilibre et de la pureté.

La fin d’un monde

Photo : Aurélien Ibanez

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Ici, pas une goutte d’eau. Là-bas, des récoltes ravagées par les maladies de la vigne. Les effets du dérèglement climatique se ressentent dans les chais. Mais aussi dans la comptabilité des entreprises viticoles. « Cette année, je ne fais pas de vin. » Sur ses neuf hectares, Anne-Victoire Jocteur Monrozier, vigneronne à Fleurie dans le Beaujolais, ne verra pas le résultat de ses efforts : « Je suis en bio, ce sont des vieilles vignes, le mildiou et le black rot ont tout raflé ». En ce début octobre, plus les semaines passent, plus le ciel s’assombrit sur les vignobles de France. Millerandage, coulure, gel, grêle, sécheresse, pluies discontinues, froid sans soleil en Bourgogne. Certains dans l’Yonne, à Chablis ou dans l’Auxerrois, ont pris la décision de ne pas vendanger. Résultat, la récolte française 2024 dégringole : 37,46 millions d’hectolitres au 8 octobre, soit 15 % de moins par rapport à la moyenne de 2019-2023 selon les prévisions du service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture. La consommation chute, elle aussi. Une tendance qui se poursuit, inexorablement. À la crise qui touche l’ensemble du mondovino, s’ajoute une crise structurelle. « En 50 ans je n’ai jamais vu ça », admet Bernard Magrez, propriétaire de nombreux châteaux viticoles dont quatre grands crus classés, du haut de ses 88 ans. Aucune région n’est épargnée, aucun acteur, pas même les crus classés de Bordeaux, qui ont dû revoir drastiquement leur prix de vente en primeur en 2024, ou la Champagne qui, malgré son organisation exemplaire, accuse un recul sur tous les marchés, effet de l’inflation et de la hausse des taux. « Même les riches souffrent aujourd’hui », concède à son tour Jean-Luc Thunevin, négociant et propriétaire du château Valaudraud, à Saint-Émilion. « Il y a bien sûr la disparition du marché chinois, mais le vrai problème, c’est que notre économie mondiale est en déflation, tous les secteurs d’activité sont en baisse, sauf l’IA. »

Dix tonnes à l’hectare
Aux premières loges de ce marasme, la rentabilité. Sans eau, pas de vin. Mais sans rentabilité, pas d’avenir pour le producteur. Comment la calculer, comment générer une marge suffisante pour que l’entreprise survive dans le temps ? « Les bonnes années, je vais gagner 500 000 euros. D’autres années, s’il gèle par exemple, je les perds », explique Jean-Martin Dutour, co-fondateur de Baudry-Dutour dans la Loire. « En 1990, j’avais fait soixante hectolitres, mais seulement cinq en 1991 à cause du gel, et qui n’étaient pas bons par-dessus le marché. Comment vendre dix fois plus cher une année moins bonne qualitativement ? Je suis obligé de faire une moyenne et de considérer ce flux sur un temps long. D’ailleurs, ça ne se calcule pas, ça se vit. » Seulement, plus les années passent, plus l’imprévisibilité s’impose, amplifiée par le dérèglement climatique. Cela rend le calcul des marges laborieux. « Impossible d’être rentable sans rendements équilibrés », estime Jean-Claude Mas des Domaines Paul Mas, 900 hectares dans le Languedoc et 1 500 hectares d’achats de raisin sous contrat. « Ici, dans la région, une moyenne de dix tonnes à l’hectare, plus en blanc, moins en rouge, est nécessaire. Cela passe par l’implantation des bonnes vignes sur les bonnes terres. » Et par nombre d’actions évoquées dans les trois premiers volets de notre enquête pour faire face aux bouleversements météorologiques : travail des sols, fertilisations naturelles, replantations de cépages résistants, ombrières, jusqu’à l’apport d’eau dans les zones d’extrême sécheresse. Mais tout cela a un coût et exige un temps fou. Et même avec un vignoble « vertueux », le vigneron n’est pas à l’abri d’une grêle ou d’un gel. « Les dégâts de la nature, ce n’est pas un fait nouveau. Quand je me suis lancé, je n’ai pas eu de gel ni d’inondation pendant dix-sept ans. Mon père me disait : “Tu sais que tu as de la chance !”. Depuis, on s’est rattrapé », sourit jaune le président des négociants languedociens. « Il faut avoir des fondamentaux solides. Je ne prétends pas être meilleur que les autres, mais je suis probablement prudent. » Prudent ? Comme un paysan. Une récolte à la banque, une en cave et une sur souche. Arriver à équilibrer, une de perdue, il en reste deux. « On est loin du fast business, du monde de la finance. On est dans le temps long. »

Quand ça craque
« Le climat, c’est peanuts ! », souffle un vigneron du Languedoc au bord de la crise de nerfs. « C’est chaud, très chaud, il faut ajouter les coûts de production et les charges qui grimpent, la pression des fournisseurs, le manque d’hommes compétents pour faire tourner l’activité. » Ce n’est pas un problème de qualité. Ni de vente : 50 000 bouteilles proposées à 9,25 euros hors taxe en moyenne, pour un coût de production estimé à 6,55 euros hors taxe, sans aucune marge d’investissement ni de développement. Mais même avec cette super performance, dans l’une des rares appellations qui a le vent en poupe dans la région, c’est la galère. « La lourdeur administrative… Mon employé passe 70 % du temps à faire de paperasserie qui n’a rien à voir avec le métier. La fiscalité est très lourde et la multiplication des tâches nous empêche de travailler sur l’essentiel. » Quand le vin se vend, c’est à quel prix ? Au prix humain ? Qui est prêt aujourd’hui à bosser jour et nuit, à passer son temps dans son activité professionnelle ? Nécessaire pour décoller, la passion trouve ses limites dans l’épuisement physique comme intellectuel du vigneron. « Je ne sais pas par quoi je suis le plus menacé », lâche à son tour Hervé Bizeul, pourtant connu pour son inusable résistance aux vents contraires. « Par la fin du repas traditionnel français ou par le réchauffement ? Je transporte de l’eau pour sauver mes vignes les plus rentables, ça me coûte dix mille euros. Les coûts de production augmentent de façon vicieuse, les normes anti-pollution ont pris trente mille euros, le gasoil augmente, les normes environnementales sont ridicules. On suffoque sous les contrôles, FranceAgrimer, Urssaf, DGGCRF, ODG, douanes. Pas un jour sans une nouvelle demande ou un nouvel empêchement. La viticulture est en train de mourir de ça ! Je ne sais pas si je vais m’en sortir. J’essaie d’élaborer des scénarios, j’ai des plans A, B, C, D. » Dans cette humeur particulièrement noire, il prévient : « Plus personne ne choisit ce métier. Les sols sont épuisés. Le savoir-faire agronomique a disparu. On n’aura plus les hommes, ni le savoir-faire, ni la technique, ni la pratique. » Et à tout cela, la société semble indifférente, regrette-t-il. Et nous aussi, avec lui.


« On ne compte pas nos heures »
Comment s’en sortent nos vignerons indépendants, ceux qui nous offrent, sans relâche, des vins de qualité ? Comment tiennent-ils la barre à la vigne, à la cave et au bureau dans ce contexte houleux ? Une viticulture de qualité peut-elle être encore rentable et durable sans être asservissante ? Eléonore, 31 ans, fille unique, est cogérante avec ses parents du château Teynac, à cheval entre les appellations haut-médoc (8 hectares) et saint-julien (4,5 hectares), depuis 2020. Elle reconnaît que tout est plus désormais plus compliqué : « Les négociants n’ont rien vendu de ce qu’ils ont acheté. » Alors elle se bouge, pas le choix. « Il faut se réinventer. » Avec d’autres vignerons et un négociant, elle crée une association pour s’unir pour mieux vendre, s’envole pour Hong-Kong avec le conseil des vins de Bordeaux et ouvre ses portes au grand public au printemps. Pas facile non plus pour Philippe Carrille, propriétaire du château Poupille en côtes-de-castillon, une appellation qui prône le bio. « Les peintures du chai, je les ferai une autre fois. On se met en mode survie, on attend que l’orage passe. Il faut être crédible face à son banquier. Tant qu’on fait du chiffre, au niveau fiscal, ça tient. » Au domaine Borie-la-Vitarèle, 21 hectares en appellation Saint-Chinian, Camille Izarn, qui a repris les vinifications il y a sept ans suite à la disparition de son père, y croit aussi. Malgré des efforts à la vente, le vin est moins sorti de la cave. Hors de question de déstocker pour autant. Même si la trésorerie faiblit, Camille a préféré mettre en bouteille fin août et stocker ses vins pour les vendre plus tard. Elle a aussi replanté de nouveaux cépages (bourboulenc, clairette, vermentino en blanc, riberenc, picoul noir, morrastel en rouge), le réchauffement n’attend pas. « On est impacté par tout à la fois. Pas facile de produire les vins qu’on aime sans visibilité. » Agathe Bursin, vigneronne à Westhalten, en Alsace, compte sur la compréhension de ses clients face à l’augmentation de ses tarifs, car tous ses coûts sont incompressibles. Pour sa vingt-cinquième vendange, elle résiste, offrant des vins toujours plus grands, grâce à deux fondamentaux : des parents très présents, au démarrage comme aujourd’hui, et la variété de ses marchés, en France comme à l’export. Autre paramètre essentiel, ne pas compter ses heures ! Marcel Richaud, 71 ans et cinquante vendanges derrière lui, est aussi de ceux-là, et la qualité de ses vins n’a jamais baissé. « Quand on fait ce métier, on le fait par passion et on est exigent avec les décisions prises. Comme les sportifs, on vise le meilleur et on fait tout pour que les vins soient irréprochables. » À ses côtés, ses enfants Claire et Thomas partagent leurs responsabilités sur ces 65 hectares en production (dont 50 en cairanne). « Ils ne comptent ni leur peine, ni leur temps. Nos employés ont conscience de réussir avec nous, ils touchent des revenus sur le bénéfice, on est basé sur le partage et sur la prise de conscience, on fonctionne comme ça. » Les vendanges se passent à cette image et chez les Richaud, on ne manque jamais de vendangeurs. Ils sont logés dans une maison confortable et nourris, avec des produits bio qui plus est. Côté clients, le caveau reçoit à l’année et génère 50 % du chiffre d’affaires.

Le Rhône entre les mains

Pour cette édition 2025 du salon « DVR », plus de 500 producteurs de la vallée du Rhône donnent rendez-vous à des professionnels venus de plus de 40 pays : les chiffres de « Découvertes en Vallée du Rhône » témoignent de l’envergure prise par l’événement. L’occasion pour les nombreux cavistes, sommeliers, grossistes, agents commerciaux, journalistes, importateurs et restaurateurs-hôteliers de découvrir ou redécouvrir la richesse et la diversité des vins de la vallée du Rhône, ainsi que le savoir-faire des vignerons de la région.
Au programme, masterclass et « tables de dégustation » rythmeront les dégustations ouvertes aux pros. Des moments d’échange qui ont pour ambition de donner une meilleure compréhension des terroirs et des cépages rhodaniens. Comme à son habitude, le salon dure quatre jours et suit le cours du fleuve, en ouvrant ses portes le lundi 31 mars à Avignon pour les refermer à Ampuis le jeudi 3 avril, offrant ainsi aux participants la possibilité de parcourir l’ensemble du vignoble, méridional comme septentrional. Nouveauté marquante de cette édition, les appellations du nord de la vallée (hermitage, cornas, saint-joseph, crozes-hermitage) ainsi que les vins du Diois seront présentées cette année à Mercurol.

Infos sur https://decouvertes-vins-rhone.com/newfront
Inscriptions sur https://decouvertes-vins-rhone.com/registration/dyX49jNQDxX318u5HqSkfwOH

Château La Marzelle, une renaissance attendue


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Face à Figeac, le château La Marzelle s’appuie sur 17 hectares disposés autour du lavoir romain de la propriété autour duquel s’organisent les bâtiments privés. Il devait y avoir à cet emplacement un puits dont la margelle transforma le patronyme du cru. Tout ce vignoble impeccablement tenu est sis sur un substrat de graves, de sables et d’argiles bleues. Cette haute terrasse de Saint-Émilion formée par l’ancien lit de l’Isle intéressait déjà au Moyen-Âge les cisterciens de l’abbaye de Fayze, établis à Artigues-de-Lussac. Une famille, les Largeteau, contribua grandement ensuite à développer la renommée du domaine viticole au XVIIIe siècle. On en trouve trace sur la célèbre carte de Belleyme (1821). Le cru jouit vraisemblablement déjà d’une grande réputation et affiche sur son étiquette une mention « premier cru classé » dès 1925, alors qu’il n’existe pas encore de classification officielle des crus de Saint-Émilion. Lors de la première, en 1955, La Marzelle accède au rang de cru classé, conservé depuis. Tombés sous le charme de la propriété, qui ne compte alors que 14 hectares, Jacqueline et Jean-Jacques Sioen, un couple d’industriels belges, l’acquièrent en 1998. Ils l’agrandissent en 2003 avec trois autres hectares contigus au vignoble existant. Depuis 2020, Jean-Charles Joris, leur petit-fils, prend soin de ce vignoble bien situé où l’encépagement compte 70 % de merlot, 20 % de cabernet franc et 10 % de cabernet-sauvignon. Dès 2008, des pratiques culturales vertueuses sont mises en place avec l’adoption d’une viticulture bio, certifiée à partir du millésime 2020. Le chai de vinification, construit en 2012, permet une maîtrise optimale des températures et de travailler avec des macérations préfermentaires à froid et de la manière la plus fidèle à la sélection parcellaire effectuée au vignoble. Égreneur et système de tri par bain densimétrique à la réception des vendanges ont aussi favorisé une sélection plus rigoureuse permettant de donner plus de pureté aux vins. Les vinifications douces et respectueuses du fruit précèdent l’élevage. Cent pour cent de barriques neuves avec des chauffes de faible intensité pour le merlot et le cabernet-sauvignon, tandis que le cabernet franc est élevé intégralement en amphores de terre cuite depuis 2019. L’arrivée en 2016 de Sébastien Desmoulin à la direction technique correspond à l’ascension qualitative du grand vin de la propriété, de plus en plus remarquable par son toucher de tannin velouté prolongé, sa bouche puissante et raffinée et une grande fraîcheur d’ensemble capable d’évoluer parfaitement dans le temps.

La dégustation :
2007

Le premier millésime qui intègre du cabernet-sauvignon (8 %). Tannin souple et  parfaitement fondu, bonne longueur. Il donne aujourd’hui beaucoup de plaisir.
88/100

2008
Beau potentiel avec un profil tout en droiture et une finale poivrée qui relance l’ensemble.
Un millésime sérieux.
90/100

2010
Vin coloré, puissant et charnu au tannin bien étiré avec ce qu’il faut de fraîcheur. À ce stade, il surpasse le 2009, qui manque un peu de nuances.
92/100

2011
Tannin ferme qui se détend au fil de l’ouverture. Tonique et caressant, c’est le millésime qui s’impose à une salade de chanterelles et foie gras. Même type d’assemblage que le 2010.
91/100

2013
Année charnière qui traduit la mise en place d’un outil plus performant pour la réception des vendanges. Belle réussite pour le millésime avec ce vin au nez floral et à la bouche dessinée.
90/100

2014
Velouté et vigoureux, avec une bouche qui rayonne et une finale qui rebondit. Le tannin
est bien arrondi et l’on sent bien la présence des cabernets dans l’assemblage. Ce vin gagne à être carafé trois heures avant le service.
93/100

2015
Premier millésime élaboré selon les préceptes de la biodynamie. Nez de fruits noirs mûrs, densité crémeuse et charnue, longueur généreuse. Un vin plus en texture qu’en arômes.
92/100

2016
Le premier millésime de Sébastien Desmoulin, le directeur technique. Sa plénitude est exprimée avec beaucoup de tact. Élancé et subtil, porté par une chair raffinée et pulpeuse, il tient toutes ses promesses.
94/100

2017
Les tables vibrantes avant et après l’égreneur vertical (Tribaie, puis Calibaie) parachèvent le travail entrepris dans les millésimes précédents en apportant un soin extrême à la vendange. Notes de menthe sauvage, élégance et profondeur en bouche. De la vitalité
et de la longueur.
93/100

2018
Remarquable velouté de texture rappelant celui des grands pomerols. Longueur impressionnante, le tout avec de la tension en bouche donnée par les 20 % de cabernet franc et les 5 % de cabernet-sauvignon.
94/100

2019
Pour la première fois, les cabernets francs sont élevés en amphores de terre cuite. Attaque soyeuse et bouche qui se développe sur un corps charmeur et ferme. Finale étirée, caressante et très expressive, avec des nuances florales et des notes de fruits noirs.
94/100

2020
Nouvelle étiquette avec ce millésime à la trame sobre et moderne. C’est le premier à être certifié bio, même si l’on travaillait en ce sens depuis plus d’une décennie. Texture veloutée, grande fraîcheur, dense, il gagne en nuances au fil de l’ouverture pour rayonner avec de délicieux accents lardés et fumés.
96/100

Philippe Blanc, monsieur Parfait

Photo : Mathieu Garçon.

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Pour sa trentième vendange, la météo n’a pas fait de cadeau à Philippe Blanc. Globalement exécrable jusqu’aux vendanges, le climat océanique s’est rappelé avec fracas au bon souvenir des vignerons bordelais après plusieurs années de beau temps et de soleil. Lucide et honnête, l’homme qui dirige ce cru classé en 1855 sait bien que le millésime ne sera pas celui du siècle. Mais il n’empêchera pas les saint-julien de cette propriété sublime de continuer à occuper une place de choix dans les caves des amateurs de vins fins de Bordeaux grâce au travail mis en place ici depuis le début des années 2000. Acquis en partie (avec l’assureur GMF) en 1986 par Suntory, l’une des principales sociétés japonaises de spiritueux, rejoint au capital par le groupe Castel en 2011, Beychevelle a traversé l’histoire au gré des différentes familles qui se le transmirent, des comtes de Foix-Candale au Moyen-Âge jusqu’aux Achille-Fould à la fin du XIXe siècle, qui en accrurent considérablement le prestige.

Une identité forte
Le terroir de Beychevelle, qui s’étend sur 250 hectares, dont 90 de vignes, est posé sur deux plateaux de graves garonnaises capables de restituer au cours de la nuit la chaleur des journées chaudes. Il est planté depuis longtemps avec une forte proportion de merlot (40 %), ce qui est assez rare dans le Médoc où le cabernet-sauvignon est roi. Plus étonnant, ces merlots sont plantés sur les meilleures croupes de graves, propices aux cabernets. Leurs excellents résultats sur ce terroir ont toujours incité les équipes techniques de la propriété à ne pas les arracher, même si Philippe Blanc reconnaît qu’elles ne les renouvelleront sans doute pas quand leur heure viendra. Tout au long de son mandat (en cours), Philippe Blanc a contribué à faire de Beychevelle un saint-julien de grande classe autant qu’une marque forte sur la place de Bordeaux. Sous son impulsion, le nouveau cuvier réalisé en 2016 par Arnaud Boulain a permis la mise en place d’un travail de vinification sur mesure, adapté à chaque parcelle identifiée dans le vignoble et capable de prendre en compte les écarts de maturité entre elles. Innovant pour l’époque, il répond aux enjeux énergétiques actuels puisque son design et sa structure semi-enterrée permettent de réguler naturellement la température intérieure. C’est dans cet écrin ultra précis que naissent le grand vin, et son second, Amiral, issu d’un vignoble distinct et rigoureusement sélectionné.

Seul compte le travail
Les deux vins, médocains par leur sève, leur race et leur fraîcheur, séduisent aussi par la finesse aromatique florale (violette, rose, pivoine, etc.) dont ils font preuve dans leur jeunesse. Modernes en cela, ils portent pourtant en eux les facultés de garde des meilleurs vins de la rive gauche, prompts à émouvoir pendant des décennies. La propriété cultive cette spécificité avec une collection d’anciens millésimes, pour certains vieux d’un siècle au moins. Performants sur les marchés, notamment en primeur, les vins de Beychevelle sont aussi un modèle commercial à suivre. Deux raisons peuvent expliquer ce succès : une politique tarifaire encore abordable pour cette catégorie (moins de 150 euros TTC la bouteille du grand vin dans le millésime 2020) et une visibilité renforcée par la création d’une offre œnotouristique pour les particuliers comme les professionnels, « ni hôtel, ni chambre d’hôte, mais maison de famille », notamment La Table de Beychevelle. « Les sorties primeur témoignent de notre succès : 12 euros en 1995 et 56 euros en 2022. Toutes nos campagnes ont été des réussites incontestées », constate Philippe Blanc avec son humilité naturelle. Pas question de prendre de grands airs. Il sait que Romain Ducolomb, le directeur technique qui l’accompagne, a fort à faire pour maintenir ce niveau d’excellence. Avant de partir un jour à la retraite, Philippe Blanc a encore des projets, création d’un vin blanc, agroécologie, réduction de l’empreinte carbone, réévaluation de la quantité de barriques neuves, maîtrise des datas, etc. « L’intelligence artificielle pourrait bouleverser les méthodes actuelles, et il sera difficile d’y échapper », anticipe-t-il. Prendre de l’avance, voilà comment résumer les trente vendanges de ce passionné de sport, marathonien accompli, aussi intransigeant et exigeant que jovial et accessible. Trente ans et soixante pays parcourus pour faire briller le style intemporel des vins de Beychevelle, l’élégance des vins de Bordeaux et cette flamme qui brûle en lui, sans faiblir. Qui peut se flatter d’avoir pareil bilan ?

Aberlour, l’étoile du Speyside

Photos : Mathieu Garçon.

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Nichée au cœur du Speyside, la région emblématique de l’industrie du whisky écossais, la distillerie Aberlour s’est imposée comme une référence de sa catégorie dans l’esprit des amateurs. Parvenir à ce niveau de reconnaissance n’aura pourtant pas été un long fleuve tranquille pour cette maison qui doit son existence à la vision de James Fleming, un entrepreneur philanthrope et visionnaire. L’homme rêve de produire un whisky de qualité tout en participant au développement de sa région. Il comprend rapidement qu’il n’y a pas de grand single malt sans avoir à disposition une eau douce, fraîche et limpide, comme celle qui ruisselle dans les collines du mont Ben Rinnes jusqu’à la rivière Lour, près de laquelle il installe sa distillerie. Cette source d’eau pure est idéale pour la production de whisky. Un incendie dévastateur ravage les installations en 1898. Et la reconstruction partielle de la distillerie lui fait sans doute prendre conscience de la fragilité de la nature sauvage dans laquelle elle s’inscrit.

Le mont Ben Rinnes.

S’engager pour la nature
Pour la protéger activement, Aberlour a depuis adopté des pratiques durables à chaque étape de sa production, organisant une gestion responsable de ses ressources naturelles, en particulier l’eau et l’orge. Utilisée lors du processus de distillation et aujourd’hui purifiée à l’aide d’une technique de micro-filtration biologique et mécanique, l’eau a toujours été au centre de toutes les attentions d’Aberlour, conformément à l’impératif de James Fleming : « Une fois l’eau purifiée, elle est immédiatement restituée à la rivière d’où elle provient ». Le fondateur souhaitait que l’orge nécessaire à la fabrication des single malts soit « cultivée et récoltée localement, au cœur du Speyside ». Aujourd’hui, Aberlour collabore étroitement avec les producteurs d’orge de la région, mais aussi en collaboration avec la Scottish Whisky Association, dans le but d’améliorer les pratiques agricoles et d’installer des méthodes durables. La distillerie s’est engagée à réduire son empreinte carbone en adoptant une gestion éco-responsable de l’énergie dont elle a besoin et des déchets qu’elle génère. Elle privilégie ainsi désormais le recours à une électricité produite par des énergies renouvelables (hydraulique et éolienne). Une démarche vertueuse où les nouvelles technologies sont mises à contribution. Un projet permettra bientôt la mise en place d’un procédé novateur de recompression mécanique des vapeurs (MVR) afin de les récupérer et de les revaloriser, notamment pour chauffer les alambics lors de la distillation. Toujours dans ce souci de protéger son environnement, Aberlour s’est également investie dans des projets locaux de conservation et de reboisement du secteur.

La rivière Lour, près de laquelle est installée la distillerie. Cette source d’eau pure est idéale pour la production de whisky.

Un style riche et complexe
Actuel master distiller d’Aberlour, Graeme Cruickshank a donné une touche personnelle et très contemporaine au style classique des whiskys de la maison, sans changer la tradition d’excellence à l’œuvre ici depuis toujours. Exigeant et précis, il rappelle que « l’attention portée aux détails est primordiale, de la sélection des fûts jusqu’au contrôle de chaque étape de production. Chaque whisky est le fruit d’un équilibre subtil entre tradition et innovation ». Fruité caractéristique, richesse aromatique, profondeur et intensité, les qualités distinctives des whiskys Aberlour sont aussi dues en grande partie à leur vieillissement en fûts de chêne ayant contenu à la fois du sherry Oloroso et du bourbon. Une double spécificité qui leur confère une complexité unique, mariant notes de fruits secs, de chocolat, d’épices et de caramel. Large, la gamme de whiskys proposée par la maison s’adresse aux débutants comme aux connaisseurs exigeants. Parmi les références, le 12 ans d’âge accessible et équilibré est une bonne introduction au style de la distillerie, tandis que les 16 et 18 ans d’âge, complexes, séduisent par leur richesse et leur profondeur.

Les alambics utilisés par Aberlour sont inhabituellement larges à la base et s’affinent vers le haut comme un col de cygne. Ils contribuent à façonner le style unique de ses whiskys.

La dégustation
A’Bunadh, l’esprit Aberlour
C’est sans doute le whisky qui incarne le mieux l’esprit d’Aberlour. Non filtré à froid et embouteillé brut de fût, il s’adresse aux amateurs en quête de malts vieillis en fûts de sherry. Robuste et puissant, son taux d’alcool est souvent supérieur à 60 % en raison de sa méthode d’élaboration traditionnelle. Aberlour partage aussi certains des trésors qui dorment dans ses chais (voir ci-dessous pour le dernier en date).
77 euros

Small Batch 17 ans, single time
Dernière exclusivité proposée par Aberlour (seulement 432 bouteilles pour la France), ce Small Batch 17 ans est élaboré à partir d’une orge fraîchement sélectionnée dans
un périmètre de 24 kilomètres autour de la distillerie et d’une eau pure provenant de la source de Birkenbush. Ce single malt non filtré à froid résulte d’un assemblage minutieux de fûts de chêne américain de premier remplissage (42,6 %) et de fûts de sherry (57,4 %), embouteillé à la force du fût à 58,8 %. Le résultat : une richesse remarquable mêlant douceur, notes d’agrumes et épices et un équilibre parfait de saveurs témoignant du savoir-faire de la maison. Sa double maturation, en fûts de sherry et de bourbon, est la signature de la marque.
225 euros