La verticale de Château Haut-Marbuzet de 2012 à 1978

“Je n’ai jamais recherché à ce que le Haut-Marbuzet soit le meilleur vin du Médoc mais à ce qu’il devienne le préféré”, s’exclame avec empressement Henri Duboscq. Ce séducteur né, voluptueux jusque dans l’arrondi de ses mots, jongle avec ceux-ci comme le faisait Charles Maurice de Talleyrand également propriétaire à Saint-Estèphe. L’ombre du diable boiteux flotte sur les chais, et entre deux solos de pipette, Henri Duboscq joue le grand air du Congrès de Vienne, puis change de partition en évoquant le duo Talleyrand-Napoléon. Il passe alors les barriques en revue, les caresse jusqu’à la bonde tout en rendant hommage à son père Hervé qui acheta la propriété en 1952.
Travail et passion guident les Duboscq de père en fils, et aujourd’hui leur cru est plébiscité par 20000 clients particuliers, et tous les palais de la République. “Lorsqu’il est jeune, Haut-Marbuzet se comporte comme moi” lance Henri Duboscq, “Il se montre volubile et caressant, et quand il prend de l’âge, il évolue de façon classique. Un vin n’a de génie que celui de son terroir. Lors de sa jeunesse, le charme d’un cru vient de son vinificateur. Dans les années 1980, l’austérité et la virilité des Saint-Estèphe convenaient mal à ma personnalité, puisque je suis gascon, volubile, exubérant et caressant. Au début pour faire un cru qui me ressemblait j’ai dû me battre, becs et ongles contre mon terroir, pour faire un vin jeune qui retienne l’austérité. J’ai alors employé des barriques aux tanins suaves et doux.Soyez tranquilles, ces influences ne sont que passagères car le terroir reprend toujours le dessus. Le temps se charge de calmer toutes les virilités excessives.

Si Haut-Marbuzet est marginal jeune, plus tard il se retrouve génial, comme tous les Saint-Estèphe. Pour moi un vin doit être porteur de volupté, il faut qu’il soit dès sa jeunesse source de jouissance. On se laisse alors porter par un tapissage de bouche fantastique, avec un retour de gorge impressionnant. Le vin rentre alors en bouche et y grandit bien, prodiguant des caresses qui provoquent des réflexes de mastication”.
Ce cru qui utilise le merlot entre 35 et 45 % selon les millésimes se situe sur les meilleurs coteaux de Saint-Estèphe, il dispose d’une onctuosité unique sur l’appellation. L’entonnage des vins chauds en barrique neuve confère dans un premier temps des arômes de grillé qui se fondent avec les tanins du vin.
Les années moyennes sont toujours très réussies et 2007 et 2012 sont graciles comme des jupons de dentelle. Ce cru évolue parfaitement et l’on prendra encore beaucoup de plaisir sur les trois glorieuses que sont les 1988, 1989, et 1990, en attendant les magnifiques 2010, 2009 et 2008. Les 1982,1981,1979,1978 surprennent par leur jeunesse et 1975 est encore en pleine forme, sa fraîcheur menthée et sa chair encore ferme sont dignes d’éloges. Voilà un vin qui parle aussi bien à l’initié qu’au profane, et sous la voûte étoilée des grands du bordelais, il pourrait prétendre figurer dans d’autres classements. L’étoile flamboyante de Haut-Marbuzet a longtemps été jalousée, aujourd’hui elle appartient au classicisme médocain. Le cru est l’un des plus réguliers du Bordelais.


2012

16/20

Tanin gourmand, fruit expressif, texture charnue avec une longue finale tonique.


2011

15,5/20

Registre élégant avec des rondeurs bien tenues.


2010

18/20

Nez de myrtille, mûre, cerise, bigareau, toucher de tanins fondant et soyeux avec un rayonnement exceptionnel, les tanins débordent de sensualité. Entre baroque et classicisme, ce vin arbore une texture de taffetas.


2009

18/20

Une longueur superlative, torréfié, floral, caressant, tanins bien corsetés, avec cette fin épicée, vin qui vous prend et ne vous lâche plus avec un vrai retour de gorge.


2008

16,5/20

Vin sensuel, onctueux, avec des rondeurs pleines de charmes et un fruit superbement mis en valeur pour le millésime, et une trame qui s’étire parfaitement en fin de bouche, beaucoup de raffinement !


2007

16/20

Le volume de bouche est superbe pour ce millésime , les tanins juteux et enrobés sont charmeurs, ils se terminent sur des notes épicées et torréfiées.


2006

17/20

La texture soyeuse et les tanins bien corsetés révèlent la sensualité propre à ce cru qui dans sa jeunesse joue les séducteurs, on peut déjà le boire sur un sauté de bœuf.


2005

17,5/20

Ce vin est en train de se refermer et il bascule vers le classicisme de Saint-Estèphe avec ses accents épicés et sa trame un peu ressérée, vin tout en devenir.


2004

16,5/20

Définition aromatique du vin au nez fougueuse, sa fraîcheur et son fruit sont de bon aloi, la texture veloutée à souhait fait oublier les aspérités de nombreux autres crus du secteur !


2003

16,5/20

Nez iodé avec des fruits compotés, et profond, la bouche offre un beau volume avec une chair sensuelle et un tanin enrobé juste ce qu’il faut. Très bien sur un oeuf au foie gras et pain d’épices. S’adapte parfaitement en gastronomie.


2002

15,5/20

Vin qui fait jeune avec des tanins frais et fougueux sur les fruits rouges et encore une belle allonge.


2001

17,5/20

Flaveurs torréfiées, il y a de l’énergie en bouche, et une belle profondeur. Domine largement le 2000.


2000

17/20

Suavité et longueur en bouche, on est plus en rondeurs qu’en longueur, c’est un vin déjà aimable qui n’a pas la profondeur du 2001.


1999

16,5/20

Vin qui bascule vers les bons côtés classiques de Saint-Estèphe, avec de l’ampleur, des épices et surtout de l’élégance, encore une fois, c’est l’un des meilleurs vins du millésime.


1995

16/20

Après dix ans de fermeture, voici un millésime qui s’ouvre et le fruit dit au tanin, « je ne veux pas que tu me domines », c’est subtil, tout en finesse et en longueur avec une belle fin épicée.


1994

15/20

Du fond et des tanins encore enrobés.


1993

14/20

On a ce qu’il faut de matière avec des flaveurs à la croisée des chemins entre fruits rouges, poivre et sous bois.


1991

14/20

Tanins fondus et raffinés avec de la longueur et du charme. A boire.


1990

17/20

Très St Estèphe avec un tanin profond et épicé, torréfié, avec à la fois un côté soyeux, prend de l’ampleur dans le verre en prenant des accents de tabac et d’épices.


1989

17/20

On a encore une belle harmonie entre l’allonge tannique bien fondue et la texture à la fois suave en attaque et tendue derrière.


1988

16,5/20

C’est classique avec un tanin sérieux et des accents sensuels, c’est l’une des réussites du milléssime car il y a encore une chair pleine de charmes.


1987

14/20

Nez de champignon de Paris, puis les fruits rouges arrivent, attaque fraîche et subtile, un creux en milieu de bouche puis le vin revient, au fil de l’ouverture la bouche devient plus cohérente, c’est un vin de blanc de volaille.


1986

17/20

Ce millésime est sorti en deuxième position de notre dégustation des meilleurs Saint-Estèphe, avec de l’intensité, un tanin ferme et épicé dans un style raffiné. Les grincheux du tanin qui prédisaient à l’époque un petit avenir à ce vin feraient bien de s’y replonger.


1985

16/20

Ce millésime a toujours eu beaucoup de charme, avec sa suavité et ses rondeurs souples et avenantes, il n’a pas la profondeur du 1986.


1983

15,5/20

Encore bien en tanin, ce vin commence à truffer et son toucher de tanin soyeux se prolonge de belle façon.


1981

16/20

Nez de cuir, de poivre noir, attaque en suavité avec un tanin droit et frais, belle surprise pour ce millésime de cabernet.


1979

15/20

Millésime de merlot, nez de truffe, il y a une attaque suave et ronde, tanins sont bien lissés, et le vin a du fond.


1978

17/20

Le fondu de tanins offre soyeux et épices avec une persistance truffée du meilleur effet et ce vin peut comme sur tous les millésimes se frotter aux meilleurs.


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