L’appellation montlouis-sur-loire intègre un nouveau vin à son cahier des charges

Du chenin, toujours. Des bulles, encore. Mais avec une autre méthode que la traditionnelle.

C’est sous le terme “originel” que l’AOC montlouis-sur-loire, qui produit six types de vin blanc à partir du cépage chenin (sec, demi-sec, moelleux, liquoreux, méthodes traditionnelles et mousseux) a récemment intégré à son cahier des charges un nouveau vin effervescent à la méthode d’élaboration unique : « Le terme “originel” renvoie au fait qu’il s’agit de la première méthode utilisée pour faire de la bulle, avant même celle du champagne ou du crémant, mais également au fait que, contrairement à la méthode traditionnelle, sa bulle naît de sa première et unique fermentation. » Dans le droit fil du retour au pétillant naturel, vin de niche plus familièrement appelé pét’ nat’ par ses amateurs, « cette bulle est une belle endormie qui a refait surface ces dernières années sous l’impulsion de vignerons ligériens audacieux qui ont réussi à sécuriser la technique originelle d’élaboration des effervescents. »

Pétillant naturel ou pas tout à fait ?

Pratiquée par quelques-uns des vignerons* de cette appellation née en 1938, qui compte quarante-cinq producteurs indépendants et coopérateurs sur un territoire de 450 hectares bordé par la Loire et le Cher, cette méthode consiste à embouteiller pendant la fermentation, en laissant le sucre résiduel et les levures indigènes poursuivre la fermentation dans la bouteille, sans aucun ajout (hormis le soufre en usage très limité). Si l’originel de Montlouis-sur-Loire ressemble à un pétillant naturel, il n’en est pas tout à fait un, explique Damien Delecheneau, le président de l’appellation, qui met en avant la triple dimension terroir, millésime et vigneron de cette production : « En France, le pétillant naturel est généralement produit sous la dénomination “vin de France” et se soustrait donc aux contraintes d’une AOC. À Montlouis-sur-Loire, nos vignerons qui maîtrisent la technicité de cette élaboration ont souhaité protéger ce savoir-faire et lui donner une place entière dans leur cahier des charges. »

Des contraintes, une ambition

Définir précisément le savoir-faire artisanal et naturel de la technique, c’est une première qui permet de sortir ce mousseux sec de l’effet de mode et de mieux mettre en valeur le travail du vigneron. Pour voir le jour et obtenir sa profondeur de fruit, ce vin nécessitera un raisin à parfaite maturité, une récolte manuelle, des rendements maîtrisés (identiques à ceux des vins tranquilles, soit 52 hectolitres à l’hectare contre 65 pour la méthode traditionnelle) et un haut niveau d’exigence de la part du vigneron (pressurage direct de la vendange entière, sans éraflage ni foulage, filtration et ajout interdits, neuf mois sur lattes au minimum, dégorgement obligatoire, etc.). «  Notre ambition est d’inscrire cet effervescent comme un véritable vin de garde qui exprimerait clairement le potentiel de maturité du chenin. Le fait de ne pas ajouter de liqueur va permettre de laisser parler le millésime. Enfin, on peut tout à fait imaginer des cuvées parcellaires, mettant en valeur la richesse des terroirs de Montlouis. »

* Par exemple, les domaines Laura David (Naturelle 2018), Lise et Bertrand Jousset (Bubulle 2018), La Grange Tiphaine (Nouveau Nez 2018), Le Rocher des Violettes (Pétillant Originel 2017), le domaine de La Croix Mélier (La Bulapapa 2018) ou encore la cave des producteurs de Montlouis (Origine M 2018)