Coravin, dix ans et tout commence

Issu d’une formation en médecine, Greg Lambrecht, sorte de savant fou et bon vivant, a voulu mettre sa science académique au service du vin. Lancé aux États-Unis en 2013, Coravin fête ses dix ans, une entreprise mondiale et plusieurs inventions brillantes

« J’ai d’abord inventé Coravin pour moi-même. » C’est l’impatience et la frustration, en plus de beaucoup de curiosité, qui ont fait naître le système Coravin en 2013. L’idée ? Cesser de faire des compromis en matière de choix de vin grâce à un mécanisme révolutionnaire d’aiguille, inspiré des recherches sur le traitement du cancer. En perçant le bouchon de façon invisible, le Coravin permet d’extraire d’une bouteille de vin uniquement la quantité souhaitée. « Savourez votre verre, préservez votre bouteille » : c’est la promesse.

Plus besoin d’hésiter au moment de goûter un vin que l’on nous sermonne d’attendre, ni de se contraindre à boire selon les goûts de son partenaire, situation parfois critique. Une piqûre et le verre se remplit du vin de son choix. On peut faire ça pendant les trois années qui suivent. Greg Lambrecht est un inépuisable touche à tout. Il a lancé sur le marché un nouvel outil qu’il a mis huit ans à développer : un système dédié aux vins effervescents. Un de ses rêves. Perfectionniste, il a souhaité que l’appareil s’adapte à toutes les bouteilles de bulles existantes, quitte à se déplacer en Champagne à plusieurs reprises au-devant des quelques flacons retors. Pari gagné et la promesse de conserver toute bouteille ouverte intacte jusqu’à quatre semaines grâce à un stopper à encapsuler sur le col qui permet d’injecter une dose de CO2. « Le premier verre aura le même éclat que le dernier. »

Expérience faite, le système est plutôt bluffant
Goutés côte à côte à l’aveugle, les deux verres de champagne présentés, l’un ouvert à la date du 1er mars et l’autre à la date du 23 mars, sont indissociables. À l’œil, la différence de célérité des bulles est à peine perceptible. En bouche, le fruité onctueux du premier est tout aussi rayonnant dans le second et aucun des deux verres ne présente de notes fanées ou d’oxydation.

Bienvenue verre de blanc de blancs d’un soir, verre de blanc de noirs d’un autre, puis de crémant, du Jura, d’ailleurs. Nous ne finirons pas la bouteille ce soir pour célébrer rien d’autre que notre simple désir. Parfois, la dimension « gadget » du système Coravin est décriée par les puristes, reconnaissons-lui une ingéniosité brillante. Elle ne s’est pas départie de la vision originale de son inventeur, entre respect et amour du bon vin.

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