On le sait, la fraîcheur est un facteur clé en ce qui concerne l’équilibre des vins. En particulier pour les blancs. Dans ce contexte, le retour en grâce de l’aligoté en Bourgogne ne surprendra personne. On le doit à quelques vignerons qui ont décidé, un jour, de le faire sortir du placard
Le vent peut tourner rapidement, même dans le monde du vin. Cantonné à un rôle marginal – il représente environ 6 % du vignoble – l’aligoté a longtemps fait figure de souffre-douleur à côté du glorieux chardonnay, qui a fini par monopoliser les meilleurs terroirs bourguignons au fil des siècles. La création de l’appellation village bouzeron (ex-appellation bourgogne aligoté Bouzeron) en 1998 a marqué un premier tournant. Une nouvelle belle page de son histoire s’est ouverte, autour d’une belle tablée, un jour de 2017. Les vignerons Laurent Fournier, Sylvain Pataille et Jérôme Galeyrand s’étaient donné rendez-vous au restaurant Boisrouge (à Flagey-Echezeaux). À la carte du restaurant de Philippe Delacourcelle, pas moins d’une quinzaine d’aligotés. Conquis par leur qualité et leur diversité, ils décident avec le chef du restaurant de créer une association visant à promouvoir ce cépage susceptible, d’après eux, de donner des vins d’auteur. L’objectif est ambitieux : ancrer définitivement le cépage dans l’univers de la Bourgogne des terroirs et des climats.
Les raisons du succès
Quelques mois plus tard, l’association tient son premier salon qui rencontre un franc succès. Les Aligoteurs, c’est son nom, a rapidement pris de l’ampleur. Aujourd’hui, une grosse soixantaine de producteurs, de l’Yonne jusqu’au Mâconnais, a rejoint ses rangs après sélection. L’édition 2023 s’est tenue en côte de Nuits début mars. L’occasion de montrer une nouvelle fois que l’aligoté est capable, comme tous les grands cépages, de transmettre fidèlement les caractéristiques des terroirs sur lesquels il est planté, à condition d’être traité comme tel par des vignerons consciencieux. Les millésimes solaires devenus la norme (à l’exception de 2021) donnent aussi un coup de pouce dans la maturité de cépage assez tardif. Avec une mention particulière pour les bouzeron qui démontrent un surcroit de raffinement dans leurs textures. Bref, l’accession au rang d’AOC village était loin d’être usurpée.
Cette édition n’a pas manqué de faire briller des vignerons largement reconnus, ou d’autres qui mériteraient de l’être davantage encore. On citera dans le désordre : Vincent Dureuil-Janthial (Rully), Laurent Fournier (Marsannay), Laurent Lignier (Morey-Saint-Denis), les frères Chevrot (Maranges), Bernard Bouvier (Gevrey-Chambertin), le domaine Ponsot (Morey-Saint-Denis), Claude Maréchal (Bligny-lès-Beaune), Guilhem Goisot (Saint-Bris), les frères Fichet (Igé), le domaine Gouffier (Fontaines), Agnès Paquet (Auxey-Duresses), Grégory Patriat (Boisset à Nuits-Saint-Georges), Pierre-Louis Bersan (Saint-Bris), Julien Cruchandeau (Chaux), la maison Chanzy (Bouzeron), etc.