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Cosse Maisonneuve, l’élégance du grand vin de cahors

« L’objectif du vin, c’est la simplicité, le plaisir. C’est vraiment notre signature », expliquent Mathieu Cosse et Catherine Maisonneuve, propriétaires du domaine Cosse Maisonneuve. Dans ce nouvel épisode de Classe de maître, ils nous présentent aux côtés de Michel Bettane, deux de leurs cuvées 100 % malbec.

Domaine Cosse Maisonneuve, Les Laquets 2020, cahors
Domaine Cosse Maisonneuve, La Marguerite 2022, cahors

Production : Jeroboam
Image : Nicolas Guillaume et Julie Lobo
Montage : Nicolas Guillaume
Motion Design : Maxime Baïle
Musique originale : Arthur L. Jacquin

En partenariat avec Cosse Maisonneuve
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Dauvergne et Ranvier, 15 cépages, côtes-du-rhône 2023

Un côtes-du-rhône avec 15 cépages, ça vous tente ? Il est signé par le duo Dauvergne et Ranvier et c’est le dernier coup de cœur de Thierry Desseauve et Louis-Victor Charvet qui nous en parlent dans le nouvel épisode de Speed Tasting

En partenariat avec Dauvergne Ranvier

Production Jéroboam
Montage Nicolas Guillaume

Domaine Mugneret-Gibourg, des valeurs pour héritage

Domaine Mugneret-Gibourg

Retrouvez cet article dans En Magnum #41. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


« Une gestion en bonne mère de famille », c’est ainsi que le quatuor à la tête du domaine Mugneret-Gibourg synthétise sa philosophie, non sans un certain sens de l’autodérision. Le destin de cette entreprise familiale s’est joué par deux fois à la suite de la disparition d’un homme. La première en 1988, avec le décès de Georges Mugneret qui laisse derrière lui sa femme Jacqueline et ses deux filles, Marie-Christine et Marie-Andrée. La seconde en 2016, lorsque le métayer de 4,5 hectares de vignes appartenant à la famille décide de rendre les clés. « Nos mères nous ont réunies autour d’une table », raconte Marion, la fille de Marie-Christine. « Elles nous ont demandé si cela nous intéressait de reprendre progressivement les rênes. »

Sur les quatre cousines, deux répondent par l’affirmative. Marion, issue du marketing agroalimentaire, et Lucie, ingénieure en production. Si elles avaient déjà en tête l’ambition d’un retour, elles disent n’avoir jamais subi une quelconque pression de la part de leurs mères respectives, même si la passation semble être vécue comme une forme de soulagement. « Nous souhaitons qu’elles puissent amener leur patte », affirment en chœur les deux aînées, dont l’une partira en retraite à la fin de l’année. « Mais pour la viticulture et la vinification, il est important de maintenir une certaine continuité, car nos clients sont habitués à un certain style de vin », s’empressent-elles de souligner.

Un style aux contours en dentelle, que les héritières se gardent volontiers de vouloir bousculer. « Lors de l’annonce de la reprise, tout le monde nous a demandé ce que nous allions changer », se souvient Lucie. « Il est hors de question de céder à une mode ou de chercher à marquer le coup. Nous aimons ces vins-là et le maintien de leur qualité représente déjà un défi immense. » Celui de conserver coûte que coûte la fraîcheur et la pureté d’un pinot noir dont elles n’ignorent pas la grande fragilité, avec pour ambition de rester fidèles à l’identité de chaque terroir, du bourgogne générique jusqu’au plus désirable des grands crus. « À la dégustation, nous tenons à ce que la structure tannique ne soit jamais agressive, via des extractions douces, un éraflage à 98 %, tout en ne nous interdisant pas de changer de technique en fonction du climat, tant que le résultat est harmonieux et séduisant. »

Fermé le mercredi

Plutôt qu’une révolution de façade, Marion et Lucie ont préféré agir en coulisses, optimisant la gestion des stocks et la traçabilité de bouteilles devenues en l’espace de quelques décennies de juteux objets de spéculation, adressant de nouveaux marchés, confiant leurs exportations à une plus jeune génération et s’autorisant à investir dans un nouveau groupe d’embouteillage afin de mieux soigner les finitions. Marie-Andrée l’admet : « Chaque génération aura eu ses priorités et ses objectifs. À notre époque, nous étions peu de femmes dans le milieu et nous avons décidé de rompre avec l’excès de technologie auquel avaient cédé nos parents pour revenir à des techniques viticoles plus proches de celles de notre grand-père. J’aime à dire que ce que nous faisons encore aujourd’hui s’apparente à du jardinage ».

Une modestie doublée d’une approche qui se veut à la fois humaine et sensible, n’en déplaise à leur comptable, qui ne manque jamais d’insister sur le poids conséquent que représente à ce jour la masse salariale en activité. « Lorsque nous avons repris, nous étions jeunes mères de famille », insiste Marie-Christine. « Nous fermions le mercredi car c’était le jour des enfants. La tradition a perduré avec Marion et Lucie, ce qui leur permet de concilier plusieurs rôles. En parallèle, nous nous efforçons de prendre soin de nos employés, condition sine qua non pour obtenir un travail de qualité. »

De leur côté, les deux autres sœurs ne sont en rien étrangères à la conduite des affaires. À Fanny revient la tâche de gérer la maison d’hôtes, flambant neuve et attenante au domaine, baptisée en hommage à leur grand-mère Jacqueline. À Clémence, avocate spécialisée en droit rural à Dijon, celle de prêter main forte aux équipes en période de vendanges. « Nous serons toujours là pour aider, mais le plus important, c’est qu’elles se sentent libres », résume Marie-Christine d’un air confiant. « Je me souviens de ces mots d’Étienne Grivot, ami vigneron à Vosne-Romanée, qui affirmait que de zéro à trente ans, on apprend, de trente à soixante, on fait. Au-delà, on accompagne ». Soit la parfaite définition d’un héritage précieux, celui de l’infinie douceur.

Bernard Magrez, le dernier Pape

Bernard Magrez

Enfant battu, envoyé à 13 ans dans un pensionnat des Pyrénées, Bernard Magrez s’est juré de prouver à son père et au monde qu’il n’était pas un « raté ». Sa vie prend alors la forme d’une revanche. À 88 ans, installé au Château Pape Clément – demeure historique du pape Clément V – il règne en solitaire sur un empire viticole de quatre grands crus classés bordelais et d’une quarantaine de domaines à travers le monde. « Le boss de Bernard Magrez, c’est le client », rappelle Jean-Guillaume Prat, soulignant un sens du marché qui a révolutionné le commerce du vin.

Ses méthodes offensives, novatrices il y a trente ans, ont « laissé certains Bordelais dubitatifs », poursuit Jean-Guillaume Prat. Mais pour Bernard Magrez, l’évidence demeure : « Il faut produire des vins qui correspondent à l’attente des consommateurs sinon on ne vend rien ou très peu. » Derrière ce pragmatisme se cache un homme redouté, respecté, mais aussi isolé. « Depuis que je vis seul, mes enfants ne sont jamais venus chez moi (au Cap Ferret, ndlr), j’ai tellement un mauvais caractère », reconnaît-il. Sa fille le décrit sans détour : « Mon père gère l’entreprise en autocrate. » Son fils ajoute : « On n’était pas quatre à la maison, mais cinq. L’entreprise était présente aussi. »

À 88 ans, Bernard Magrez continue de bâtir, malgré la question inévitable de l’après. « Je ne peux pas ne pas penser à ma succession, mais je fais tout pour arrêter le plus tard possible », confie-t-il. Sa quête, forgée dans la douleur, demeure celle d’un homme en lutte : « Quand on vit pour quelque chose, on vit égoïstement. »

BERNARD MAGREZ

Hine réinvente sa collection de cognacs millésimés avec le 1975

Coffret cognac Hine millésime 1975

Forte de 250 ans d’histoire et pour inaugurer cette nouvelle collection, Hine dévoile le millésime 1975, un cognac d’exception qui a patiemment mûri cinquante ans en fût avant d’être embouteillé à 47°, pour préserver équilibre et intensité aromatique. Ce lancement marque une étape importante dans l’internationalisation de Hine, avec des événements prévus en Europe, aux États-Unis et en Chine. « Les millésimes sont notre signature, c’est ce qui nous distingue. Chez Hine et nulle part ailleurs », souligne Thibault Delrieu, directeur. L’ambition est claire : faire de Hine la référence incontournable du cognac millésimé.

Pour incarner l’esprit des années 1970, la maison a confié le décor de la carafe à la designer Manon Briquet de Valon. Réalisée en porcelaine par la maison Bernardaud, elle conjugue audace esthétique et exigence artisanale. Deux coffrets prestigieux accompagnent ce lancement : le Coffret Rituel (6 200 €, 50 exemplaires) et le Coffret Collection (3 500 €, 450 exemplaires).

Avec seulement 500 pièces disponibles dans le monde, le 1975 s’adresse aux collectionneurs et amateurs éclairés. Premier chapitre d’une série appelée à s’étoffer, il incarne une vision forte : celle d’un cognac qui revendique sa singularité, son exigence et son lien intime avec le temps.

 

Les deux coffrets Hine millésime 1975Coffret Rituel
(6 200 €, 50 exemplaires)

Coffret Collection
(3 500 €, 450 exemplaires).

L’Académie internationale du vin appelle l’ONU à « ne pas oublier la dimension culturelle, sociale et humaine du vin »

« Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,
Comment prévenir et maîtriser les maladies non transmissibles sans pour autant renier le fondement de nos cultures, sans effacer ce qui fait vivre nos civilisations ? Voilà l’équilibre que vous devrez trouver le 25 septembre prochain, lors de la 4ᵉ réunion de haut niveau des Nations Unies sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles et la promotion de la santé mentale et du bien-être.
Le vin est au cœur de cette interrogation. Trop souvent, on le réduit à une molécule d’alcool. Trop sommairement, on l’accuse d’être une drogue. Mais trop rarement, on pense à ce qu’il incarne. Issus de vingt pays différents, les membres de l’Académie Internationale du Vin souhaitent vous mettre en garde contre le danger de réduire le vin à un risque sanitaire, et d’oublier ainsi sa dimension culturelle, sociale et humaine. Voici ce qui est en jeu.

DENORMALISER LE VIN, C’EST ANNIHILER UN HERITAGE, PATRIMOINE DE L’HUMANITE
Le vin incarne huit millénaires d’histoire humaine, un ferment de convivialité, de joie et de partage, une connexion à la terre et aux paysages naturels et ruraux, un langage universel qui relie les peuples : la Géorgie à la Grèce antique, l’Oregon à la Toscane, la France à la Nouvelle-Zélande… A la fois singulier et mondial, partout il exprime la même chose : la patience de l’homme face au temps, son humilité face à la terre, son désir de célébrer ensemble. Offrir un verre de vin, c’est inviter l’autre à sa table, manifester par le geste la paix, l’amitié, la fraternité, le bonheur d’être ensemble.
Consommer modérément du vin, c’est défendre la culture du goût, de la mesure, et perpétuer ce lien qui unit les continents, les peuples et les générations. C’est apprécier plutôt qu’abuser. C’est déguster plutôt que boire. C’est aussi appréhender la santé par le prisme des relations sociales et familiales, du bien-être mental et du bonheur, car le lien entre joie de vivre et santé est indéniable.
DENORMALISER LE VIN, C’EST NIER SES BIENFAITS ET CLORE LE DEBAT SCIENTIFIQUE PREMATUREMENT
Un récent rapport NASEM (Académies Nationales des Sciences, d’Ingénierie et de Médecine des États-Unis) conclut que « par rapport à une consommation nulle d’alcool, une consommation modérée est associée à une mortalité plus faible, toutes causes confondues ». Nous ne prenons pas position scientifiquement, mais, comme de nombreux experts, nous regrettons l’absence d’un véritable essai randomisé à grande échelle qui, seul, permettrait de fonder un jugement sur des chiffres certifiés et non sur de simples données observationnelles, insuffisantes face à l’exigence de rigueur scientifique.

DENORMALISER LE VIN, C’EST CHOISIR LA PROHIBITION CONTRE L’EDUCATION ET LA LIBERTE
Nous ne méconnaissons pas les dangers de l’excès. Nous savons la nécessité de prévenir l’addiction, de protéger les plus vulnérables, de combattre les dérives. Nous faisons nôtre cette responsabilité de prévention et d’éducation, sans ambiguïté, car c’est par l’instruction que le consommateur apprend à déguster, à comparer et à apprécier le vin avec modération et qu’il devient lui-même ambassadeur de la modération.
Par la pédagogie, on peut à la fois préserver la liberté individuelle de consommer du vin sans abus et prôner responsabilité et contrôle. Le vin exprime ainsi sa vérité, dans la transmission des savoirs et des gestes, et dans l’apprentissage de la mesure.
Voilà pourquoi, Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement, nous vous appelons à prendre vos décisions dans une approche équilibrée et nuancée : lutter contre les excès, mais reconnaître la valeur de la modération ; prévenir les risques, mais préserver un lien fort de l’homme à la terre ; protéger la santé publique, mais respecter la richesse des cultures et la force des traditions. Car préserver le vin, c’est défendre une civilisation, un art de vivre, un patrimoine universel vivant, une part d’humanité que les générations se transmettent depuis des millénaires. »

Pour l’Académie Internationale du Vin
Guillaume d’Angerville, Président & Véronique Sanders, Chancelier

 

Les signataires de l’appel :
Juan José Abó de Juan – Abadia Retuerta (Espagne), Guillaume d’Angerville – Domaine Marquis d’Angerville (France), Angel Anocibar – Abadia Retuerta (Espagne), Jane Anson – Écrivain (Royaume-Uni), Juancho Asenjo – Écrivain (Espagne), Hans Astrom – Klein Constantia Estate (Suède), Franky Baert – Collectionneur (Belgique), Jesus Barquin – Equipos Navazos (Espagne), Alexander van Beek – Château Giscours (Pays-Bas), Joshua Bergström – Bergstrom Wines (États-Unis), Michel Bettane – Journaliste (France), Etienne Bizot – Bollinger (France), Hubert Boidron – Maison Boidron (France), Wojciech Bonkowski – Critique (Pologne), Bruno Eugène Borie – Château Ducru Beaucaillou (France), Claude Bourguignon – LAMS (France), Philippe Bourguignon – Écrivain (France), Willi Bründlmayer – Weingut Brundlmayer (Autriche), Christopher Cannan – Clos Figueras (États-Unis), Robert Gyula Cey-Bert – Écrivain (Hongrie), Jean-André Charial – Oustau de Baumanière (France), Gérard Chave – Domaine Jean-Louis Chave (France), Jean Louis Chave – Domaine Jean-Louis Chave (France), Jean-Pierre Chevallier –Château de Villeneuve (France), Donatella Cinelli Colombini – Fattoria del Colle (Italie), Corinne Clavien Desfayes
– Œnologue (Suisse), Raoul Cruchon – Domaine Henri Cruchon (Suisse), Frans de Cock – Collectionneur (Belgique), Jean-Philippe Delmas – Château Haut Brion (France), Paul Draper – Ridge Vineyards (États-Unis), Thomas Duroux – Château Palmer (France), Kurt Feiler – Weingut Feiler-Artinger (Autriche), Mariano Fernandez Ammunategui – Producteur (Chili), Pierre-Henry Gagey – Louis Jadot (France), Angelo Gaja – Vino Gaja (Italie), Alberto Graci – Graci (Italie), Claude Geoffray – Château Thivin (France), Theodore Georgopoulos – Professeur (Grèce), Salvatore Geraci – Azienda Agricola Palari (Italie), Evangelos Gerovassiliou – Ktima Gerovassiliou (Grèce), Anthony Hanson – Conférencier (Royaume-Uni), Gaston Hochar – Château Musar (Liban), Emilienne Hutin –Domaine Les Hutins (Suisse), Joyce Kékkö-Van Rennes – Winjkasteel Genoels-Elderen (Belgique), Andreas Keller – Rédacteur (Suisse), Anthony Lacey – Mistral Wine (Royaume-Uni), Dominique Lafon – Domaine des Comtes Lafon (France), Alois Clemens Lageder – Vignobles Alois Lageder (Italie), Jean Baptiste Lecaillon – Louis Roederer (France), Jeannie Cho Lee MW – Journaliste (Corée), Pierre-Marie Lledo – Neurobiologiste (France), Maria José Lopez de Heredia – Bodega Lopez de Heredia (Espagne), Juan Carlos Lopez de Lacalle – Bodega Artadi (Espagne), Reinhard Löwenstein – Domaine Heymann-Lowenstein (Allemagne), Jorge Lucki – Journaliste (Brésil), Philippe de Lur Saluces – Château de Fargues (France), Elie Maamari – Château Ksara (Liban), Axel Marchal – Professeur à l’Université de Bordeaux (France), Franco Martinetti – F. Martinetti Viniculture (Italie), Ton Mata – Recaredo (Espagne), Laszlo Meszaros – Domaine de Disznoko (Hongrie), Etienne de Montille – Domaine de Montille (France), Eva Moosbrugger – Domaine Schloss Gobelsburg (Autriche), Jasper Morris MW – Écrivain (Royaume-Uni), Fiona Morrison MW – Journaliste (Royaume-Uni), Roberto de la Mota – Revancha & Mendel Wines (Argentine), Dorli Muhr – Weingut Dorli Muhr (Autriche), John Olney – Ridge Vineyards (États-Unis), Raymond Paccot – Domaine La Colombe (Suisse), Alvaro Palacios – Alvaro Palacios (Espagne), Filipa Pato – Filipa Pato & William Wouters (Portugal), Jean-Pierre Perrin – Château de Beaucastel (France), Dominique Piron – Domaine du Vieux Bourg (France), Bruno Prats – Ingénieur agronome (France), Pietro Ratti – Cantina Renato Ratti (Italie), Josep Roca i Fontané – Celler de Can Roca (Espagne), Pierre-André Roduit – Domaine du Grand-Brûlé (Suisse), Raoul Salama – Château de Balleure (France), John Salvi – Écrivain (Royaume-Uni), Véronique Sanders – Château Haut Bailly (France), Erik Sauter – Écrivain (Pays-Bas), Carl von Schubert – Weingut Maximin Grunhaus (Allemagne), Michael Schuster – Consultant en vin (Royaume-Uni), Marc-André Selosse – Professeur (France), Jacques Seysses – Domaine Dujac (France), Michael Silacci – Opus One (États-Unis), Peter Sisseck – Dominio de Pingus (Danemark), Diana Snowden Seysses – Domaine Dujac & Snowden Vineyards (États-Unis), Felipe de Solminihac – Vina Terra Noble (Chili), Oliver Spanier – Battenfeld Spanier (Allemagne), Serena Sutcliffe MW –Sotheby’s (Royaume-Uni), Pierre Tari – Collectionneur (Suisse), Ivo Varbanov – Ivo Varbanov Wines (Bulgarie), Christine Vernay – Domaine Georges Vernay (France), Quim Vila Betriu – Vila Viniteca (Espagne), José Vouillamoz
– Généticien (Suisse), Yannis Voyatzis – Boutari Wineries (Grèce), Maurizio Zanella – Ca’ del Bosco (Italie).


Académie Internationale du Vin
Fondée en 1971, l’Académie Internationale du Vin est un lieu de réflexion collégial et responsable, regroupant une centaine de membres issus d’une vingtaine de nationalités différentes. Par ses travaux, l’Académie Internationale du Vin souhaite contribuer à l’amélioration des méthodes de viticulture et de production de vin, dans une approche respectueuse de la nature, vers des standards de qualité toujours plus élevés.
L’Académie Internationale du Vin mène ses réflexions et dirige ses débats dans la plus stricte indépendance vis-à-vis des institutions gouvernementales, des autorités de régulation et des influences privées. Elle rassemble essentiellement des producteurs, des scientifiques, des sommeliers et des journalistes. Ses membres sont admis par cooptation et partagent une éthique commune de la production de vin de lieu, spécifique à son terroir et produit dans le respect des usages locaux, dans un objectif de qualité et de pérennité, fruit d’une histoire longue et de traditions anciennes.
Le changement climatique, la biodiversité, la viticulture régénérative, le captage du carbone, l’évolution des méthodes et dosages des traitements phytosanitaires, les habitudes de consommation, l’enrichissement et la préservation des sols sont quelques-uns des sujets régulièrement discutés au sein de l’Académie Internationale du Vin.

Négociants bourguignons, des marchands de rêves

Ancien hôpital fondé au XVe siècle, les hospices de Beaune sont devenus le monument emblématique de la Bourgogne.
Photo BIVB/Aurélien Ibanez

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Que serait la Bourgogne sans le négoce ? Parfois pluriséculaires – Champy a été créé en 1720, Bouchard en 1750, Chanson en 1750, Louis Latour en 1797 –, ces maisons ont été les premières à commercialiser les crus de la région, d’abord en France, puis rapidement à l’étranger. Elles ont ouvert des marchés, fait découvrir les vins et assis la réputation de ceux-ci, à tel point que les bourgognes sont désormais les vins parmi les plus recherchés des amateurs du monde entier. Aujourd’hui encore, le négoce continue de faire la tendance en commercialisant 60 % des vins produits chaque année, selon la fédération des négociants-éleveurs de grande Bourgogne (FNEB).

Mais la donne a sensiblement changé. Entre-temps, les maisons de négoce sont devenues propriétaires de vignes. Elles possèdent même 15 % du vignoble, soit 120 hectares pour Faiveley, 115 hectares pour Louis Jadot, 100 hectares pour Albert Bichot et Joseph Drouhin, 48 hectares pour Louis Latour. Président de la maison familiale du même nom, Frédéric Drouhin précise : « Nous avons très tôt constitué un domaine viticole. Cela avait un double objectif, contrôler notre approvisionnement et améliorer la qualité de nos vins. On s’est ainsi doté d’une cuverie de vinification dès 1920 ». Progressivement, les maisons sont ainsi passées de l’achat de vins finis à l’achat de raisins et de moûts pour les vinifier elles-mêmes.

D’après les données fournies par la FNEB, 51 % des transactions sont d’ailleurs aujourd’hui réalisées en raisins ou en moûts. Ce chiffre atteint 60 % pour les appellations villages, premiers et grands crus. Certaines maisons, comme Édouard Delaunay ou Joseph Drouhin, vont encore plus loin et n’achètent pas, ou plus, de vins finis. Tout ce qui est commercialisé sous leur étiquette a été vinifié et élevé par leurs soins. C’est aussi le cas de la maison Champy, propriété du groupe Advini depuis 2016. « De fortes mutations ont eu lieu au cours des dernières années », estime Dimitri Bazas, son directeur technique et œnologue. « Au départ, l’image du négoce était ternie par le fait que beaucoup des vins qu’il proposait se ressemblaient. Mais l’apparition de l’œnologie moderne à la fin des années 1990 a eu l’effet d’une révolution et les maisons se sont mises à faire très bon. »

Au fil des ans, certains vins de ces maisons sont même devenus des icônes, à l’image des beaunes premiers crus Clos des Mouches de Drouhin, Grèves-Vigne de l’Enfant Jésus de Bouchard et Clos des Fèves de Chanson ou du corton grand cru Château Corton Grancey de Louis Latour. « Désormais, de moins en moins de professionnels regardent le négoce de haut », se réjouit Laurent Delaunay, l’actuel président du bureau interprofessionnel des vins Bourgogne (BIVB) qui a relancé en 2017 la maison Édouard Delaunay, créée par son arrière-grand-père en 1893.

Une convergence des modèles
Alors que le négoce glisse subtilement mais sûrement vers la production, la viticulture commence quant à elle à prendre le chemin inverse. « Le négoce a beaucoup évolué ces quarante dernières années. Il s’est concentré et de nouveaux acteurs sont venus d’autres régions, comme Grands Chais de France ou Castel, pour prendre des parts de marché, quel qu’en soit le prix. Dans le même temps, des vignerons ont développé leur propre activité de négoce », constate Laurent Delaunay.

Si l’on compte aujourd’hui 300 maisons de négoce, 1 200 vignerons sur les 4 500 membres de la confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB) exercent aussi aujourd’hui une activité de négociant. « On assiste à une convergence des deux modèles », poursuit Laurent Delaunay. Ce qui ne va pas sans déséquilibrer le marché. « Tout cela a entraîné une plus forte concurrence sur les approvisionnements et donc un renchérissement des prix », admet Thomas Seiter, directeur général de la maison Louis Jadot. « Les cours ont augmenté plus vite que la capacité des maisons à augmenter leurs prix. Celui du puligny-montrachet a ainsi triplé en cinq ans. On ne gagne plus sa vie à acheter des raisins en grand cru. »

Éclosent donc, ici ou là, de nouveaux types de négoce, que l’on pourrait qualifier de « boutique », où le vigneron vinifie les raisins comme s’ils étaient issus de son propre vignoble. C’est par exemple le cas de Thibault Liger-Belair qui a créé son activité de négoce en 2004, trois ans après la reprise du domaine. « C’était pour moi l’opportunité de travailler des appellations auxquelles je n’ai pas accès. Et cela me permet aussi d’être moins dépendant des aléas climatiques. Si j’ai une vigne qui se fait ravager par la grêle, j’aurai quand même du vin à vendre sur d’autres appellations. » Thibault Liger-Belair s’occupe des vignes dont il achète les raisins et les vinifie comme les siens.

Désormais, ses huit hectares en propriété sont complétés par dix hectares d’apports. C’est aussi par nécessité que Jean-Guillaume et Jean-Philippe Bret ont lancé leur structure de négoce. « Lorsque nous avons repris le domaine de la Soufrandière en 2001 (situé à Vinzelles, dans le sud du Mâconnais, ndlr), nous n’avions que six hectares, une taille insuffisante pour mon frère et moi. Dès l’année suivante, nous avons créé Les Bret Brothers sur le modèle du négoce de Jean-Marie Guffens, chez qui nous avions travaillé entre 1995 et 1996 », explique Jean-Philippe. Là, les deux frères ne s’occupent pas de la vigne, mais achètent les raisins sur pied. Ils ne travaillent toutefois qu’avec des gens qui partagent leur philosophie et, depuis 2018, tous les vins de négoce sont certifiés bio.

Un devoir d’exemplarité
Le bio est d’ailleurs une voie que de très nombreuses maisons de négoce ont prise, certaines depuis bien longtemps, comme le rappelle Frédéric Drouhin : « Notre vignoble est certifié bio depuis 1988 ». C’est aussi le cas de la maison Champy qui s’est lancé dans la biodynamie en 2005, de la maison Joseph Faiveley, certifiée en juillet 2025 à l’occasion de ses 200 ans ou de Louis Jadot qui a engagé sa certification en 2021. « Le négoce doit être moteur dans ces démarches, montrer l’exemple et convaincre ses partenaires de s’engager pour le bio », plaide Thomas Seiter.

La conversion au bio des six domaines d’Albert Bichot a commencé il y a vingt ans ans pour aboutir à une certification de l’ensemble en 2024. Ce n’est d’ailleurs pas la seule action initiée par la maison. « Nos étiquettes sont désormais en coton biodégradable et recyclable, nos colles sont issues de maïs et d’amidon, nos cartons d’emballage sont produits pour leur très grande majorité avec des matière recyclées, de même que nos bouteilles », détaille Albéric Bichot. Sans parler du fait que la maison beaunoise commence à tester l’expédition de ses vins outre-Atlantique par cargos à voile avec l’entreprise Grain de Sail. « Le négoce fait partie des pionniers en matière de décarbonation, par exemple sur l’allègement du poids des bouteilles », souligne Laurent Delaunay.

Outre l’arrêt des expéditions par avion, qui a permis de réduire son empreinte carbone de 30 %, la maison Drouhin teste en effet l’utilisation de bouteilles encore plus légères. « En 2008, nous étions passé de 560 à 520 grammes par bouteille. Nous avons désormais pour objectif d’utiliser des flacons de 420 grammes pour tous nos vins, y compris nos grands crus », se félicite Frédéric Drouhin. Reste un dernier défi à relever, celui de l’accueil des amateurs pour leur faire découvrir le vignoble et les lieux où sont élaborés et élevés les vins qui les font tant rêver. Après avoir longtemps accusé un certain retard, notamment au regard de ce que développent depuis longtemps leurs voisins champenois, les grandes maisons de négoce ont compris l’intérêt de proposer une offre œnotouristique de qualité. « C’est pour nous une façon de diversifier nos activités et contrer la baisse de consommation », confie avec lucidité Frédéric Drouhin. « Il y a quinze ans, nous avons créé une visite immersive pour découvrir notre histoire familiale. »

La maison cherche désormais à occuper le créneau du haut de gamme. « Nous avons ouvert deux lieux incroyables en 2024 avec des partenaires. Le premier, baptisé Maison 1896, est un hôtel avec une offre de restauration gastronomique d’inspiration vietnamienne située en plein centre historique de Beaune, dans les anciens locaux de La Poste. Pour le second, nous avons rénové avec l’aide d’Étienne de Montille la folie située au milieu des vignes du Clos Vougeot et qui est proposée à la location pour un déjeuner, un dîner ou une nuit. » Certaines maisons ne proposent pas encore d’offres de visite. Un manque qu’il faudra sans doute vite combler si le négoce veut continuer à donner le bon exemple.

Clos des Lambrays, l’accomplissement de l’histoire


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Lorsqu’il évoque la robe des vins qu’il n’oubliera jamais, Jacques Devauges prend soin de décrire à la perfection celle de ces pinots noirs hors du temps, à la transparence rosée, entre vieux rose et reflets de thé. Bourguignon d’origine, il fut très tôt mis au parfum des grands crus par un père archéologue et une mère « dans le théâtre » qui l’initièrent aux joies des chambertins de chez Rousseau, des musignys du domaine Comte Georges de Vogüé et des montrachets des Comtes Lafon. « Cela a compté dans ce que je fais aujourd’hui », dit-il avec émotion.

Mais ce n’est pas par la grande porte qu’il intègre le milieu. « En tant que jeune bachelier, j’ai fait les vendanges à Pommard et j’ai été touché par ce monde-là. Je me souviens tout particulièrement d’un trajet en tracteur avec le propriétaire, après avoir ramassé les baies d’un premier cru Les Rugiens. Il avait cette étincelle dans les yeux, qui traduisait cette fierté de les rapporter à la cuverie, et je me suis dit : quel métier extraordinaire. » Son diplôme d’œnologue en poche, il s’exile durant deux ans pour vivre son rêve californien dans une vallée de la Napa dont l’approche « scientifique et décomplexée » lui fait pousser des ailes. « J’ai aimé sortir du cadre traditionnel, ne plus sentir le poids de l’histoire et découvrir des cépages que je ne connaissais pas tels que le zinfandel. »

À son retour en Bourgogne en 2001, il intègre le domaine de la Vougeraie, qui fonctionne alors « en mode start-up », se passionne pour la biodynamie aux côtés de l’inénarrable québécois Pascal Marchand avant de mettre un pied dans le négoce avec l’alchimiste des climats Frédéric Magnien. « Vinifier l’ensemble des terroirs de la côte de Nuits m’a ouvert un champ de possibles incroyable, avec une vision bien plus large qu’en se limitant à un seul domaine », reconnaît-il. Cet enthousiasme lui permet de tenir jusqu’en 2010, moment où il commence à se sentir quelque peu à l’étroit dans son costume d’assistant. Sa carrière connaît alors une heureuse accélération lorsque Christian Seely, président d’Axa Millésimes, lui donne carte blanche au domaine de l’Arlot.

Quelques années plus tard, le régisseur du Clos de Tart, Sylvain Pitiot, lui propose de prendre la relève. « Lors du rachat par François Pinault en 2018, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’aller voir ailleurs », glisse-t-il avec diplomatie. « De manière complètement fortuite, j’ai appris qu’ils cherchaient quelqu’un pour s’occuper du domaine Clos des Lambrays. » Là, auprès de gens « ayant une idée assez précise de l’excellence », il se sent enfin libre de mettre en œuvre un projet d’ensemble qu’il scinde méthodiquement en trois temps : passé, présent, futur. Une approche qui apparaît de prime abord un poil scolaire, voire délibérément hors sol, et pourtant. « Afin de bien comprendre, il faut savoir regarder en arrière. Je compare souvent un domaine à ces mobiles que l’on suspend au-dessus du lit des enfants. Si l’on bouge un élément, tout le reste en est impacté. On réalise alors que rien n’a été fait au hasard. »

En spéléologue temporel, il se plonge dans les archives d’une cave où reposent certains millésimes datant des Années folles et constate que les plus remarquables s’avèrent paradoxalement avoir été les plus difficiles. « 1918 et 1938 sont des vins extraordinaires. Il y a cette fragilité, cette matière étirée, fluide, éthérée, cette aromatique bouleversante. » Un éclat qu’il associe au fait qu’avant la Deuxième Guerre mondiale, tout le monde était en bio sans même le savoir. « Les rendements étaient plus faibles, les vendanges nécessairement entières en l’absence d’égrappoir et l’on se limitait à une seule cuvée. Ce sont des contraintes qui peuvent nous inspirer aujourd’hui, afin de produire des vins qui résistent au passage du temps. »
Nous y voilà. Dans ce fameux présent où la technique a remplacé le bon sens paysan, cette intuition à laquelle Jacques Devauges tente de redonner une véritable signification : passage en bio dès 2019, biodynamie à partir de 2020. « Un changement majeur pour le domaine, surtout lorsque l’on sait que nos vignes sont plantées en perpendiculaire et non dans le sens de la pente. Techniquement, la mécanisation est très difficile car nous aurions besoin de machines qui n’existent tout simplement pas. » Et pour complexifier les choses encore davantage, il adopte une approche centrée sur la singularité de chacune des onze parcelles qui composent la propriété, travaillées de manière distincte en fonction de son seul ressenti et d’un sens de l’écoute de chaque instant. « C’est à nous de nous adapter, de les comprendre, afin de les faire résonner du mieux possible et d’obtenir pour chaque cuvée un vin à la fois pur et net. J’ai confiance, il suffit d’y croire vraiment, et de garder en tête qu’en définitive, le terroir est plus fort que nous. »

À chaque étape de son raisonnement, on sent poindre chez Jacques Devauges l’enthousiasme de ceux qui voient l’avenir comme on joue à la marelle, sous la supervision plus ou moins bienveillante d’une nature n’ayant pas attendu son arrivée pour se montrer capable de mille et un caprices. « Il est de notre responsabilité d’être observateur, de faire preuve d’inventivité, afin d’imaginer une viticulture différente. L’avantage étant que nous ne sommes pas seuls, la vigne elle-même s’adapte : les millésimes 2003 et 2020, années d’une chaleur presque californienne, dévoilent aujourd’hui une fraîcheur extraordinaire. J’en viens à penser que les vins ne sont jamais dominés par le millésime, même sur les blancs. »

Mais s’il est un homme de terrain, il ne peut dissocier le vin de sa partie plus impalpable, capable de lui évoquer en simultané des fragments d’histoire, d’art et d’architecture aux côtés de souvenirs de voyages et de rencontres qui n’auraient pu advenir en son absence. « Chaque jour étant différent, il renouvelle les moments de joie, de partage. J’ai la chance de sillonner le monde, de me retrouver dans des endroits aux côtés de gens que je n’ai jamais vus pour passer ensemble des moments uniques. Il n’y a que le vin pour créer ça. » Et que l’on ne vienne pas le soupçonner d’être faussement ingénu : « Les grands crus de Bourgogne sont critiqués pour leur prix, mais ils ne représentent que 1,5 % de la production. Ils sont rares, donc forcément chers, mais la spéculation est en train de retomber et je m’en félicite, car nous sommes tous dans le même bateau. J’assiste aujourd’hui à un bouillonnement extraordinaire, où chacun doit trouver sa place. Il faut réussir à conserver cette pluralité ».

Loin de céder aux sirènes de ceux qui prédisent à la Bourgogne une inéluctable chute, il continue de la considérer comme « une région toujours plus diverse, attirante, désirable. En somme, le fruit d’un petit miracle ».