Pour sa neuvième édition, Œnovation, le trophée qui récompense les jeunes entreprises proposant un service
ou un produit innovant pour la filière viti-vinicole a distingué trois sociétés. Ex-æquo avec Wikeeps, qui a inventé un système de conservation des vins en bouteille avec lequel on peut envisager que des grands crus soient servis au verre, la société Metidia a été récompensée pour le développement d’un jeu en ligne permettant de produire virtuellement du vin (ce jeu a également remporté le Prix de l’initiative de l’Académie Amorim). Quant au site de réservation en ligne de séjours œnotouristiques Wine Tour Booking, il a fait l’objet d’un coup de coeur de la part du jury. Outre une dotation de 5 000 € chacun, les deux lauréats se sont vus offrir un stand sur le salon Vinitech-Sifel 2012 (Mondial des équipements et services des filières viti-vinicole, arboricole et maraîchère) qui se tiendra du 27 au 29 novembre au Parc des expositions de Bordeaux, au cours duquel ces prix seront officiellement remis.
Faites du vin, pas la guerre
Les investissements de la filière viticole
L’étude que le salon Vinitech-Sifel a confiée à l’institut BVA n’avait jamais été réalisée jusqu’à ce jour. Dans un contexte de mondialisation, de concurrence accrue, de nouvelles législations et de politiques de développement durable, elle permet d’évaluer – entre autres* – la dynamique de la filière viticole via ses investissement, réels
et envisagés. On y apprend que 79% des viticulteurs et 84% des caves coopératives ont investi ces deux dernières années dans des proportions variant selon les structures de plus de 50 000 € (pour un viticulteur sur quatre) à
200 000 € (pour 46 % des caves coopératives). Ces sommes ont été particulièrement consacrées au matériel,
au développement de la vente directe et à l’accompagnement de la qualification des viticulteurs. Les viticulteurs
ont investi en moyenne 15,3% de leur chiffre d’affaires et les plus nombreux à l’avoir fait sont les plus jeunes producteurs (97%), ceux qui vinifient (93%) et ceux qui exportent en dehors de l’Europe (92%).
Pour les deux années à venir, 80 % des viticulteurs et la quasi-totalité des caves coopératives interrogées (94 %) envisagent d’investir. Les premiers y consacreront un peu moins d’argent (13,6 % de leur chiffre d’affaire) quand, chez les secondes, la part du chiffre d’affaires investi devrait progresser de 7,8% aujourd’hui à 9,5%. Le matériel sera à nouveau privilégié (43 %), suivi des équipements pour la cave et le chai (17%). Des investissements de croissance (terres, foncier, immobilier) sont envisagés chez 24 % des viticulteurs et ceux qui vinifient et exportent sont les plus nombreux à prévoir des investissement de type force de vente, ressources humaines et/ou marketing. Si les prévisions des caves coopératives concernent essentiellement les équipements pour la cave et le chai (62%) et pour l’embouteillage et le conditionnement (32%), plus de la moitié d’entre elles envisagent d’investir dans le marketing (publicité, création de marque ou d’étiquette, structure de vente directe) et 40% d’entre elles dans les ressouces humaines (formation, recrutement).
La mise aux normes des exploitations et la souscription à des démarches environnementales, déjà respectivement mises en place par 62 et 42 % des viticulteurs, devraient se poursuivre ces prochaines années. Neuf viticulteurs sur dix ont mis en place des mesures de développement durable (réduction des pesticides, retraitement des déchets, gestion de l’eau). Le passage de tout ou partie de l’exploitation en production biologique est déjà en cours chez
11 % des viticulteurs et 15 % se disent intéressés par cette démarche. Parmi ces derniers, 6 % envisagent une conversion dans les 2 ans, 5 % la prévoient pour plus tard et 4 % estiment que leur situation immédiate ne leur permet pas de le faire, alors qu’ils le souhaiteraient. La première raison qui motive cette conversion est l’envie de
« protéger la terre / l’environnement» (61 % des viticulteurs concernés), suivie par la protection de la santé des consommateurs (28 %). Si le passage en bio demande des investissements, notamment personnels, puisqu’il exige un changement de pratiques culturales, la très grande majorité des viticulteurs (8 sur 10) considère que cette conversion ne nécessite pas pour autant de changer sont matériel de vinification et de vieillissement. Ceux qui sont déjà passés en bio consacrent en moyenne la moitié de leur surface de production à ce mode d’agriculture et en attendent un retour positif d’ici six à sept ans en moyenne.
* Pour cette enquête réalisée du 10 au 23 juillet 2012, l’institut BVA a interviewé par téléphone des professionnels des filières viticole, arboricole et maraîchère : 239 viticulteurs et 50 directeurs de caves coopératives représentatifs des principales régions de production et 80 arboriculteurs et maraîchers du grand quart Sud-Ouest.
Les 36 châteaux
On l’a dit, beaucoup, l’année a été dure à la vigne. Dans l’ensemble des régions pourtant, la deuxième partie de l’été est venue réparer ce que le difficile printemps avait gâté, et la récolte a beau être faible, elle est plutôt belle. Certains n’ont pas eu cette chance, qui ont vu la grêle détruire entièrement la vigne, comme ce fut le cas au château de Roquefort (Roquefort la Bédoule). Le premier juillet, en sept minutes de bombardement de grêlons, Raimond
de Villeneuve a assisté à l’effondrement de ses espoirs de récolte. Par la magie de la solidarité, il y a quand même du raisin dans les cuves de ce domaine provençal, qui produira un « vin issu de la communauté vigneronne ». Trente-six châteaux plus ou moins voisins, plus ou moins amis, se sont mobilisés* pour donner une parcelle à vendanger, un peu de ses raisins ou encore du moût. On trouvera sur la page Facebook dédiée à cette belle histoire des infos sur les différents cépages et assemblages et beaucoup de photos, celles du désastre de juillet, celle du camion frigorifique prêté qui a servi à faire la tournée des domaines, celles qui racontent l’effervescence qui règne en ce moment dans les caves. Pour fêter la fin de cette vendange extraordinaire, un déjeuner aura lieu le 8 novembre en compagnie de tous les vignerons qui ont participé à l’aventure.
* Château de Beaupré
Château de Pibarnon
Château La Coste
Château de La Noblesse
Château Les Mesclances
Château Pradeaux
Château Revelette
Château Sainte-Anne
Château Sulauze
Château Vignelaure
Domaine de Gayolle
Domaine de La Bastide Blanche
Domaine de La Bégude
Domaine de La Mongestine
Domaine de La Réaltière
Domaine de la Tour du Bon
Domaines Ott
Domaine de Saint Bacchi
Domaine de Trévallon
Domaines Bunan
Domaine du Bagnol
Domaine du Coulet
Domaine du Sans Regret
Domaine du Trapadis
Domaine Henri Milan
Domaine La Fourmente
Domaine La Suffrene
Domaine Les Béates
Domaine Les Luquettes
Domaine Les Terres Promises
Domaine Pinchinat
Domaine Richeaume
Domaine Sorin
Domaine Saint Louis-Jayne
Domaine Tempier
Mas Juliette
Des vins fins contre la sclérose en plaques
Ducru-Beaucaillou, Lafite, Leoville Barton, Lynch-Bages, Mouton-Rothschild, Palmer, Pétrus, Romanée-Conti, Taittinger, Krug, et bien d’autres : ils sont nombreux les domaines et châteaux qui ont fait preuve de générosité
à l’occasion d’un évènement auquel la maison Christie’s apporte son précieux concours depuis 1992. On pourra découvrir leurs bouteilles dès demain, sur le site de la fondation Arsep (Aide à la recherche sur la sclérose en plaques*). Et enchérir aussitôt, et jusqu’au 6 décembre (il n’y a pas de prix de réserve). Quelques bouteilles seront également exposées chez Christie’s, avenue Matignon, le 5 décembre de 10h à 18h. Cette exposition sera clôturée par une soirée au cours de laquelle Lionel Gosset, directeur des collections et commissaire-priseur, dispersera la sélection au marteau. L’intégralité du produit de cette vente servira à financer un centre de ressources biologique dédié à l’OFSEP (Observatoire français de la sclérose en plaques). Ce projet unique au monde dans son approche de la maladie apportera à la recherche française une avance certaine pour la sclérose en plaques.
* Cette maladie neurologique touche dans la force de l’âge plus d’une personne sur 100 en France, en majorité
des femmes, et concerne 2,5 millions de malades dans le monde. C’est la 1ère cause de handicap acquis de l’adulte jeune et, en dépit d’avancées importantes dans la compréhension de la maladie, de nombreuses questions demeurent. Partenaire essentiel des chercheurs français, la fondation ARSEP finance leurs travaux en attribuant annuellement plus d’1,5 millions d’euros aux meilleurs projets. Engagée dans des programmes d’imagerie,
de virologie, de neuro-immunologie, de neurobiologie, de génétique et d’épidémiologie, elle a reçu la médaille d’Or de l’Académie de Médecine – en 2009 – pour la qualité de sa diffusion de l’information auprès des patients, sa contribution à la constitution d’une banque de tissu cérébral de patients atteints et la qualité de sa collecte de fonds.
Nicolas lance la minute du caviste
Nicolas réaffirme son rôle de caviste conseil auprès des internautes et lance une nouvelle émission vidéo baptisée «La minute du caviste».
Quels vins boire avec des sushis? Les alliances chocolat et vins sont-elles un effet de mode ? Pourquoi les verres à vin ont-ils un pied ? Le caviste Nicolas répond à ces questions au travers d’une série de neufs vidéos réalisées par l’agence Muchimuchi..suite de l’article
CA Grands Crus : les récoltes
L’année 2012 a été marquée en début de saison par un fort déficit d’ensoleillement, des températures très fraîches et surtout des pluies abondantes. Ces conditions ont ralenti le cycle végétatif de la vigne et entrainé de fortes pressions mildiou et d’oïdium, fort bien maîtrisées grâce à une stratégie de lutte raisonnée sans faille, associée à des mesures préventives pertinentes. Floraison et véraison ont toutefois été perturbées, créant des hétérogénéités intra-parcellaires et même intra-grappes. La chaleur et la sécheresse des mois d’août et septembre ont provoqué des phénomènes de stress hydriques sur certaines parcelles, en particulier sur les plus jeunes et les vignes implantées sur des terroirs filtrants. Les vendanges ont débuté la première semaine d’octobre.. Malgré les très fortes précipitations du mois, l’état sanitaire des vignobles est resté bon sur l’ensemble des propriétés jusqu’à la fin des vendanges. Afin de contrer les hétérogénéités de maturité, la sélection des raisins à la coupe et au moment du tri a été renforcée. Les rendements sont particulièrement faibles.
Château Grand-Puy Ducasse.
Propriété de CA Grands Crus depuis 2004, ces trois grandes parcelles, situées sur la commune de Pauillac côtoient Mouton, Lafite et Pontet-Canet. Là, les vendanges se sont terminées le 16 octobre. Pour la première fois cette année, la récolte s’est faite à la « cagette », pour affiner la sélection parcellaire et mieux respecter la matière première en évitant son tassement. Une première a également eu lieu au chai, désormais doté de trieurs optiques qui ont permis de pallier l’hétérogénéité de la floraison.
Château Meyney.
Ce vignoble intimement lié avec la Gironde est l’un des plus anciens du Médoc. Les premières plantations datent
de 1662. Aujourd’hui, il s’étend sur 51 hectares d’un seul tenant. Achevées le 18 octobre, les vendanges se sont faites dans un état sanitaire quasi parfait, les vignobles sur argiles ayant été particulièrement privilégiés par les conditions climatiques du millésime. Un effort tout particulier a été porté sur le ramassage par découpage intra-parcellaire. Pour la deuxième année consécutive, le tri optique a permis d’affiner la sélection des raisins.
Château La Tour de Mons.
Fort d’une histoire de quatre siècles, cette propriété de 58 hectares est un véritable clos situé au nord de l’appellation Margaux, sur les bords de la Garonne. Le vignoble a présenté un état bon sanitaire jusqu’à la fin
des vendanges (le 14 octobre), la particularité de son terroir étant une forte proportion d’argiles. Les merlots déjà
« secs » se montrent de belle facture. Il est encore un peu tôt pour se prononcer sur les cabernets-sauvignons.
Château Blaignan.
Le potentiel viticole de ce domaine de 97 hectares situé dans le nord du Médoc repose essentiellement sur deux buttes calcaires qui offrent des situations variées d’exposition et de pentes. Les vendanges s’y sont terminées
le 22 octobre. L’état sanitaire du vignoble était très satisfaisant et le tri des raisins a permis de ne conserver que les meilleures maturités.
Château de Rayne Vigneau.
Assis sur une croupe dominant le Sauternais, troisième point culminant après Yquem, ce domaine produit un grand cru classé de Sauternes (la légende raconte que son terroir serait riche en pierres précieuses). Les vendanges y sont toujours en cours. Si la première trie a offert quelques beaux lots aux équilibres prometteurs, les tries suivantes laissent entrevoir en revanche des vins aux profils plus aériens. Les volumes récoltés sont très faibles.
Best of Wine Tourisme 2013
Ce concours ouvert à toutes les entreprises du secteur vitivinicole de Bordeaux et d’Aquitaine qui souhaitent
mettre en valeur leurs capacités d’accueil, ainsi qu’aux opérateurs qui contribuent au développement de ce tourisme d’un nouveau genre, a distingué cette année dix-sept sites (on trouvera ici la liste complète des lauréats). Six d’entre eux on reçu un « Best Of d’Or » :
Château Faugère – Catégorie « Architecture et Paysages »
A la superbe chartreuse du XVIIIe siècle du château initial a été ajouté un chai monumental dessiné par Mario Botta. Cet artiste de la lumière et de la gravité a su créer, sur le plateau face au château, une œuvre magistrale, véritable cathédrale du vin. Outre la qualité architecturale du lieu, ce domaine de 37 hectares situés dans l’appellation Saint-Emilion propose une balade-découverte pédagogique de ses vignes, grâce à des bornes signalétiques de parcelles initiant le visiteur à leurs particularités.
Maison des Vins de Cadillac – Catégorie « Art & Culture »
Le nouveau musée de la Vigne et du Vin offre une visite à la fois didactique, pratique et ludique, parfaitement adaptée aux familles. L’exposition se veut vivante, pédagogique et interactive. Vidéo, maquettes, piano olfactif, expositions d’outils et de bouteilles de tailles différentes, jeux et animations pour jeunes et moins jeunes…
La visite peut être complétée par une dégustation et un passage à la boutique.
Château Saint Ahon – Catégorie « Découverte et Innovation »
Propriété de Charles de Montesquieu au XVIIIe siècle, ce château situé aux portes du Médoc, à 20 minutes de Bordeaux, a élaboré un parcours ludique s’adressant à tous les âges – Les Jardins de Mirabel – permettant de découvrir le vignoble, la faune et la flore locales. Une aire de pique-nique et des jeux pour enfants font de cette promenade un grand moment de détente et de découverte.
Château Carbonneau – Catégorie « Hébergement »
L’imposante bâtisse du XIXe siècle de ce domaine familial de 50 hectares situé entre Saint-Emilion et Bergerac, près de la rivière Dordogne, est dotée de cinq chambres et d’une très belle table d’hôtes. Outre une verrière unique en Gironde écrin, l’écrin de verdure et de promenades que constitue le vaste parc abrite une grande piscine.
Château Bouscaut – Catégorie « Services œnotouristiques »
Cette belle chartreuse du XVIIIe siècle entourée d’un vignoble de 47 hectares a effectué depuis 2010 une complète rénovation et réorganisation de ses chais et lieux d’accueil. A la location du domaine, proposée depuis de nombreuses années déjà, ont été ajoutées de nombreuses animations autour des vins et du vignoble : ateliers de cuisine, accord mets-vins et vins-fromage, assemblage de cépages, journées gourmandes, etc.
Château Haut Garrigue – Catégorie « Valorisation des pratiques environnementales »
Ce vignoble est conduit depuis plusieurs années selon une démarche écologique passionnée et ses vins sont certifiés AB. Dans ce lieu chargé d’histoire dont le bâtiment principal date du XVIIIe siècle, chaque visiteur est désormais sensibilisé aux bienfaits du développement durable et de la biodynamie au travers d’une large gamme de prestations : visite des chais et dégustation, parcours de randonnée autoguidée, fabrication de son propre vin, hébergement.
Fieuzal, le bilan.
« Ça y est, tout est dans les cuves. Nous avons terminé notre vendange le samedi 20 octobre. Merci à tous ceux qui ont permis, encore une fois, que tout se déroule à merveille. Les cuves finissent de fermenter et nous dégustons tous les jours afin de décider la date des écoulages. Il est crucial d’évaluer au plus juste les temps de macération pour chaque cépage en fonction des qualités de chacun, mais aussi des objectifs qualitatifs que l’on se fixe. Equilibre, élégance, structure, c’est maintenant que cela se décide. En effet, le contact des peaux avec le vin après la fermentation permet encore un échange naturel de tanins qui vont principalement structurer nos vins, mais aussi stabiliser les couleurs. Après une vingtaine de jours pour les premières cuves remplies, il y a une homogénéité remarquable. Entre les fins et les soyeux, les massifs et les robustes, il y a cette année une expression du terroir de Fieuzal dont je n’avais pas encore pris conscience. Quand je vous dis que l’on ne sait jamais rien dans ce métier. Non je ne les oublie pas : les blancs sont tranquillement en barrique et ils s’affinent. Les sauvignons sont toujours aussi « crispy » et ils deviennent élégants grâce à un élevage sur lies qui dure depuis maintenant trois semaines. Les sémillons sont riches et n’attendent qu’une chose, s’assembler. »
Stephen Carrier, directeur.
Le Miss Glou Glou de la rentrée aura-t-il le Goncourt ?
J’ai lu le livre de Miss Glou Glou (son pseudo pour ce bouquin est Ophélie Neiman) et je vais en faire une critique positive.
Pourquoi ?
D’abord, parce que c’est mon Glou et que donc, bon.
Ensuite, parce qu’elle vient de se marier avec un grand garçon à épaules et que vous pouvez me traiter de lâche tant que vous voulez, je voudrais vous y voir.
Enfin, parce qu’un petit livre sur le vin qui m’apprend des trucs au lieu de me tirer des soupirs d’exaspération est une bonne chance.
Enfin (bis), parce qu’on se marre en le lisant et on bénit le ciel d’avoir un jour croisé un Glou.
Ce qui m’est arrivé.
Cette fille fait un boulot magnifique avec son blog, elle démystifie le vin et son monde. Qui n’a pas vu son interview de Pierre Lurton a raté sa vie, mais bon, YouTube est là pour une deuxième chance. Elle s’adresse aux ménagères et aux ménagers de moins de cinquante ans et la pilule tombe pile…lire la suite
Les zinzins du vignoble (3/3)
Que font les assureurs de leurs vignes ? Ils les cultivent en bon père de famille. Ou plutôt en confie la direction à des hommes de l’art. « J’entretiens des rapports d’entrepreneur à entrepreneur avec mon actionnaire parisien, qui reste étroitement associé à la gestion du domaine. Je les tiens informés 24 heures sur 24. Cantemerle propose, expose et explique et Paris valide » résume Philippe Dambrine, qui gère les domaines bordelais de SMABTP. Éric Monneret va plus loin : « travailler pour un assureur revient à bénéficier d’un parachute ventral en cas de catastrophe majeure ou d’aléa climatique. En pareil cas, cela évite de devoir négocier avec un banquier qui vous prendra à la gorge ».
Pas question cependant pour ces actionnaires de jouer les mécènes. Le mandat de leurs délégués sur place est limpide : faire des vins qui se vendent et se vendent bien afin de valoriser l’image de leur maison-mère. D’où le virage pris par les uns et les autres vers l’agriculture raisonnée, et notamment à Château Piola (Allianz). Tous partagent la même conviction que ce régisseur : « on ne sera pas crédible si l’on est obligé de baisser nos prix de vente ». Autre tournant suivant l’évolution de la demande, la création de seconds vins à l’instar de ce que font la plupart des propriétés.
Ce qui n’exclut pas la rationalisation et la mutualisation des moyens pour réduire les coûts. Désormais à la tête de plusieurs domaines sur des terroirs réduits, les vignerons-assureurs assignent à chaque propriété un rôle précis : réception et opération de communication pour l’une, stockage et entreposage du matériel pour l’autre, etc. Mais chaque vin reste vinifié dans son chai d’origine. Autre piste dans l’air du temps, le regroupement des forces de vente, et notamment des stands communs entre des vignobles européens sur divers salons. Quant à d’éventuelles acquisitions, tous se refusent à y aller tête baissée, même pour agrandir leur domaine et saisir de belles parcelles à un prix laminé par la crise financière.
(« Zinzin » est le mot qui désigne les investisseurs institutionnels)