Hospices de Beaune, 158e édition

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L’édition 2018 de la célèbre vente de vins du domaine des Hospices de Beaune se déroulera ce dimanche et la traditionnelle ”pièce du président” sera proposée aux enchères cette année en vue de soutenir l’Institut Pasteur, représenté par Nathalie Baye et Erik Orsenna, ainsi que l’association Asmae, représentée par Alice Taglioni. Le vin choisi pour cette mission de charité initiée en 1978 est issu de de « l’un des plus majestueux climats des grands crus de la magnifique colline de Corton », le Clos du Roi, ex-propriété royale enlacée par les Renardes, Bressandes et Perrières dont l’hôpital-vigneron de Beaune de Beaune possède environ 0,85 hectare donnant naissance à la cuvée Baronne Du Baÿ. Ces parcelles âgées de 20 à 45 ans ont été récoltées début septembre « par un temps superbe et lumineux. »

Les fruits ont été mis en cuve le jour même (« Les grappes ont une charpente plutôt moyenne à petite et les baies sont aérées. Elles sont gorgées de sucre, sans être sur-mûries et leur peau renferme des tanins prometteurs à la dégustation ») et une macération d’une durée de presque trois semaines a permis d’en extraire « des arômes fruités et épicés ainsi que des tannins déjà ronds (car très mûrs) et puissants à la fois. » Rappelons que comme chaque année, l’amateur pourra acquérir certaines des cuvées issues de cette récolte 2018 avec la maison Albert Bichot, premier acheteur de la vente des Hospices depuis vingt ans (la sélection 2018 est à découvrir ). En attendant, nous reproduisons ci-dessous le commentaire de Ludivine Griveaux, en charge du domaine et des vins des Hospices, à propos de la climatologie qui a marqué ce millésime.

Hospices de Beaune 2018, la météo

« Après l’arrière-saison très agréable de fin septembre et octobre, le début de l’automne sera marqué par une pluviométrie record. Les températures sont rapidement moins douces et l’hiver vient s’installer en novembre et décembre. A contrario, janvier est très doux avec presque 4°C de plus que les normales de saison (6.9°C de température moyenne). Il faut attendre février pour connaitre enfin quelques jours consécutifs de températures négatives et un peu de neige qui hydrate lentement nos terres. La pluviométrie, entre octobre et mars, atteint le deuxième plus gros cumul des 25 dernières années avec presque 500 millimètres sur la côte de Beaune. La luminosité est faible avec un ensoleillement déficitaire tout au long de l’hiver. Au final, il n’y a pas vraiment eu d’hiver puisqu’on relève seulement huit jours à température négative. En mars, la végétation reste dans son état de repos, on s’attend à un démarrage tardif de la vigne. »

« Autour de mi-avril, et durant une bonne partie du mois, de belles journées printanières réchauffent l’atmosphère. La végétation n’attendait que ça pour pousser car, au 10 avril, les réserves d’eau sont là : il est déjà tombé plus de 40 % du cumul annuel sur Beaune par exemple. La semaine du 17 avril dépasse même de 10°C les normales saisonnières. Cette année encore, la fin du mois est plus chaotique, tout le monde scrute les prévisions météorologiques qui annoncent des risques modérés de gelées d’autant plus que la pousse des rameaux ayant été très active et au vue des conditions d’humidité annoncées, ils ne résistent qu’à -0.5/-1°. Au final, les dégâts sont très faibles et le soleil revient : 12 % d’ensoleillement en plus sur avril. Dès le mois de mai, plus question de parler de millésime tardif. Au 7 mai, les températures affichent entre 26 et 28°C. Grâce à la disponibilité en eau des sols, tous les paramètres sont donc réunis pour placer 2018 dans le peloton des années les plus précoces telles que 2015 ou encore 2011. »

« L’été s’installe parfois avant l’heure engendrant de fortes températures qui ont mené au premier épisode de grêle (léger) sur Chassagne-Montrachet, Puligny-Montrachet, Saint-Aubin. Les pluies de mai sont parfois faibles, et surtout très irrégulières d’un secteur à l’autre : 1 mm à Beaune quand Meursault affiche 24 mm dans le pluviomètre. La végétation galope, les fleurs embaument déjà l’air de leur délicat parfum au 29 mai. En juin, revirement total de situation tel que le décrit la chambre d’agriculture au 5 juin : “le pluvio déborde !” Les pluies sont incessantes, et leur caractère orageux rend les situations très hétérogènes : les épisodes des 3 et 4 juin ont marqué tous les vignerons, avec ces orages où la pluie du mois est tombée en deux jours. La nouaison s’enclenchait à peine que, déjà, quelques impacts de grêle sur Pommard sont visibles. Comme sous les tropiques, les températures restent clémentes et la vigne n’en finit plus de pousser. Elle parfois pris presque un mètre de rameau en une semaine. Il faut attendre le 12 juin pour que le front d’orage quitte enfin le vignoble. On respire, enfin un jour sans pluie depuis les 18-21 derniers jours écoulés. Au 26 juin, on note même quinze jours sans pluie, avec des températures estivales sur la dernière quinzaine. L’ensoleillement finit même par être excédentaire (+43h). A en perdre son latin ! »

« Début juillet génère des cumuls variables, la côte de Nuits n’est pas épargnée : 85 mm en deux jours alors que le sud de la côte de Beaune est très peu arrosé. La grêle frappe Premeaux-Prissey, Corgoloin et Nuits-Saint-Georges, parfois durement (50%). La précocité du millésime est proche de 2015. Les premières grumes se colorent autour du 17 juillet, ce qui est vraiment précoce. Le 23 juillet, un troisième épisode de grêle en trois semaines frappe de nouveau la côte de Nuits mais aussi Pommard et Beaune, parfois significativement. Entre chaque pluie, les températures restent au dessus des normales de saison : juillet compte vingt-deux jours sur où les températures ont dépassé les 28°. C’est deux degrés de plus que la normale. Un temps caniculaire s’installe sur la Bourgogne lors de la première décade d’août où la maturité avance à grand pas. Les cumuls d’eau étant très hétérogènes, certaines vignes ont déjà atteint plus de 50 % de véraison alors que d’autres aimeraient bien avoir un peu d’eau. L’ensoleillement bat des records au 2 août avec un excédent de 86 h par rapport à la normale. »

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